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11/06/2012

Cross the line

bourgin1.jpgAu moment où nos cousins québécois se battent, ce titre en anglais relève de l'injure linguistique. M'en excuse, mais parfois les associations vous viennent ainsi, à l'oreille. Walk the line, le biopic de Johnny Cash, hold the line la chanson des 80's triomphantes de Toto, "cross the line" serait un mix des deux. Des âmes damnées comme Cash vivant dans une insouciance très années 80 où les périls étaient relégués au second plan. Quand on ne veut pas voir le drame qui vient, on redemande une danse, un verre, un tour de manège. Il ne faut pas que ça s'arrête nous disent les joueurs du barnum. Même si les danseurs chancèlent déjà, que les buveurs ont dépassé la dose autorisée, ou que le manège a les rouages qui grincent et menace de se disloquer...

Comment expliquer la rapidité avec laquelle les membres de l'UMP emballent littéralement les thèses et les représentants du FN ? Est-ce par adhésion aux thèses frontistes ? Est-ce par déplacement des thèses UMP ? Sans doute un peu des deux, sans doute surtout par implosion littérale de la notion d'intérêt général et de conviction politique, qui ne font pas le poids face aux velléités particulières de ne pas voir la fête s'arrêter. 

Dans une armée comme l'UMP, le respect du commandement est la règle absolue. Or, en ayant montré le mauvais exemple, le général en chef Sarkozy a donné la consigne aux gradés: à droite toute, chargez ! Les dubitatifs n'ont pas voulu risquer le peloton d'exécution ou la désertion en pleine guerre. Du coup, les législatives ne sont pas simples pour les bleus bites: Juppé a déserté le champ de bataille, Fillon est planqué dans une circonscription très facile, quand à NKM elle subit la première rafale avant de tomber au champ d'honneur la semaine prochaine sans doute. A l'inverse, tous les zélateurs du FN sauvent leur peau et augmentent leur score en territoire délicat. Morano a lancé un appel sans ambiguïté, Luca et Estrosi ont réduit le score du FN local avec une campagne de contrefaçon. 

Pour le PS, l'aubaine conjoncturelle est évidente. Faut-il s'en réjouir ? Oui si on est candidat PS aux législatives, non si on se projette à moyen terme. L'américanisation de la vie politique française rend les électeurs plus "fans", moins vertébrés autour de valeurs et plus autour de camps. Comment ne pas faire l'addition des voix UMP et FN hier soir quand on est supporter de l'UMP ? Ainsi, il est aisé de refuser la défaite en se persuadant que l'on est pas loin. Ce d'autant plus qu'un certain nombre de hiérarques de l'UMP tiennent le même discours à leurs ouailles en demandant une trêve dans les leçons de morale de la gauche quand elle même s'allie avec Mélenchon. Un certains nombre de chiens de garde, avides de bipartisme tombent dans le piège grossier tendu par l'aigle meldois et reprochent aux élus PS leurs sympathies pour le front de gauche. Ils singent ainsi le célèbre et triste débat historique sur Hitler et Staline.

Le 17 juin, l'assemblée sera très majoritairement à gauche, donc. Si le redressement, productif, éducatif, sanitaire & socialiste promis n'a pas lieu, alors la marée de boue nous guette désormais. En effet, un sondage réalisé récemment demandait à l'électorat UMP ce qu'il souhaitait, en cas de triangulaire. Le "ni ni" "était très fort et ironie chiffrée de l'histoire, ceux qui décidaient représentaient des chiffres inversés 14% préféraient le PS et donc 41% le FN... Décidément, le ver a bouffé la pomme. Les digues ont lâché et ce que l'on prendra sur la gueule en cas d'échec n'aura rien à voir avec ce que l'on a subi de 2007 à 2012. Cette vision apocalyptique n'a pour l'heure rien d'une prédiction, évidemment. Camarades socialistes, le pare boue n'est pas l'objet le plus noble qui soit, mais soyez certains que les amis de la République vous sont reconnaissants de l'incarner.

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