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01/12/2021

Overton, Overton !

Pour mémoire, La fenêtre d'Overton, aussi connue comme la fenêtre de discours, est une allégorie qui désigne l'ensemble des idées, opinions ou pratiques considérées comme acceptables dans l'opinion publique d'une société et c'est peu dire qu'elle a connu une folle extension sur sa droite, pendant ce quinquennat.

Je pensais à cela, hier soir, alors qu'un ami très cher me tançait sur le fait de banaliser un vote blanc en cas d'hypothétique second tour Macron/Le Pen. Pour ce juif plein de mémoire, l'extrême-droite française n'est pas l'italienne. Marine le Pen n'est pas un pitre vociférant comme Salvini ou Trump. Elle est plutôt tenante d'une conception rabougrie de la République, avec des visées vraiment violentes comme peut l'être Orban. Et au nom de cela, le vote blanc la rapprochera toujours de l'Elysée où elle ferait pire que Macron, bien pire.

Je le sais, et pourtant, malgré toute mon amitié pour cet homme, malgré toute ma mémoire de ce que l'extrême droite a fait en France, des camelots, des ligues, des factieux qui n'attendent que quelqu'un pour lâcher la bride, je n'arrive plus à redouter l'extrême-droite. En 2002, je pétochais comme pas possible à l'arrivée de Le Pen père. En 2017, la peur, déjà, s'était estompée. Mais j'avais débattu avec des abstentionnistes volontaires du second tour en leur disant que je les comprenais, mais que voter Macron aurait un avantage indéniable, c'était qu'il pourrait manifester leur désapprobation à l'égard du pouvoir. Ça n'est même plus vrai. Les manifestations sociales ont été plus réprimées sous ce quinquennat que dans aucune démocratie européenne. Les seuls pays qui mutilent, éborgent et tuent parfois, sont la Hongrie justement ou la Turquie. Alors, contrairement à ces pays il est vrai qu'on peut encore dire ce que l'on veut, écrire ce que l'on veut sur les réseaux sociaux. La censure est plus que faible, c'est vrai, mais peut-on dire que ça suffit ? 

Non, ça ne suffit pas. Ne pas être le mal ne suffit plus. Hier, Macron faisait entrer Joséphine Baker au Panthéon et nombre de commentateurs de broder sur "la célébration de l'identité plurielle de la France, à rebours de Zemmour". Mais de qui se moque-t-on ? Certes, Macron n'est pas Zemmour, certes. Mais Macron 2022 est beaucoup, mais alors beaucoup plus à droite que Wauquiez en 2017, par exemple. A force de coups de boutoir sans cesse plus à droite, il a fini par réveiller les monstres les plus bruns que l'on croyait disparu. C'est sous ce quinquennat qu'on a traité les syndicats comme des "forcenés" qu'on a mis en doute leur légitimité ; c'est sous ce quinquennat que des ministres (Vidal, Blanquer, Darmanin) ont banalisé des termes naguère employés par les seules franges les plus infréquentables de l'extrême-droite comme "islamogauchisme" ou "wokisme" ; c'est sous ce quinquennat que la loi asile et immigration de Collomb ou la loi séparatisme de Darmanin a été voté par 100% des députés RN.... Alors, oui, il y a pire, il y a les tenants du Grand Remplacement. C'est vrai. Il y a toujours plus forcené. Mais parce qu'il a banalisé et adoubé des thèmes d'extrême-droite comme même Sarkozy période créature de Buisson n'aurait pas osé, je ne vois pas d'autre possibilité que de ne pas voter au second tour. Une épidémie de votes blancs en pareilles circonstances, c'est ça, la lucidité dirait Saramago.