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01/08/2012

Générosité bien ordonnée commence-t-elle par soi même ?

Générosité.jpgC'est une discussion qui m'a frappée, mais comme Rantanplan hurlant dix secondes après qu'on lui a marché sur la queue, je n'ai réalisé mon trouble que quelques heures après les échanges verbaux.

Lors d'un déjeuner délicieux de langueur, le stress enfin débranché, on devisait de tout et de rien, mais un peu de boulot quand même, puisque mes commensales étaient également mes employeurs occasionnelles. Elles travaillent comme salariées dans une très très très grosse association. Cela veut dire que leur quotidien est emprunt de valeurs pas à tout fait compatible avec une logique de fermeture. Je faisais dévier la discussion sur le don, ce dernier étant fort utile à leur association. J'en déduisais donc qu'elles donnaient. "Ha non, je ne saurais pas à qui donner" dit l'une. Etonnant, l'autre réponse était plus évidente "mon don, c'est mon travail". Mon réflexe Rantanplan est sans doute lié à l'action émolliente du vin rosé et au fait que lassé d'échanges trop vifs toute l'année, je ne vous pas me lancer dans une nouvelle querelle. Simplement, quand elles me demandèrent si moi je donnais, je leur fis une réponse assez évidente à mes yeux : "dans mon cas, entre mes cours, un livre à venir, d'autres passés et les amis ou relations dont j'accompagne les combats, si je ne donnais pas, je serai à peu près aussi crédible qu'un curé ne priant pas en privé". 

Je ne pense pas que mon cas soit très intéressant en la matière, mais bon, globalement, si les acteurs de ce secteur ne donnent pas, c'est à désespérer. De plus, n'étant pas particulièrement à plaindre, je n'ai aucune excuse pour ne pas donner. Dont acte. On trouve nombre d'études sur la générosité, soulignant que les entreprises s'implique, que le grand public français est très généreux mais que nos hypers riches sont proportionnellement, et de très loin, les plus radins au monde. On ne trouve pas, en revanche, d'étude sur la générosité du secteur associatif (si vous en connaissez écrire au Castor qui se le transmettra et sera ravi). Il y a de bonnes raisons à cela, il ne faut pas aller chercher une quelque angoisse des résultats, mais plutôt une trop grande difficultés. Le secteur associatif est trop hétérogène, plus d'1,2 million d'assoc, tant avec uniquement des bénévoles et une minorité employeuses avec une poignée de grandes employeuses. Or, pour donner, encore faut-il avoir. Ceux qui sont bénévoles, même s'ils ne donnent pas alors qu'ils sont salariés ou ont des revenus par ailleurs, ont l'indéniable avantage de donner de leur temps et par là même de montrer leur générosité. Sauf qu'il faudrait pouvoir descendre plus finement dans les méandres : être bénévole dans une assoc qui amène des gosses handicapés moteurs en vacances l'été fait montre d'un altruisme plus éclatant qu'un bénévolat, même à l'année, au sein d'une assoc de boulistes ou de philatélistes... 

Donc, je comprends l'impossibilité de monter un appareil statistique cohérent, néanmoins je ressors un peu frustré, dans la mesure où je ne sais pas si la générosité est bien ordonnée et que ceux qui font le choix d'aider et donner dans leur métier sont généreux y compris en dehors des heures de bureau. Le bon sens voudrait que cela soit le cas, mais de la même façon que les philosophes réfléchissant sur l'éthique ne sont pas tous de sains hommes, il n'est pas dit que mon déjeuner soit anodin.

Quand ce genre d'interrogations commence à vous obséder et que vos neurones se déclenchent avec une heure de retard, c'est définitivement que vous avez besoin de vacances. Ca tombe bien, j'ai la chance de pouvoir en prendre. Peut être une carte postale du bout du monde, ou non, l'inspiration en jet lag n'est jamais à exclure.

Commentaires

J'avoue que ta question me laisse perplexe. Parce que je me demande bien ce qu'elle entend démontrer. Tu dis par exemple que le bon sens voudrait que ceux qui exercent une activité professionnelle généreuse, le soit en dehors du boulot. D'abord, permets moi de dire que je connais quelques gars dans l'humanitaire, qui sont d'authentiques égoïstes et qui pensent que leur auréole d'humanitaires les autorise finalement à être des connards. Ce ne sont que des exemples, probablement pas les plus représentatifs. Mais quand bien même on aurait réussi à prouver que les gens qui font un boulot généreux, sont généreux dans la vie, je ne vois pas très bien ce que cela démontre? Le raccourci (dérapage?) est vite fait de dire que ceux qui ne font pas un métier généreux ne sont en toute logique pas généreux dans leur vie personnelle.

Je suis toujours un peu gênée par l'idée d'une notion absolue de la générosité, parce que très vite je vois poindre la notion de "mesure" ou "d'évaluation". D'ailleurs toi même tu commences à établir des critères de distinction. Le mec qui donne son temps dans l'association de boules de son village est moins généreux à ton sens que celui qui aide les handicapés. Bon c'est peut-être mon côté anti-kantienne de base qui me fait réagir.

En fait, ça mériterait que tu développes ce qu'est, à ton sens, la générosité. Vous avez 3 heures (enfin 3 semaines).

Caro Castaing

Écrit par : Caroline Castaing | 01/08/2012

Caro, one point !
Je partage ta remarque à 100% qui m'appelle à 2 commentaires. 1/ Comme je partage tes observations, je me dis que je suis trop cramé pour m'être fait à ce point mal comprendre. 2/ Un blog n'est pas toujours le meilleur endroit pour un embryon de réponse (un livre serait plus approprié, mais bon...).
3/ (...) effectivement, je connais moi aussi de tonnes de gens qui se jettent dans les causes pour se sauver eux mêmes mais qui ne sont pas déjà foutu d'aider leurs enfants ou frères ou autres. Et je n'ai jamais pensé que le seul fait de travailler chez Total ou Areva te condamnait à recevoir l'étiquette d'égoïste. Bien sûr. La générosité est hyper relative en outre puisqu'elle dispose des moyens et du temps dont tu disposes. Je penses à un grand chef étoilé qui n'aime pas qu'on le sache donc je le laisse anonyme mais qui trouve toujours 1h dans son emploi du temps de ministre pour aller enseigner le judo gratuitement à des gamins, ça a peu de prix ça...
Je compte bien prendre 3 semaines pour cogiter plus largement ! Enfin, je me suis vraiment mal fait comprendre car j'ai une sympathie infinie pour les boulistes...

Écrit par : Castor Junior | 01/08/2012

Moi aussi je vais y cogiter maintenant, c'est malin!

Écrit par : Caroline Castaing | 01/08/2012

Bah non c'est top, on se prend un café débrief en septembre ! A bientôt

Écrit par : Castor Junior | 01/08/2012

Je ne connais pas Caroline Castaing, mais si je peux me permettre je lui rajouterai One Point. Je n'ai pas non plus compris l'objet de la problématique posée. Je ne vois pas non plus comment hiérarchiser le don (si on sort du don numéraire).
C'est effectivement une question d'ordre philosophique à poser, mais Castor est-ce vraiment le moment de le faire tandis que tu choisis quel short mettre dans la valise ? Tu ne culpabiliserais pas de partir en touriste dans un pays émergent toi ?...

Écrit par : Cécile | 01/08/2012

Caroline Castaing 2 points, Cécile Vaesen one... Tu te trompes juste sur un point : ayant peu de shorts, je les prends tous. Après, je ne culpabilise pas par anticipation, t'en recauserai dans quelques semaines !

Écrit par : Castor Junior | 01/08/2012

Hahaha !

Écrit par : Cécile | 01/08/2012

Un peu d'expérience terrain pour éclairer ce débat.
J'ai le souvenir de 10 ans d'âge de deux grosses associations (bio, paysans et verts en résumé) qui payaient très mal leurs salariés, leur demandaient de bosser le week-end (en gros participer aux manifs) et qui s'étonnaient du turn-over et des demandes de meilleure considération en disant "ceux qui bossent ici sont avant tout des militants". Oui et non. Oui pake quand on bosse pour une asso c'est bien de partager les valeurs. Non parce que négliger son personnel c'est ne pas se donner les ambitions d'atteindre ses objectifs associatifs. Seule solution pour les faire avancer : les faire flipper. J'ai donc réussi à les convaincre de couvrir par une assurance les "risques corporels manifs", de filer des portables et des tickets resto à leurs salariés (y a pas de charges patronales coco !). Bref une expérience assez décevante sur la qualité du management dans certaines assos.
Les choses ont heureusement évolué depuis.
J'estime néanmoins à encore 50%, le nombre d'asso qui sont managées par des gens à côté de qui Parisot est une grande moderniste. Le prétexte de ces managers associatifs qui évidemment votent à gauche est toujours le même "quand on bosse dans l'associatif on fait pas la fine bouche".
En résumé ton post dont les sous-entendus statisticiens sont assez effrayants, néglige un aspect essentiel des salariés des assos. Ils donnent déjà beaucoup et ne compte pas leurs heures et sont très souvent investis en temps et en dons dans d'autres associations que leur employeur.

Écrit par : EMMANUEL | 01/08/2012

Cher Emmanuel, le commentaire, sagace, m'avait échappé, nous finirons bien par échanger autour d'un café de ces sujets qui nous animent tous deux...

Écrit par : Castor | 14/08/2012

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