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24/10/2016

Un homme qui dit ça ne devrait pas être Président

9782234075481-001-X.jpegJ'ai lu les 660 pages du livre dont tout le monde parle avec une célérité liée à la sidération. Page après page, l'envie irrépressible de se dire "bordel, mais c'est pas possible". Il est impensable que l'actuel locataire de l'Elysée ne réalise pas l'immensité de la méprise qu'il y a à concevoir qu'il est bien notre président. Cet homme n'a aucun sens de l'Histoire, aucun sens du temps long. Il ne pense que "récit", est obsédé par la presse et les couloirs... Quelle honte pour la France. Son prédécesseur avait évidemment abaissé la fonction comme jamais avec des débats ineptes, des amitiés non avouables et une syntaxe approximative. Mais ça n'est pas parce que Sarkozy fut déplorable qu'on doit se voiler la face : en termes de stature d'homme d'Etat, Hollande est de loin le plus mauvais président de la Vème. Politiquement, il y aurait trop de subjectivité à décerner ce titre, mais pour ce qui est de l'incarnation, pas de doute possible.   

Déjà, l'introduction. Comment Hollande qui ne fréquente que des journalistes depuis 30 ans a pu se faire avoir par "Melon & Melon" (Davet/Lhomme) au point de leur accorder 61 entretiens, soit plus d'un par mois, des dîners à l'Elysée et à leurs domiciles et en pensant qu'ils lui laisseraient le droit de se relire ? Confondant de naïveté... La naïveté est d'ailleurs une des dominantes du livre : naïf face à Cahuzac qu'il a cru intègre. Naïf face à Gattaz, lorsqu'il a réellement cru au million d'emplois créés... Naïf, encore pire, face à Macron (au sujet duquel on apprend qu'il a failli intégrer le cabinet de Fillon en 2010, debout la gauche...), qu'il est certain de maîtriser. Risible, s'il n'était Président. Eu égard à la fonction "pathétique" convient mieux.

Au-delà d'être un naïf, c'est un boutiquier politique. Sur le plus grand enjeu de l'histoire de l'humanité, l'écologie, on apprend que l'homme "pense que ça peut être un sujet", MAIS, "sans débouché électoral, donc il laisse Ségolène y aller seule. Quelle vista... Et encore se félicite-t-il d'éteindre les lumières de l'Elysée, depuis 2015. C'est effrayant. Aucune perspective, aucune capacité de projection. On le voit, on souffre, sur l'emploi : aucune planification, aucune vision de relance par l'Economie de la mer, des nouvelles énergies, la création de centaines de milliers de petites exploitations agricoles, de passage à l'ère du revenu universel pour permettre aux aidants familiaux et aux animateurs socio-culturels de vivre dignement de leur engagement bénévole. Rien. Rien de tout ça, juste des tripatouillages fiscaux, des coups de fil à Gattaz et brûler un cierge en attendant que la courbe s'inverse. Ca ne prend pas. Pour lui, si. C'est l'autre enseignement du livre, Hollande pense vraiment que les français sont injustes car "les indicateurs socio économiques vont mieux, et au niveau international, nous sommes remontés". Cet homme ne parle que pour le Financial Times...

On y voit aussi un cynisme absolu : parlant à des électeurs de gauche déçu par la politique économique du gouvernement, il leur explique que "l'important c'est de fixer un objectif, pas forcément de l'atteindre". Mazette... L'homme qui saluait le tournant de la rigueur, en 83, n'a jamais changé, un homme de la 3ème gauche, plus à droite que Rocard, homme de petites synthèses, de petits compromis. Jamais maire d'une grande ville, jamais ministre, Hollande est passé entre les gouttes et éviter le jugement populaire avant d'être directement propulsé président. Nous payons cette méprise historique. Je ne dis pas qu'Aubry aurait crée l'avènement de la Sociale, mais au moins, c'est une femme d'Etat. Qui a une vision et le sens de l'histoire. 

Au fond, une anecdote résume mieux que tout notre actuel président : lorsqu'il prend des vacances, il emporte les articles qu'il n'a pas eu le temps de lire pendant l'année... Une manie conservée de ces années estudiantines. Quelle déplorable petitesse. Lire et relire encore des plumes amies, des plumes connues, se goberger de notes et d'analyses déjà périmées. Hollande est vraiment cela, au fond, l'homme de l'éphémère, du jour le jour, incapable de la moindre projection. D'ailleurs, il confie aux journalistes qu'il a adoré être candidat et regrette que cela ne revienne pas. Avec une troublante similitude avec Sarkozy, ils sont de bons candidats et de mauvais présidents. Pour 2017, il faut à l'évidence changer cela.