07/05/2015
Quoi de neuf en journalisme ?
"Essayer de tout savoir pour tout raconter, de tout apprendre pour tout vulgariser, de tout comprendre pour tout expliquer, ne rien laisser dans l'ombre qui soit beau ou qui soit atroce, ne pas désintéresser d'aucun aspect de la vie, chercher à tâtons, mais d'un coeur obstiné, tâcher de vivre en avant de son temps, ne point mesurer son succès à sa fortune, être d'autant plus décrié qu'on a raison : tel est, je pense, le métier de journaliste. Tout compte fait, je pense qu'il vaut la peine". Heureusement que la fin du livre vient rassurer le lecteur hésitant sur la tonalité de cet étonnant ouvrage, c'est bien une déclaration d'amour, même si c'est de l'amour vache. L'auteur, père de Bertrand de Jouvenel dont la postérité est bien plus grande grâce à son excellent Du pouvoir, fut un journaliste, rédacteur en chef à l'Oeuvre et auteur d'un livre La république des camarades.
Ces vingt leçons de journalisme sont publiées par les éditions de la Thébaïde pour la première fois. C'est un très court livre, un opuscule (80 pages) dont je me voudrais de faire un résumé, mais une chose m'a frappé en lisant ce texte vieux d'un siècle : sa curieuse modernité. Curieuse, dans la mesure où si mes sources sont exactes, lorsque de Jouvenel a écrit son texte, les chaînes d'info en continu et Twitter n'existaient pas (je crois, hein). Pour autant, ce que l'auteur dit de la raison pour lesquelles les actionnaires investissent en presse n'ont pas changé : influence, influence, influence. Mais aussi privilège, privilège, privilège. Pas pour gagner de l'argent, mais pour avoir une loge à l'Opéra, l'oreille d'un ministre, des entrées en bonnes écoles, des tables inaccessibles et des adresses secrètes. 100 ans plus tard, le Canard gagne de l'argent, quelques titres de presse pro, mais un grand nombre de titres sont très loin de l'équilibre sans que cela ait l'air d'émouvoir les actionnaires, particulièrement les nouveaux gloutons : Bergé/Niel/Pigasse d'un côté, Patrick Drahi de l'autre...
Ce qu'il dit des chroniqueurs qui sont extérieurs aux journaux, ne révèlent jamais aucun fait ou info d'envergure et pourtant contribuent plus que nombre de rédacteurs au prestige des titres, reste valable aussi. Sans doute le sacre du secrétaire de rédaction est-il plus suranné, mais hormis cela, les observations de Jouvenel sont toutes valables aujourd'hui. Je ne pense pas qu'il y ait particulièrement lieu de s'en réjouir, mais cela vaut le détour par une librairie.
15:37 | Lien permanent | Commentaires (9)
Commentaires
Le sacre du SR, ça me fait rêver… :)
Écrit par : Yola | 20/05/2015
Le sacre du SR, ça me fait rêver… :)
Écrit par : Yola | 20/05/2015
Le sacre du SR, ça me fait rêver… :)
Écrit par : Yola | 20/05/2015
Le sacre du SR, ça me fait rêver… :)
Écrit par : Yola | 20/05/2015
Le sacre du secrétaire de rédaction, ça me fait rêver :)
Écrit par : Yola | 20/05/2015
«Le sacre du secrétaire de rédaction est-il plus suranné». Tu veux dire que le SR n'est pas reconnu à sa juste valeur? C'est pas moi qui te contredirai :)
Écrit par : Yola | 20/05/2015
«Le sacre du secrétaire de rédaction est-il plus suranné». Tu veux dire que le SR n'est pas reconnu à sa juste valeur? C'est pas moi qui te contredirai :)
Écrit par : Yola | 20/05/2015
Ha ha ; le commentaire x7 je crois que j'ai compris ; vive les SR !
Écrit par : Castor | 20/05/2015
Désolée! Ce n'était pas pour insister (lourdement), mais Hautefort me répétait qu'il ne pouvait pas enregistrer mon commentaire. Comment ça, il ne pouvait pas? La preuve, il l'a enregistré 7 fois. Comme quoi, la Sr peut certes manquer de patience, mais pas d'opiniâtreté :)
Écrit par : Yola | 14/06/2015
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