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25/07/2016

La gauche à visage Zemmour

images.jpgCa ne finira donc jamais... Au-delà d'un alignement économique, voire d'un débordement du MEDEF sur sa droite, cette fin de quinquennat voit une partie de figures se réclamant de la gauche marcher dans les brisées d'Eric Zemmour sur le terrain des valeurs... Misère. Dans un "Entretien Fleuve" au Figaro, cette entourloupe intellectuelle de Laurent Bouvet (officiellement politologue et prof à l'Université de Versailles) ose tout. Il explique que la gauche se leurre par mauvaise conscience et qu'à la recherche d'un nouveau prolétariat, cette gauche aveuglée voit dans les islamistes des damnés de la terre à défendre. Débile. Au sens étymologique du terme, c'est à dire faible, comme toute l'argumentation de cet énergumène qu'on peut lire (si on a des loisirs, ce qui est mon cas) ici.

Que dire sur cet "entretien fleuve" que Laurent Bouvet conclue joyeusement en citant Charles Péguy ? Oui oui, l'homme de "la terre qui, elle, ne ment pas" l'objet de dévotion d'Alain Finkielkraut et de Yann Moix. A l'image de cette coda con venenum, tout est navrant, approximatif et plein de confiance. 

En gros, en amalgamant un groupuscule (les Indigènes de la République) et deux faits divers où des responsables de gauche alternative ont soutenu Tariq Ramadan, Bouvet en tire la même conclusion que Houellebecq, une partie de la gauche s'est convertie et soumise à l'islam. Edifiant de bêtise... Etant souvent victime de ce procès en sorcellerie inepte, je n'arrive pas à comprendre : je déteste toutes les religions et condamne comme tous ceux que je connais les refus d'élèves d'apprendre la Shoah, les brimades aux filles en mini jupes, les attaques, insultes et autres. Je n'ai jamais rien nié de tout ça et il faut évidemment casser ces pratiques. Mais en déduire que la gauche est en train de faire allégeance, de mettre un genou à terre devant les islamistes juste parce qu'on rappelle l'importance, à côté de ça, de la question sociale, des inégalités qui croissent et des discriminations, c'est un procès que je ne comprends pas et c'est ce que fait Bouvet. 

Sans doute la personnalité de Laurent Bouvet, fondateur du mouvement "le Printemps Républicain" qui rassemble des figures mues par un même libéralisme économique, une même haine de l'islam et un gros rien à foutre pour le reste. A leur surboum de lancement, on trouvait des figures telles que Caroline Fourest, les séides de Valls, Anne Sinclair, Elisabeth Badinter.... Bref, ne nous énervons pas.  

Au fond, Laurent Bouvet c'est Zemmour. Un peu d'érudition en plus, beaucoup de ventes en moins. Même traumatisme originel qui explique la logique complotiste et les amalgames faciles. Pour Zemmour, c'était le double échec à l'ENA qui lui fait haïr "les élites" (dont il ne fait évidemment pas partie, le paria sur RTL, Paris Première, le Figaro...) pour Bouvet, c'est un échec à l'investiture des législatives 2002. Alors, il rédige le texte le plus bête de la science politique moderne, "nous les trentenaires mâles blancs, sacrifiés sur l'autel de la diversité et de la parité". La médiocrité à l'état pur. 10 années passées à ruminer cet échec puis en tirer deux livres franchement lepénistes "le sens du peuple" où il explique que la gauche s'est égarée dès qu'elle a commencé à mener des politiques agissant pour les femmes, les minorités homosexuelles ou immigrées... Du Philippot dans le texte. Il a enfoncé le clou avec son vomitif "l'insécurité culturelle" où il explique que les blancs sont dénigrés en France, que nos cultures traditionnelle sont sans cesse piétinées par des élites (lui aussi...) qui préfèrent le rap à Michel Sardou et Patrick Sébastien. Il y a un petit fond de vérité, encore une fois, du fait divers et lui en tire des généralités. 

Evidemment, avec des ouvrages aussi faibles et où il s'auto-cite beaucoup, Bouvet n'a rien d'un chercheur académique. Mais avec le retour des copains en 2012, il espère mieux et prend, de façon très éphémère, la tête du CEVIPOF. Bien vite, nombre de chercheurs s'insurgent et refusent de se ranger derrière un directeur qui n'est pas fiable, est un militant égotique grimé en chercheur. Débarqué avec perte et fracas en quelques semaines... Enorme ressentiment contre ces élites intellectuelles qui ne veulent pas de lui. Et il crée son lamentable Printemps Républicain. La boucle de rancoeur est bouclée. On ne fonde pas de politique sur du ressentiment. Supporters de ce mouvement, relisez le texte et ressaisissez vous. Si vraiment ça vous plaît, assumez vous et allez voir Philippot. Ca sera triste, mais faut être cohérent...