23/06/2013
Dominique Reynié : On se fait un confusion call ?
Cher Dominique Reynié, nous avons un point commun : nous n'aimons pas le parti socialiste. Ca n'est pas très original, comme inimitié. Mais ce qui nous sépare, c'est que je n'entretiens pas d'odieuse confusion et assume mes convictions. Je vote Front de Gauche, le parti socialiste me navre par son manque de courage social. Vous êtes de la droite libérale la plus absolue, la plus américaine. Cela fait de vous un chantre de l'immigration, quand elle permet de baisser le coût de la main d'oeuvre, un défenseur de la prostitution, de la dépénalisation du cannabis ou encore de l'ouverture du mariage au couple de même sexe, au nom de la liberté. Mais vous êtes surtout pour la liberté de tout déréguler, de casser tous les codes sociaux, les lois protectrices et voulez permettre aux riches de s'enrichir. Il suffit de regarder un peu les travaux de votre Fondation pour l'Innovation Politique (que je suis de près) pour lire des propositions affolantes d'injustice sociale, notamment en matière d'éducation. Bref, plus libéral que vous, c'est délicat, Philippe Nemo peut être, mais même Madelin ne vous suit pas sur vos positions. Vous dites aussi vouloir pourfendre les populismes et élever le débat. Bon. Charité bien ordonné commence par soi même, monsieur le professeur à sciences-po.
Or, vous venez d'écrire un petit papier nauséabond pour la démocratie dans le Huffington Post, qu'on peut lire ici . Que nous dites-vous ? Que Paris est une ville saturée de millionnaires, que les classes populaires ont quasi complètement disparu et que les jeunes ne peuvent y étudier sauf s'ils sont des héritiers. Ce n'est pas complètement faux. Mais là où c'est proprement infâme, c'est lorsque vous faites de Bertrand Delanoé le responsable de cette banqueroute égalitaire. A un an des municipales, le procès d'intention est d'une habileté éléphantine. Certes, le prix du m2 à Paris dépasse les 8000 euros et le nombre de demandeurs de logements sociaux n'a jamais été aussi nombreux...Mais Paris compte aujourd'hui 200 000 logements sociaux dont 60 000 (donc 30% du total !) financés sous les mandats de Delanoé. Les demandes ont explosé à cause de hausses lénifiantes de loyers liés à un marché non régulé, celui là même que vous appelez de vos voeux. Le résultat de cadeaux fiscaux pour les propriétaires et promoteurs effectués par les gouvernements précédents qui, à ma connaissance, ne soutenaient que modérément l'édile socialiste. Pour les étudiants, on peut considérer que cela est très insuffisant, mais l'équipe Delanoé a construit de nouvelles résidences étudiantes et propose d'autres projets dans les futurs tours du 18ème, si elles voient le jour. Oui, Paris a été victime d'une gentrification ultra rapide comme toutes les grandes métropoles occidentales. Les classes populaires ont été relégué dans des périphéries lointaines et même les entreprises ont du mal à se maintenir en centre-ville. Mais tout cela résulte d'un système national, voir international, archi libéral. Le nouveau gouvernement entend bloquer et réguler les loyers. La fronde des acteurs de l'immobilier contre Cécile Duflot est d'ailleurs signe qu'enfin les choses pourraient bouger sur ce dossier crucial : la part que les français consacre à leur logement a quasi doublé en trente ans pour s'établir à 19% en France et souvent plus de 30% sur Paris. Mais encore une fois, cher Dominique, sans doute par pudeur, vous ne voulez pas voir que les ravages sociaux qui frappent Paris sont le résultat de vos idées. Et le populisme que vous pourfendez se retrouve dans chacune des lignes de votre tribune. Nous n'aimons pas le parti socialiste, mais cela ne m'aveugle pas pour autant. Et même si je trouve qu'Hidalgo fait une campagne d'une mollesse infinie, j'espère que les électeurs parisiens ne seront pas abusés par vos arguments fallacieux. Post scriptum (pour éviter PS) : quand on déplore le manque de civisme des français et qu'on a vos fonctions, on évite de se livrer à ce genre de mensonge qui nourrissent largement les vrais populisme d'extrême droite. Peu cordialement.
17:52 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.