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26/10/2014

A-t-on encore le droit à un physique de radio ?

telefunkenPM.jpgLong décryptage média dans le Monde, avant-hier. Sujet : l'avenir de la radio. Et il semblerait que ce dernier passe par... la vidéo. Un non sens historique déjà dénoncé avec force dans une chanson politique des Buggles, "vidéo killed the radio star". Malgré l'autorité scientifique du groupe, nous nous enfonçons dans l'hérésie...

Heureusement pour nous et comme toujours dans l'histoire des médias, ceux-ci se superposent les uns sur les autres, sans se tuer. On va encore beaucoup au cinéma après l'invention de la télévision. On lit encore de la presse et des livres après l'invention d'Internet. Chacun s'adapte et crée des formats uniques, pour que l'on continue à y trouver une originalité. La presse écrite avec décryptage, analyse, recul, bref celle qui ne singe pas le flux continu d'Internet, continue de se vendre. Cette évidence est actuellement mise à mal avec la radio qui, sans qu'on lui ait rien demandé, singe Internet et la télé. La vidéo devient de plus en plus prégnante jusqu'au ridicule. Ridicule parce que des plans fixe sur un studio a un intérêt discret.

La raison pour laquelle la radio mue aujourd'hui est que les jeunes ne l'écoutent plus assez. Si les matinales des quatre grandes généralistes (Info, Inter, Europe 1, RTL) rassemble encore plus de 25 millions de personnes et donnent donc le La de l'info à venir pour la journée, il n'y a pas assez de jeunes qui écoutent. Ils regardent la télé les saloupiots. Et comment on les récupère ? En mettant des images sur la radio puisqu'ils veulent des images. CQFD... 

C'est navrant au-delà de tout, cette propension à détester la fiction. A haïr l'imaginaire, à vouloir tout formater. On sait que la parole politique à la radio diffère de celle à la télé. Sans caméras braqués, avec un peu plus de temps, on peut plus se lâcher. Pour entendre des choses originales, il faut écouter la Matinale de Culture où les mêmes responsables parlent de façon beaucoup moins corseté qu'ailleurs. Regardez les rediffusions d'Europe ou d'RTL et vous verrez le raidissement en marche. Les tics, les éléments de langage, les tenues apprêtées.

Une vanne un peu stupide circulait parmi les rédacs de journalistes "tu as un physique de radio" par opposition à un physique de télé. Au-delà de la boutade, la radio offre le droit à l'indifférence sur l'apparence, le droit de ne pas être conforme à des canons toujours un peu enfermant. Jean-Claude Ameisen n'aurait pas fait carrière à la télé, même Taddeï est bien plus fascinant en radio ("le tête à tête" son émission sur France Culture malheureusement déprogrammée) qu'à la télé. Plus libre, plus inventif. C'est une telle évidence que je ne conçois pas que d'imbéciles patrons de radio aillent à l'encontre. Le sémillant Mathieu Gallet nouveau patron de Radio France n'a pas "vendu" autre chose lors de son grand oral : digitalisation avec vidéos à outrance pour les revendre. La radio qui vend son âme en images... Ils sont vraiment devenus fous, mais cons surtout. Espérons qu'ils réécouteront les Buggles et reviendront sur ce contre-sens historique.