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01/03/2021

Le Pen gagnante potentielle, c'est eux

Ne lisant plus Libé depuis plus de dix ans, j'ai appris l'existence de la Une de ce week-end par un article compilant les réactions sur Twitter, dominées par les cris d'orfraie. Libé à donné la parole à nombre d'électeur.ices de gauche qui disent qu'ils ne feront pas barrage en cas de duel annoncé, l'an prochain. C'est tout. Ça n'est ni une justification de l'abstention, ni même un appel au vote Le Pen. Simplement, une salutaire crise de conscience de la part d'une rédaction qui, il y a 4 ans, titrait "faites ce que vous voulez mais votez Macron". 

Quelques député.es LREM ne s'y sont pas trompés disant en substance "avant de s'énerver, constatons que c'est la réalité de l'opinion". Merci à ielles. Hélas, nombre de "ténors" du mouvement, de Castaner à Loiseau en passant par Rugy ressortent le couplet du "barrage au nom de la République". Les mêmes éléments de langage, copiés-collés, qu'en 2002, dans un contexte aussi ressemblant à l'actuel que Ryan Gosling est le sosie de Gérard Larcher. Pire, interrogée sur la question, Élisabeth Borne a dégainé le joker "je suis une femme de gauche, la justice sociale et l'égalité des chances sont les combats de ma vie et c'est en Emmanuel Macron que j'ai trouvé leur meilleur défenseur". Comme j'ai pu lire quelque part, tu as mal cherché Élisabeth... 

A un an de la présidentielle, on ne peut plus se cacher derrière des postures, ou prendre appui sur le fait que nombre de membres de la macronie sont techniquement issus de la gauche, car ex PS (Castaner, Attal, Séjourné, Borne, Griveaux, Le Drian, Dussopt, Cédric O) ou EELV (Pompili, Rugy, Canfin...). Les faits sont têtus. Alors qu'une crise sociale sans précédent s'abat sur le pays, que les inégalités liées au Covid explosent comme jamais et que nous sommes champions des milliardaires, ce gouvernement fait des choix d'ultra droite.

Ne pas relancer l'ISF, refuser toutes les taxes sur des fortunes qui ont déjà explosé, ne pas dire un mot des révélations de Open Lux sur la fraude massive au Luxembourg, c'est du Trump. Ne pas accepter de mettre en place un bouclier type RSA jeunes, y lisant "une culture de l'assistanat", c'est du Trump. Relancer une réforme de l'assurance chômage, décalque de celle rédigée avant le Covid, visant à renforcer la responsabilité des chercheurs d'emplois à leur infortune, et donc à réduire leurs indemnités, leurs droits, c'est du Trump. Cette réforme, et c'est assez rare pour être souligné, est contestée par toutes les organisations syndicales. Toutes. La violence de ce texte, c'est de l'ultra droite, comme l'est la politique sécuritaire de ce gouvernement, sa loi séparatisme saluée par Eric Zemmour ou sa loi sécurité globale, vilipendée par toutes les ONG défendant la liberté d'expression.... 

Libé est dans son rôle de vigie. Pour ma part, si nous avons le même casting, je titrerai "faites ce que vous voulez". Que des gens vote Macron pour éviter un gouvernement le Pen avec Bardella, Nicolas Bay, Robert Ménard, Emmanuelle Ménard et autres, je peux comprendre. Je comprends, mais encore une fois, c'est le bilan de ce gouvernement et uniquement le bilan qui explique que le réflexe de l'abstention soit aussi haut. Le Pen ne monte pas seule. En 2017, elle a fait 33%. 33. Après un débat d'entre deux tours confondant de nullité. Sa spectaculaire remontada à 48% putatifs n'est pas liée à un gros travail de fond, mais à un incroyable déroulage de tapis rouge d'un exécutif qui ne fait que s'embourber sur son terrain à elle. Marine le Pen a fait largement jeu égal avec Darmanin à parler islam et immigration. Quelle débatteuse aurait-elle fait à discuter transformation énergétique, agricole, de transports ou de logements dans le cadre du dérèglement climatique ? Probablement bien piètre. Le gouvernement ne l'entraîne pas là dessus, pour essayer de maquiller la note reçue hier par l'impartiale Convention Citoyenne pour le climat, 3/10. Politiquement, on choisit son champ de bataille. La macronie a choisi le champ du déshonneur identitaire. Il n'y a aucune honte à les abandonner là bas...