01/08/2013
La France tu l'aimes, MAIS tu la quittes
Il faut imaginer, outre Sisyphe heureux, des conseillers politiques se lâchant en fin de repas arrosé. La solution pour les retraites ? Une douzaine de canicules. Combler le trou de la sécu ? Une bonne épidémie incurable et temporaire. Le chômage des jeunes ? Un exode massif. Cette dernière proposition n'a malheureusement rien d'un propos de fin de banquet. Juste un constat froid de la lecture des faits. Si le grand départ n'a pas encore lieu, c'est pour la plus mauvaise des raisons : par manque de possibilités ou d'opportunités, pas de volonté.
Comme le révèle le sociologue Olivier Galland, ce sont qui plus est les jeunes qui ont le moins de raisons de s'expatrier qui souhaitent le faire et ceux qui auraient le plus de légitimité à partir qui restent scotchés. Ceci pour la masse, on trouvera forcément des aberrations sociologiques mais c'est grâce à eux que la sociologie est une science si belle. Pour le reste, Galland confirme les thèses de Zygmunt Bauman : dans la modernité liquide, une poignée d'élus font de la mondialistation leur terrain de jeu et en profitent pour en tirer le maximum grâce à leurs réseaux, leurs diplômes et connexions et une majorité vit avec la trouille de voir leur terre se désertifier.
Je sais que l'on peut souvent faire dire ce que l'on veut aux chiffres, mais tout de même : chez les jeunes diplômés, l'envie d'aller travailler à l'étranger passe de 15% en 2012 à 27% en 2013. Un quasi doublement dont on ne peut suggérer que ce soit l'ensemble des jeunes diplômés électeurs sarkozystes soudain désespérés à l'idée d'une France bolchévisée. Comment, dès lors, expliquer ce raz de marée ? Sans doute pour une pluralité de raisons qui diffèrent selon les CV, mais toutes convergent sur l'idée que la France projettent un mythe de société bloquée où les jeunes ne trouveront pas ce qu'ils veulent. D'abord les jeunes discriminés, pour des questions d'adresse, de couleur de peau et de plus en plus, de religion mal acceptée et qui partent au Moyen Orient où ils sont accueillis les bras ouverts. Ensuite, les jeunes surdiplômés en quête de fric à Londres. Puis ceux qui veulent aller chercher l'exotisme en Asie et tout ceux qui vont voir au Canada si l'herbe est plus verte.
Mondialisation oblige, les fluxs et déplacements sont de plus en plus importants. Et le chômage de masse des jeunes n'est pas une spécificité française. Les jeunes espagnols qui sont sans emploi dans un cas sur deux s'exportent massivement aussi. Dans le cas français, la situation est sans doute moins déplorable. Pour autant, fait nouveau, ceux qui partent reviennent de moins en moins. Ils sont partis pour aller voir la couleur de l'herbe ailleurs et elle leur semble vraiment plus verte. Plus simple d'élever des enfants, d'être promu sans que l'on regarde votre diplôme initial après 10 ans de carrière. J'en connais qui étaient partis au Canada, jurant qu'ils reviendraient bien vite car les hivers rigoureux, les vins à 40$ et l'absence de fromage, ça irait 5 minutes. Et pourtant ils restent, la France n'ayant pas le même confort de vie à leur offrir en retour. Si on avait dit à De Gaulle qu'un jour les jeunes français, tous patriotes qu'ils soient, auraient préféré les cousins, il ne l'aurait pas cru et aurait hurlé de mettre fin à la chienlit...
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