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07/06/2013

Molto grande bellezza

grande_bellezza.jpgMon ami Bruno Humbert aime à dire qu'il est difficile de définir un entrepreneur social, mais que lorsqu'on en croise un, on le sait de suite. Sans doute en va t'il de même avec les chefs d'oeuvre au cinéma. En tout cas c'est ce que j'ai ressenti en regardant la grande bellezza de Sorentino.

J'avais entendu, ça et là, quelques mauvaises critiques : un peu mièvre et moralisateur, quelques chromos égarés. Bon. Plusieurs personnes dont j'aime à suivre le goût m'avaient en revanche convaincu d'aller voir ce film "très beau". Je l'ai trouvé admirable. Drôle le plus souvent, fort et entraînant parfois; émouvant, toujours. Rarement la charge contre les parasites de l'époque n'a été aussi juste. Les dialogues claquent parfaitement, les scènes les plus loufoques s'enchaînent.

Le pitch tient, comme souvent, en une ligne : le roi des mondains romains, 65 ans, réalise qu'il serait peut être temps de se remettre à écrire, lui qui avait publié un roman salué par la critique il y a 40 ans. Evidemment, il n'écrira pas une ligne, mais continuera à promener son élégante silhouette dans des bacchanales où se mêlent toujours artistes conceptuels, filles de joie et noblesse ecclésiastique. Et il lève parfois le nez de la cocaïne pour réfléchir au temps qui passe, au néant qui l'entoure. Il ne s'épargne pas, lucide au possible sur sa condition. Erudit désabusé, il ne méprise par la faune qui l'entoure car il leur ressemble, va chez le même chirurgien esthétique (hilarante scène) fréquente les mêmes fêtes où il se retrouve dans les mêmes chorégraphies. Il se rachète une conscience auprès des humbles (sa femme de ménage, une religieuse) mais pas au point de mener une vie dépouiller non plus. Ce grand débauché très digne ne sait pas ce qu'il veut, mais met tout en oeuvre pour que rien ne change ; fors sa garde-robe. Mon dieu que ce mec est bien sapé !

Au delà du scénario quasi insignifiant, le film frappe par la beauté de ses plans, touche par la justesse des acteurs et émeut grâce au message de fond. Le fond ? Le temps qui passe, la vanité des choses qui brillent et dans le même temps, l'impossibilité de s'y soustraire car le courant est trop fort dans le tourbillon des mondanités. Evidemment, on pourrait opposer qu'il y a trop de scènes plaquées ou de personnages un brin caricaturaux, mais c'est toujours fait avec humour et une émotion trop puissante pour être malhonnête. C'est une réflexion virtuose sur ceux qui refusent le temps qui passe et veulent coûte que coûte continuer de danser jusqu'à ce que les morts les prenne par surprise. Continuer de danser pour ne pas voir la folie ou le malheur qui les entoure. Encore une fois, en un mot : admirable.

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