04/07/2011
Les curieuses philippiques populistes à propos de la démondialisation...
En ce flag day, prenons quelques instants pour nous arrêter sur ce qui nous sépare encore du modèle américain, un reste de non-béatitude devant la mondialisation.
Je dis "modèle américain" et pas "peuple américain", car le peule exproprié de Nouvelle Orléans, le peuple réduit au chômage forcée pour cause de délocalisation à Detroit et Des Moines, ou le peuple agricole ruiné de la plupart des Etats du Midwest a une passion très modérée pour la mondialisation.
Voilà donc qu'arrive Montebourg dans notre primaire socialiste française avec une idée qui détone clairement de celle de ses petits camarades. "Mouais, posture, poseur, frime en toc" me disais-je. Mais à voir l'acharnement avec lequel il était attaché et surtout le fait qu'Alain Minc le traite de "connard" je me dis que son ouvrage ne pouvait que contenir quelques vérités. Allez, 2 euros, c'est populaire, à la portée de la bourse; ironique quand on sait que le livre les condamne justement, ces bourses.
Ca commence mal, un mensonge : "préface" d'Emmanuel Todd annoncé en gros sur la couverture. En réalité, 20 lignes d'imprimatur poli, m'enfin rien de bien sérieux. Le scepticisme me guettait. O heureuse surprise, la suite du livre est une brillante imprécation contre la mondialisation débilisante et un plaidoyer assez séduisant pour la démondialisation ! Le terme lui même est à l'évidence mal choisi : "alter" est à l'évidence plus tentant. Altercroissance plus bandant que décroissant. Passons car la réalité est proche des alters mais les chroniqueurs ne veulent pas le relever.
Là où Montebourg (et ses conseillers, soyons sérieux) est finaud, c'est lorsqu'il démonte le "modèle" Allemand, rappellant qu'il tire en partie ses avancées de la loi Hartz IV qui oblige les chômeurs a accepté des contrats aidés à temps plein pour 1,5 euros de l'heure, soit 9 euros par jour. L'entreprise jubile, l'Etat achète la paix sociale, les salariés trinquent. En 12 ans (1998-2010), le salaire des Français a augmenté de 18%, moyennant l'inflation, stagnation de conditions de vie, voire régression pour les urbains. Dans le même temps, le pouvoir d'achat des allemands a ... reculé de 1%. On a les "modèles" qu'on peut... Seconde pique bien sentie sur ce qui se passe en Chine.
Ce qu'il défend n'est pas défensif ou frileux comme le disent ces détracteurs, mais avant tout protecteur: évitez le "des chômeurs au nord, des esclaves au sud" en refondant le contrat de travail sur d'autres bases où tout le monde peut mieux s'y retrouver. Premièrement, avec le retour d'une fiscalité punitive pour les pollueurs où les maltraitants sociaux. Dès qu'on est dans l'incantatoire, du Grenelle à une opposition façon Moscovici, ça donne rien comme le prouve les récents échecs en termes de responsabilité sociale des enteprises, http://www.lemonde.fr/economie/article/2011/07/04/la-resp...
Montebourg et ses amis prônent au contraire l'imposition généralisée d'une tracabilité sociale des produits, d'une mesure généralisée de l'impact social des produits, de propositions inversant le balancier du dumping fiscal avec harmonisation progressive des salaires minimums européens. Le tout dans une logique de préservation sociale qui aura un apport écologique bien plus majeur que ce propose un Hulot en restaurant, de fait, les circuits court de production, de consommation. De fait, même si le titre ne le dit pas, nous serons de fait des alterconsommants en suivant ces principes. Personnellement, je vote pour ces idées. Après, le barnum étant personnifié, je reconnais que les rodomontades du baveux bressan ne me plaisent guère. Il a vraiment l'immense mérite de porter le débat.
Ce matin, dans l'édito de Dominique Seux ce matin, sur Inter les inégalités les inégalités au rapport. Sa porte d'entrée : le populisme et notamment celui de la démondialisation. Le populisme est portée par des inégalités inacceptables. Vrai. Sauf que le journaliste met sur le même plan le salaire indécent de Carlos Ghosn et les 60 jours de congés de certains fonctionnaires quand ceux du privé en ont 30. Tant de mauvaise foi et de raccourcis sont à gerber. Deuxième confusion immonde : la démondialisation serait la même chez le Pen et Montebourg....
Certes, le Pen convoque Gréau, Todd et Saphir mais sans leur demander leur avis et surtout sans dire qu'aucun de leurs écrits ne mentionnent la "préférence nationale", triste critique journalistique non lisante qui reproduit les seules philippiques des gouvernants pour toute analyse.
Demain, démondialisation, décroissance ou décalage horaire, à un moment donné, n'importe ou dans le monde, nous serons mardi. Et j'attends que Dominique Seux m'oppose quelque chose à ça....
16:49 | Lien permanent | Commentaires (0)
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