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11/08/2014

Carte postale d'Istanbul

P1030265.JPGCe matin, je me suis réveillé dans une Turquie avec Erdogan comme Président. Hier, il était encore premier ministre, nuance. On peut se gausser de cette démocratie de pacotille, comme on le fait pour Poutine, mais les faits sont là, il est réélu et le sera sans doute encore, égalant la longévité de Mustafa Kemal avec 22 ans de règne. Son régime ne brille pas par la liberté politique, par la place accordée aux opinions divergentes dans les médias ou encore par la place de la femme ou des minorités sexuelles...

Personnellement, cela n'a eu un impact que modéré sur mon séjour dans la capitale : des marchands de bières qui me les vendaient quand même mais en me disant ne me pas connaître et que je n'étais pas venu (l'interdiction est pour après 22H dans le quartier de Beyoglu, on a la même à Châtelet) et mon ordinateur qui ne pouvait accéder à des sites de streaming pour regarder Tsonga/Federer en finale. Des désagréments mineurs, donc. En compensation, on a loué un appartement au cœur du quartier très vivant de Beyoglu avec une vue de rêve (photo) donc que demande le peuple ?

Après un peu moins d'une semaine ici, je suis songeur. Je ne dis pas que la priorité est de faire rentrer la Turquie dans l'Union Européenne, je ne dis pas que c'est un modèle politique, mais je me demande pourquoi tant de haine non productive de nos dirigeants ? On peut en penser ce que l'on veut, mais cela reste la puissance arabe la plus ouverte sur les valeurs et le mode de vie occidentaux. OK, Erdogan est allé célébrer sa victoire à la rigoriste mosquée d'Eyup (nous y étions le matin même et j'ai senti que mon short passait moyen) et OK on croise des femmes voilées en nombre, mais sont-elles toutes turcs ? J'ai aussi vu beaucoup surtout des touristes du golfe. On les voit dans les musées et au restaurant, on sent bien qu'elles ne parlent pas turc. A côté de cela, on a croisé des milliers de femmes libérées, dans leurs tenue, leur démarche, leur rire (oui oui) et qui dansaient dans la rue une bière à la main. Je veux pas être taquin, mais ça n'arrive pas en Syrie. Alors oui, bien sûr, le régime est corrompu et les élections truquées, mais au lieu de hurler avec les loups, il faut les aider. 52/39 hier, les choses se précisent, une opposition est envisageable. Et souhaitée par ceux qui vont vraiment voter.

Depuis que nous sommes arrivés, à part un ou deux taxis mauvais joueurs quand ils voulaient nous escroquer, nous n'avons croisé que des personnes d'une gentillesse incroyable. Des restaurateurs qui vous offrent le dessert, des passants qui vous accompagnent dans la rue quand vous êtes perdus, des commerçants sympas. Plus encore que les ruelles défoncées, les merveilles architecturales qui surgissent quand on ne s'y attend pas et les bouquets de senteurs plus agréables les unes que les autres, je retiendrais cette gentillesse stambouliote généralisée. Comme nous disait le barman chez qui nous allons prendre notre petit déjeuner tous les matins : "Election day, it's important. Erdogan will surely win. I don't want, but this is Turkey you know. It's complicated". Ouais, complicated and lovely, et maintenant cap sur le sud du pays.