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21/05/2022

Le pompier pyromane du progrès

A la minute où son nom est tombé, les premiers Tweets racistes ont attaqué Pap Ndiaye. Toute la fachosphère de Zemmour est tombé sur l'universitaire qui nie le terme de "racisme anti blanc" entreprend des études décoloniales et ainsi de suite. Macron doit jubiler. Jusqu'aux législatives, ça va occuper les fachos et la NUPES ne va pas accabler un homme couvert d'injures, évidemment. 

Mais la libération de ces insultes, c'est le bilan de Macron Emmanuel. D'un quinquennat complet où il a laissé malgré les monceaux de critiques, Jean-Michel Blanquer à l'éducation nationale. Un homme pathologiquement haineux des études de genre qui a cogné comme un sourd pendant cinq ans sur l'écriture inclusive et les chimériques "wokes" et introuvables "islamo gauchistes". Termes qui sont les mêmes, exactement les mêmes, à l'identique, que la galaxie Zemmour. Le colloque de la honte à la Sorbonne avec Mathieu Bock Coté, Polony, Sonia Mabrouk et Xavier Gorce, on avait encore Jean-Michel Blanquer....

Cet homme a passé plus de temps à cogner sur les supposées atteintes à la laïcité qu'à gérer la pandémie, qu'à négocier les salaires et des postes. Résultat, cinq ans de cette boucherie sociale donne moins d'admissibles au CAPES de maths, de lettres et autres que de postes. La honte. Et ça va être long, à réparer. 

De deux choses l'une, soit Pap Ndiaye va repartir à 180° à l'inverse de ce qu'à fait Blanquer et bénéficie d'une rallonge budgétaire inédite et on se demandera pourquoi avoir laissé Blanquer pendant 5 ans. Soit, plus probable, il apaisera l'image et le climat rue de Grenelle sans avoir tellement plus que son prédécesseur. Si c'est cela, ça confirmera que l'on ne change pas un pays avec des symboles, fussent-ils jolis. 

14/05/2022

Haine de soi fiscale

France Inter, service public, financée à la marge par la pub et quelques événements internes et pour une écrasante majorité, par une contribution publique. Sujet de la chronique "les pubs promettant de payer moins d'impôts". Je me réjouissais. Enfin, on allait dénoncer l'insanité de ces pubs ciblées de partout parlant d'investissements indécents dans des passoires thermiques dans des quartiers inconnus de ceux qui achètent, où ils n'iront jamais, n'auront aucune idée de ce qu'ils font, mais retireront un bonus fiscal et revendront sans y avoir jamais les pieds. Et non, le journaliste du Parisien qui faisait la chronique de séparer les annonces sérieuses proposant du Pinel, de celles de margoulins. Mais pas un mot sur l'idéologie derrière ces baisses d'impôts.

Toutes les niches fiscales ne se valent pas. Les dons aux associations, les crédits pour la garde d'enfants ou de personnes âgées ou les réductions pour des investissements écologiques construisent un projet commun. On peut comprendre et encourager ces réductions, reste à se mettre d'accord sur le barème. Mais les dispositifs immobiliers achetés systématiquement par celles et ceux qui gagnent déjà très bien leur vie et veulent baisser leurs impôts sur le revenu, à quoi servent-ils ? On ne manque pas de logements, en France. Au contraire. On n'a jamais eu autant de logements vides. On manque de courage contre la spéculation et la vacance et seule une fiscalité lourde pourrait le changer. Les dispositifs types Sellier, c'est un dispositif d'Ancien Régime, c'est encourager ceux qui gagnent bien leur vie à ne pas redistribuer à la collectivité, mais à se confectionner un pécule.

L'impôt sur le revenu n'est vraiment pas la première ressource de l'état, mais c'est l'impôt le plus juste (sauf pour les hyper riches). Bernard Arnault comme moi ou un allocataire du RSA payons la même TVA sur un achat de supermarché, mais pas les mêmes impôts. Celui au RSA n'en paye pas et c'est heureux, j'ai la chance d'en payer beaucoup et je sais pourquoi et Arnault en paye moins que moins, proportionnellement, et c'est ça notre problème commun. Le fait que les ultra riches fraudent plusieurs dizaines de milliards par an. Plutôt que de se concentrer sur eux, on a dit à ceux qui gagnent entre 3 000 et 6 000 euros par mois, ceux qui devraient participer le plus à l'enrichissement des communs : "soyez malins, faites comme Bernard, ne payez pas d'impôt !".

Cette haine de soi fiscale découle d'un manque de pédagogie. Plutôt que de vanter des baisses, on devrait rappeler à quoi cela sert, la redistribution, en commençant par la gratuité de l'hôpital. Les jeunes parents voient bien qu'ils passent 4 jours avec un grand nombre d'actes, de soins, de personnels à leur service pour une dépense de zéro euro. Ils ne sont pas là par miracle. Les baisses d'impôts, c'est moins de lit, moins de personnel. Et ainsi de suite jusqu'à l'autre bout du spectre de la vie avec de l'aide pour le maintien à domicile avec des soignant.es où en EHPAD (public, pas ORPEA, hein) en passant par l'école, l'université et tant de services publics jadis puissants en France, le patrimoine de ceux qui n'ont pas de patrimoine. C'est plus qu'évident pour qui y réfléchit deux secondes, mais quand on fait face à une propagande de haine fiscale allant des grands médias jusqu'aux pubs ciblées arrivant sur votre smartphone, ça devient David contre Goliath, ce combat... Espérons qu'on retrouvera la fronde (et pas la fraude) pour les 12 et 19 juin. 

 

05/05/2022

Alliance contre nature toi-même

Comme le faisait remarquer très tôt Johan Faerber, l'union des gauches a le mérite de révéler un secret de Polichinelle : les éditorialistes et matinaliers sont, dans leur écrasante majorité, de droite. Les commentateurs de l'autoprocalmé "Cercle de la Raison" rivalisent d'audace pour tenter de décrédibiliser le camp du partage.

Hier sur France 5, tout en finesse, le C dans l’air était intitulé sobrement  « le hold up de Melenchon ». L’abominable bande récurrente (Teinturier, Cayrol, etc…) avait littéralement la bave aux lèvres et pas de mots assez durs pour dénoncer cette alliance contre nature. Continuez les mecs, si vos ennemis sont dans cet état-là c’est que vous êtes sur la bonne voie. Leur colère peut donc être, tactiquement, payante. Les grands médias se sont tellement décrédibilisés, sont tellement vus comme serviles, que leur opposition à un projet donne furieusement envie d'y adhérer. 

Il n'empêche. En écoutant en boucle leurs commentaires sur les alliances contre nature, à les voir épouiller les programmes et les candidat.es aux législatives, on aimerait qu'ils eussent 1/100è de ce professionnalisme il y a 5 ans, lors de la constitution de LREM. Car enfin, "le camp du rassemblement pour le progrès" accueillait en son sein d'anciens socialistes, d'anciens écologistes, et d'anciens membre de LR, fièrement attaché à la Manif pour Tous. Pardon, mais en termes de dissensions ou de problème avec des valeurs, il me semble plus que problématique d'avoir comme poids lourd de son mouvement (cinq ans ministre, au budget puis à l'intérieur) un homme qui, élu maire, proclamait qu'il "refuserait de marier deux hommes ou deux femmes". Darmanin a un passif homophobe très lourd, depuis ses années auprès de Vanneste. Et je prends le plus visible mais des dissensions dans le gouvernement, il y en a eu pléthore depuis le début. Ceux qui étaient contre la suppression des APL, contre la suppression des contrats aidés, mais qui se sont tûs, la fameuse "aile gauche de la macronie" déclassée par le WWF au rang des espèces en danger et désormais rangée dans la case des mythes auprès du Yéti et du Dahu. Et des députés qui frappent leur conjointe (Simian) quasi à mort, des députés sexistes, misogynes à foison, des climatosceptiques, des anti PMA (Agnès Thil) des anti masques (Wormser) ; pardon, mais LREM qui donne des leçons de cohérence programmatique, c'est la charité qui se fout de l'hôpital.

Bien sûr qu'il y a des divergences dans une alliance, mais il y a une boussole. Dans la macronie, c'est le ruissellement. Cette théorie pour gugusses qui permet aux ultra riches d'avoir bonne conscience (pour les Démocrates) ou juste d'assumer de devenir encore plus riches (pour les Républicains). Dans le bloc nationaliste, la boussole c'est la haine de l'autre. On ne sait pas ce qu'on veut, mais on ne veut pas de noirs et d'arabes. Dans le bloc de gauche, la boussole, c'est le partage. Des ressources, des richesses, du temps de travail, des responsabilités. Ça me paraît une base plus solide que les deux autres.