02/12/2014
La société cadenassante
En marge d'une rencontre organisée le 4 décembre au Conseil Economique, Social et Environnemental, un sondage déprimant a paru sur le thème du sacro-saint "vivre-ensemble", sous titre "entre unité et diversité. On peut le trouver en entier là. Il ressort que la crise économique est le premier facteur augmentant le sentiment de fracturation de la société française. Banal. Que les extrémismes religieux menacent le Pacte Républicain. Classique.
En revanche, ce qui est plus confondant, c'est que deux tiers des français pensent que ce qui les divisent est plus fort que ce qui les rassemble. Emmerdant. Et une moitié des français seulement se sentent français. 15% se sentent français (repli sur soi) 14% européens (dandysme ou ultra conscient) 22% citoyens du monde (tendance). Pourquoi ne pas placer tout simplement le sentiment d'être français d'abord ET angevin, berrichon ou autre ET citoyen du monde parce qu'avec de la famille à Dakar, à Oran ou à Moscou et ainsi de suite...
L'incapacité à penser l'identité comme un oignon, avec une multitude de couches, est un drame. Le temps passant cadenasse le pays. On pourrait dire que les 61% de français pensant que l'augmentation des inégalités de revenus éloignent le plus les gens n'ont pas tort, et on voudrait que le politique s'engouffre la dedans. Qu'il cogne à nouveau vraiment sur les rentes et nous amène, apaisés, vers une société où l'on jalouse moins son voisin car on ne pense pas que sa richesse supérieure soit indue. Rêvons.
Mais ce sondage qui me donne vraiment l'impression d'une société cadenassée m'a aussi frappé par l'incapacité à nous trouver à jamais un référent commun. Et ça n'est pas forcément grave. Ce n'est pas parce que tout le monde ne connaît pas Brassens que le monde court à sa ruine, mais à condition d'ouvrir ses tuyaux pour avoir des références connexes et ainsi des choses à dire, à partager, avec différentes strates. Le fait que les jeunes n'aillent pas sur Facebook n'est pas grave, en soi, ce qui est emmerdant est qu'ils délaissent ce réseau social pour se retrouver plus fortement entre jeunes. Même sur des échanges virtuels et peu engageants, la présence de l'autre, celui qui diffère, m'exaspère. Le début de la fin des haricots, en somme...
Ce soir j'ai eu la chance de m'entretenir avec François Tadei et Florence Rizzo, des génies de l'éducation qui apprennent à désapprendre (le bachotage) pour apprendre mieux la collaboration et l'altruisme. Seuls moyens d'arriver vers une société où les différences ne sont plus érigées, ni estompées, mais enfin, un appel à la curiosité : ils font sauter les cadenas, suivons les !
21:52 | Lien permanent | Commentaires (0)
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