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18/02/2015

Sauver les médias, un impératif démocratique

9782021219555.jpg"Dans quelle démocratie vivons-nous pour nous réjouir du sauvetage de Libération par un spéculateur immobilier et un opérateur téléphonique ?". Il est parfois sain de se poser ce genre de questions, non pour des impératifs moraux ou éthiques, mais bien démocratiques. La déliquescence des modèles économiques des médias nous mènent actuellement vers une dérive bien inquiétante. L'avantage de ce court livre de Julia Cagé est de démonter de nombreux mythes : non, Internet n'a pas crée assez d'emplois pour compenser la perte des anciens titres. Non, la presse papier n'allait pas bien jusqu'à l'arrivée d'Internet, la crise est bien plus ancienne. Les titres morts dans les années 80 et 90 étaient légions, 2000 a franchement accéléré la cadence, certes, mais de façon moins dramatique que ce que profèrent les patrons de presse classique confrontés à des échecs désobligeants.

Enfin, les masses journalistiques. La population ne décroit pas vraiment encore, mais augmente beaucoup moins vite que depuis 50, 40 ou même 20 ans. Encore une dizaine d'années avec tous ces plans sociaux à l'oeuvre et pas suffisamment compensés par les nouveaux médias et nous aurons une inquiétante baisse du nombre de journalistes. Inquiétante dans la mesure où une société ultra informative, permanente et tout canaux, a besoin de main d'oeuvre. Si celle-ci fait défaut, ce sera soit des robots, soit des amateurs avec des risques de corruption majeurs... Dernier problème justement soulevé par Cagé, la chute drastique de la part des journalistes parmi les cadres et les professions intellectuelles. En clair, la profession journalistique s'est clairement précarisée. 

La réponse de l'époque ce sont Bezos, Niel, Pigasse, Murdoch, les Frères Koch, Drahi ou Ledoux. Une cohorte de nababs porteurs d'intérêts particuliers quand tout le monde peut s'accorder sur le besoin de fournir une information soucieuse de l'intérêt général. Equation insolvable. Les modernistes diront que ces titres peuvent mourir et seront remplacés par du online. Or, 80% du contenu des blogs et sites d'infos internet proviennent de sites classiques. Et c'est la meilleure partie... A part Mediapart et une poignée de titres, quelles infos de qualités naissent uniquement sur le web ? Quelle journalisme d'investigation en ligne à part le site cité ci-dessus ? Peu ou pas...

Cagé propose des sociétés de presse, des fondations, des alternatives à la SCOP toutes solutions valables et qui méritent d'être discutées. Imparfaites ? Et alors. Il est urgent d'ouvrir le débat sur les détenteurs et producteurs de l'information dans ce pays.  

Commentaires

En effet, question éminemment importante. Concernant l'indépendance, il faut souligner qu'en plus du secteur privé, la presse écrite est dépendante du pouvoir en place via les subventions qu'elle perçoit (plusieurs millions !). Un contre-pouvoir de plus en plus faible malheureusement...

http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/05/06/aides-a-la-presse-qui-touche-le-plus_4411883_4355770.html

Écrit par : Maxime Giron | 18/02/2015

Tout juste, Maxime, et Cagé replace justement ces aides à la presse dans le temps et l'espace, en relativise la portée avec intelligence, pour montrer que ce n'est pas une "assistance respiratoire" mais une participation démocratique bien légitime.

Écrit par : Castor | 18/02/2015

Cela fait echo à ce texte publié sur le Monde Diplomatique http://www.monde-diplomatique.fr/2014/12/RIMBERT/51030

Écrit par : olivier | 18/02/2015

Les commentaires sont fermés.