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04/07/2016

A quand un sporxit ?

classic-red-exit-sign-s-1259.pngOn dit souvent que l'intérêt général se reconnaît de loin, qu'il ne ressemble en rien à un amoncellement d'intérêts particuliers. A l'aune de cette définition, il est délicat de considérer que notre rapport au sport relève de l'intérêt général. Par quel étrange fascination collective en sommes-nous arrivés à ce point d'aveuglement collectif au profit du sport ? L'auteur de ces lignes a quasiment appris à lire (ce qui explique sans doute beaucoup de choses...) avec l'Equipe, que je lis quotidiennement depuis mes 9 ans. En outre, j'ai pratiqué moult sports collectifs et continue à courir pluri hebdomadairement et ai même poussé la stupidité jusqu'à passer quatre fois la ligne d'arrivée d'un marathon. C'est dire si je n'ai rien contre le sport. Toutefois, je n'en peux plus de l'overdose actuelle. Le sport de compétition sature les médias et alors que nous accueillons le gros barnum de l'Euro, nous frôlons le coma éthylo sportif... 

A ceux qui nous opposent que c'est ainsi que va le monde et qu'il faut bien célébrer les victoires nationales, je renvois à cette excellente émission de Culture, ici, où l'on apprend, archives INA à l'appui, que lorsque la France a emporté l'Euro, en 1984, cela faisait le 3ème titre du JT le lendemain... Aujourd'hui, un modeste 1/4 de finale contre l'Islande occupe évidemment la 1ère place, mais les moyens déployer pour couvrir l'événement sont considérables. Un quart d'heure, ad nauseam, avec micro trottoir vibrant de stupidité sur les pronostics des supporters et l'avis des cafetiers. Relégué plus loin dans le JT, 12 secondes (montre en main) sur l'attentat de l'EI à Bagdad... Quelle vomitive inversion des normes... Celle-ci, nous en sommes comptables et pouvons l'inverser. Tout dépend de nous. De choix éditoriaux, de rédacteurs en chefs courageux. Laisser le sport à l'Equipe et refuser d'avoir 8 pages spécial foot dans le Monde, Libé et autres... 

Nous pourrions avoir des débats sur ce que nous attendons collectivement du sport, autre que le brouillard des bières car collectivement, nous n'en tirons rien. Pas plus de pratique sportive dans les écoles. Pas d'éducation au sport santé, pas d'ateliers sur pratique sportive et nutrition alors que l'obésité infantile explose. Pas de pratique de sports et citoyenneté, de sport adapté pour sensibiliser aux différences, aux handicaps. Nada, rien. Uniquement du sport compèt, du sport sponsoring, du sport avec contrats indécents. Du sport dopage, donc, mais on ne l'évoque guère. Du sport corruption aussi, mais itou, on le passe sous silence.

Le propos n'est pas nouveau, Paul Veyne en a fait sa thèse au sujet des jeux Romains. Mais l'emprise est de plus en plus forte et folle. France Inter consacre un billet quotidien en lieu et place de sujets sociaux. Quelle niaiserie... Quelle folie. Tous les politiques sommés de répondre aux questions sur les performances de l'équipe de France, obligés de suivre, de soutenir les Bleus faute de quoi on est qualifié de traître à la nation... Dans les concours d'écoles de journalisme, obligé de bachoter le sport même si on s'en carre. A-t-on les mêmes attendus sur les expositions culturelles ou les sorties littéraires ? Certainement pas, et cette différence de traitement devrait nous saisir d'effroi. Il est temps de faire un gros sporxit. Sur le service public, au moins. Laissons la célébration du sport business à Bouygues et Bein, mais un minimum de décence ailleurs. Pitié.