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02/01/2021

Élargir le champ de vision du COVID

Pour commenter le couvre-feu à 18h, ce matin, un spécialiste des maladies infectieuses du Grand Est dit ceci "pour nous c'est un minimum et un peu tard. Je regrette pas les décisions, mais leur date d'entrée en application et peut être faudrait-il faire plus". Près de dix mois après le premier confinement, près de 300 jours que nous sommes suspendus à un virus, les tensions sur un éventuel pire - des fermetures d'écoles ?- sont toujours là. C'est désespérant.

Le camp de celles et ceux qui approuvent les restrictions est toujours aussi fort : les confinements, couvre feu et autres fermetures ne sont pas si impopulaires. Au-delà des quelques millions de nouvelles personnes qui ont déjà basculé dans la pauvreté voire l'extrême pauvreté, celles et ceux qui effleurent la folie, la violence, le désespoir, nombre de braves personnes trouve que "c'est un peu exagéré, surtout que nous sommes raisonnables, mais tant que les jeunes feront les andouilles faudra bien fermer". C'est ignoble.

S'opposer à ces mesures de privations de libertés, ça n'est évidemment pas être contre la science (ce qu'on dégaine tout de suite) encore moins être "eugéniste" (ce qu'on m'a avancé récemment). La science observe comment se répand le virus, comment il contamine, survit, comment il attaque l'organisme, et comment le combattre. Voilà ce que fait la science. A l'aune de ces observations, elle donne des conseils. La preuve que nous ne suivons pas la science, c'est qu'elle dit bien que le masque en extérieur ne sert absolument à rien sauf rassemblement monstre et pourtant, il est obligatoire partout y compris dans des forêts désertes... La science nous incite à la prudence extrême à l'intérieur, avec des masques, voilà ce qu'elle dit. Quand on mange, boit, transpire en faisant du sport, on enlève son masque, donc les risques sont accrus : plus l'espace est restreint et non aéré, plus on prend des risques. Le fait divers tragique belge d'un homme venu en EHPAD déguisé en Père Noël sans se voir positif au Covid et ayant contaminé 85 personnes et tué 26 résidents rappelle l'extrême contagiosité du virus et sa létalité sur les plus fragiles. Personne n'a dit l'inverse.

Être contre la science, c'est refuser la chimiothérapie pour affronter un cancer et préférer la méditation, des pousses de bambou et un abonnement premium à une chaîne de gourou. C'est penser que la variole, la rougeole et autres ont disparu comme par enchantement. Ça n'est pas le cas de celles et ceux qui demandent à vivre, mais veulent juste qu'on regarde les dégâts du COVID en élargissant la focale.

300 jours que nous vivons sous l'emprise du COVID et nous regardons toujours les mêmes choses : nombre de personnes contaminées, admissions à l'hôpital, réanimations, décès. Que ça. C'est uniquement à l'aune de cette boussole qu'on ouvre, ferme, entrouvre, dans un ballet qui n'est pas sans rappeler les entrées et sorties d'un chat domestique... La seule chose qui semble pouvoir arrêter cela, c'est le vaccin. Macron lui même balaye cette question d'un revers de main, "encore jusqu'au printemps". 

En mars dernier, tout le monde était trop sidéré pour voir autre chose, on observait le compteur macabre s'affoler et nous étions tous des Roger Gicquel, la France avait peur. Depuis, nous sommes décillés et il est permis d'élargir la focale pour voir les drames causés par ce virus : 1 million de chômeurs en plus, 2 millions de nouveaux pauvres, 100 000 SDF en plus, le nombre de bénéficiaires des banques alimentaires a doublé, 8 à 10 000 morts du cancer supplémentaires chaque année pendant au moins cinq ans, faute de prévention...

On sait déjà tout cela, sans compter tout ce qu'on ne sait pas : 100% des psys publics (les articles sur des thérapeutes privés à 100 balles la consultation ne voyant pas d'afflux particulier est pour le moins croquignolet) parlent de "bombe inédite, de vague déferlante" et autres images laissant imaginer le désastre. Et l'économie ? Quand on retirera le respirateur artificiel des PGE et du chômage partiel, combien de faillites ? En 2020, on dénombre 25 à 30% de fermetures d'entreprises en moins à cause de cet artifice comptable. Ça laisse imaginer le désastre pour 2021... Quand chaque soir et chaque matin on entend "les indicateurs se dégradent" on ne parle que des courbes épidémiques qui, effectivement, ont tendance à s'aggraver en ce moment. Mais quid de toutes les autres que je mentionnais avant ? Car leur évolution est autrement exponentielle et bien plus dramatique pour l'avenir du pays. Refuser de voir cela, ça n'est plus de l'obstination, ça confine à la mauvaise foi caractérisée.