Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10/12/2012

La double fracture numérique

brasacha.jpgJ'ai écouté l'émission comme on regarderait une partie de chasse car l'on sait que le lion bouffera le chasseur. Avec une curiosité perverse, quoi. Alain Finkielkraut vs Michel Serres. Sujet : l'édudaction et le numérique. Combat archi déséquilibré puisqu'après quelques minutes, Finkielkraut se plaçait dans la posture de grand papy grognon, concédant avoir une connaissance "exclusivement livresque et par conversations" de l"internet... Suite à cet aveu aussi précoce, je me suis dit que ça allait tourner carnage. Caramba plus que raté. Soit le lion avait besoin de lunettes, soit le débat est plus complexe qu'il n'y paraît. A mesure que l'émission avançait, la curieuse impression que Serres cherchait à éluder la question pourtant capitale des ruptures de connaissances et des inégalités induites par l'Internet s'imposait. Si vous avez 52 minutes de libres, ça reste une émission d'un fort bon niveau :

http://www.franceculture.fr/emission-repliques-l-ecole-da...

Après avoir entendu les 2 philosophes disserter, je me suis perdu sur la toile et suis tombé avec un sens du hasard très relatif (comme souvent sur le oueb) sur un article particulièrement éclairant sur l'augmentation des inégalités liées à internet. Il est là : 

http://www.internetactu.net/2012/06/04/perdre-son-temps-l...

Si vous ne l'avez pas lu, ce que dit Xavier de la Porte (le présentateur de "Place de la Toile"), c'est que les classes socio-économiques les plus favorisées passent moins de temps, mais surtout un temps différent sur l'Internet. Pour une fois, le qualitatif passe avant le quantitatif devant leurs analyses et c'est cela qui me semble le plus important. Plus intéressant, le discours d'un certain nombre de tenants de l'éducation par Internet, me rappelle les premiers libéraux, dans les années 80 avec leur trickle-down. Cette théorie, signifiant littéralement "ruissellement" explique ceci : permettez aux plus riches de s'enrichir et ça retombera sur les pauvres. Là, en l'occurrence, on part du principe que l'augmentation du nombre d'infos présentes sur internet produira mécaniquement de la redistribution. Force est de constater, nous disent les profs (concernés en premier lieu) qu'il n'en est rien. Les plus favorisés ont des parents qui leur apprennent à débrancher, à construire une réflexion non fragmentaire, sans surfer d'une seconde à l'autre et détectent très tôt les failles dans les fondamentaux. Les moins favorisés n'ont pas ce type de réflexes devant la déliquescence précoce de leurs fondamentaux en français. Or, depuis dix ans, toute l'action des pouvoirs publics a été de s'alarmer de l'avancée de la fracture à l'accès numérique. Hélas, le chirurgien français n'a pas suffisamment regardé l'état du malade avant de se lancer dans son opération puisqu'il y avait bien double fracture. Si la première est bien en passe d'être résorbée, et l'avenir de Free devrait accélérer la cicatrisation, la seconde est plus que jamais béante. Nombre de profs remettent aujourd'hui en cause l'enseignement du numérique (et de l'anglais, mais je trouve cela inepte) en primaire au détriment du français sachant que la maîtrise de la langue ne cesse de baisser à mesure que l'enseignement de celle ci ne cesse de diminuer sans qu'aucun ministre n'est effectué de corrélation entre ces deux propositions.

Ce week-end, par deux fois, j'ai croisé dans un métro nocturne et dans bus de l'après midi, ces fameux jeunes à capuches qu'aiment tant les éditorialistes du Point puisqu'ils leur permettent d'illustrer toutes leurs couvertures sur l'insécurité en France. Là, sans vouloir jouer la gauche laxiste et aveugle, je voyais  surtout des victimes. La seule agressivité dont ils firent preuve était sonore et se perpétrait contre le wagon ou le reste du bus : écoutant sur leurs téléphones des mélodies à l'harmonie douteuses et aux paroles nébuleuses, ils exploitaient moyennement bien les ressources numériques pour se divertir. Je sais, ce propos est atrocement réac et sans doute que rentré chez eux, ils avaient d'autres usages numériques autrement plus riche pour eux. Mais je ne saches pas que les sites de téléchargement de sonneries à la con, de ce type de musique et autres attrapes gogos chronophage fonctionnent autant chez les enfants de profs que chez les enfants élevés dans des zones où l'emploi est aussi présent que l'herbe au Sahara... Il ne faut pas confondre Vincent Peillon et Moïse, mais c'est peu de dire qu'un miracle est attendu en la matière. Il y a bien un vrai chirurgien au gouvernement (Cahuzac), mais il avait une clinique d'implants capillaires et il est en délicatesse, à mon avis prolongé, avec l'opinion.

Commentaires

"ils exploitaient moyennement bien les ressources numériques"... clap clap. Pour l'ensemble du post, d'ailleurs. Sur ce, je m'empresse de me déconnecter.

Écrit par : secondflore | 10/12/2012

Les commentaires sont fermés.