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16/03/2014

Bingo clichés

topeka-bingo.jpgIl y a peu avec l'amoureuse nous sommes allés voir un ballet de Platel où un des danseurs crevait l'écran : Romeu Runa. Voyant qu'il passait en spectacle solo au 104, nous nous y rendîmes avec empressement hier soir. Pour la dernière. Et c'était complet. Et c'est la dernière fois que je vais voir un truc pareil, que je me fais couillonner de la sorte... Et pourtant il est toujours aussi virtuose.

Dans Il était une fois le Bronx, de Niro aime à répéter à son fils "there's nothing worse, than waisted talent". Et bah là, il aurait été servi. Après 10 premières minutes hallucinantes de virtuosité, tout en lenteur, bougeant des muscles inconnus et interprétant à merveille l'épouvante, notre ami et son comparse maléfique le metteur en scène (Miguel Moreira, c'est lui le coupable, si vous voyez son nom, fuyez) se lancent dans un massacre d'une petite heure au cours de laquelle ils vont explorer méthodiquement tous les clichés de la danse contemporaine. Evidemment, il va se mettre nu, le prétexte fallacieux choisi étant qu'il a été aspergé à l'eau d'un jet comme un manifestant rebelle. Car évidemment, il se rebelle contre les dominants et les formes de domination. C'est pour cela qu'il saccagera méthodiquement un édifice de palette de bois. La construction, ce truc de bourgeois.

C'est aussi pour cela qu'il singera un discours politique en se livrant à d'enfantins borborygmes. Les politiques sont des enfants incapables de vision, contrairement aux artistes. Il y aura aussi une belle séance de masturbation avec des fleurs avant qu'il ne répande les pétales sur sa tête dans une improbable séance d'auto souillure. Et puis, au cas où certains esprits étriqués n'auraient pas compris qu'ils étaient face à un être vraiment libre, il finit le spectacle nu et recroquevillé, mimant un auto fist fucking du plus bel effet. Comme il y a de la symbolique dans tout, j'en ai déduit qu'il nous disait là "nous sommes dans l'impasse". 

Là où cela me navre, c'est que nous étions au 104. Un édifice public, avec des subventions publiques. Or, ces jours-ci les intermittents luttent contre un MEDEF décomplexé et bien destiné à leur faire subir la même chose que ce que le soliste s'inflige en clôture et doivent lutter contre la désinformation. Les jocrisses réacs prétendent que les intermittents sont des enfants gâtés et qu'ils touchent des subventions indues pour des spectacles destinés à choquer le bourgeois. Rien n'est plus faux. Mais le spectacle d'hier était tristement leur meilleur prospectus...

 

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