Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05/07/2013

Logement : quand les vraies fractures sont territoriales et générationnelles

logement 4.jpgLe pouvoir d'achat, ce serpent des mers des dirigeants politiques contemporains, ne se calcule plus à l'aune du prix de la baguette de pain ou du litre de super. Il se concentre en réalité sur ce qui vous reste hors dépenses contraintes. Or, celles-ci ont doublé en près de 20 ans pour deux raisons : hausse du prix de l'énergie et surtout du logement. Et c'est là où les inégalités se renforcent car cette montée des prix du logement ne concerne pas 4 français sur 10. Du tout. Il y a en France 40% des propriétaires qui ont fini de rembourser leurs traites. C'est juste énorme. Pour eux, les hausses d'EDF ou du prix de la baguette sont moindres... Bien sûr, il faut relativiser : il n'y a pas 40% de nantis, une grande partie de ces propriétaires sont retraités et donc sans possibilité d'augmenter leurs recettes pour faire face à des hausses de dépenses de santé ou des imprévus. Néanmoins, en cas de cataclysme, 40% des français peuvent récupérer une manne importante puisque le foncier français est très prisé, ce qui explique que notre patrimoine moyenne est le double de celui des allemands (prends ça, Merkel).

Par ailleurs, 16% des français sont propriétaires, mais n'ont pas fini de payer leurs traites. Là encore, derrière ce chiffre se masque des réalités très diverses (dans le premier aussi, on peut être propriétaire d'un cagibi ou d'un château) : on peut risquer de basculer dans la précarité car on a emprunté au taquet et en cas de perte d'emploi, de séparation ou autre, les affaires peuvent se gâter. Même sans ces menus tracas, l'histoire change selon qu'il nous reste un an ou vingt cinq de remboursements...

Enfin, pour les 44% français de locataires, ils se partagent quasiment équitablement entre le parc social et le parc privé. Ce qui signifie une moitié de locataires qui voient graduellement leur pouvoir d'achat augmenter à mesure qu'ils gagnent mieux leur vie, puisqu'ils ne peuvent sortir du parc social. Si au contraire ils perdent leur emploi ou sont bloqués, ils sont prioritaires pour aller vers des logements au loyer infiniment moindre que le parc social privé. Il y a donc environ un français sur 4 pour qui les questions de logement sont particulièrement épineuses avec des loyers qui grimpent (avant la loi qui doit les bloquer).

Bon, pour qui relit ces 4 chiffres, il y a fort à parier qu'ils ne correspondent pas à leur réalité. Pour deux raisons : votre âge, et votre adresse. Si vous avez moins de 30 ans, la proportion de propriétaire que vous connaissez n'est certainement pas de 56% et si vous avez plus de 50 ans, vous avez peut être la grande majorité de vos connaissances qui ont acquis un bien, même modeste. Là où les inégalités sont les plus fortes et qui justifient en elles seules, la dénomination du Ministère de Duflot "d'égalité territoriale". Dans certaines régions de France, on est quasiment au 1 pour 1 de demandes de logements sociaux. Autrement dit, il vous suffit de constituer un dossier pour accéder au logement social. Cela crée une fluidité telle que, de facto, le marché privé ne peut hausser ses prix sous peine de ne trouver de locataire. A contrario, si vous êtes parisien, la demande est de 10 pour 1 logement. Corollaire de cette asphyxie, les prix du privé peuvent augmenter, crééant une vraie fracture. Un couple d'amis vivaient dans un honorable 3 pièces du XXème privé. En accédant au logement social (sans piston, ça existe, faut déjà bien remplir les dossiers et correspondre aux plafonds de revenus) à 400 mètres de là, ils ont gagné 25 m2 en diminuant le loyer de 400 euros. Tant mieux pour mes potes, mais l'écrasante majorité des jeunes franciliens restent confrontés à un marché fou. Réussir à mettre un plâtre sur cette fracture là relève de l'exploit chirurgical à n'en pas douter. D'ailleurs, personne n'a tenté l'opération et préfère mettre des pansements au risque de laisser la blessure dégénérer en gangrène sociale...

Commentaires

Merci de rappeler tous ces faits qui remettent les idées au clair! C'est pénible, en tant que Francilien non propriétaire, d'une trentaine d'années, n'ayant pas droit aux logements sociaux, d'entendre ses parents/ amis provinciaux s'étonner des coûts des loyers parisiens... Oui, c'est cher. Oui, on a eu tort de ne pas naître 30 ans avant. Non, notre emploi n'est pas délocalisable en province. Donc, oui, on se fait avoir, et on n'a pas le choix...

Écrit par : Caroline | 05/07/2013

TINA, en quelque sorte (there is no alternative)... Allez, une bouffée d'oxygène, Caroline, le Monde parle de 5% de baisse d'ici la fin de l'année, c'est déjà ça !

Écrit par : Castor Junior | 05/07/2013

Les commentaires sont fermés.