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11/07/2017

Des ex au has been de Marianne.

"Je sais que les ex, c'est sexe, c'est sexy" chantait Camille. Bien sûr, il y a l'association de rimes, mais il y a aussi un fond de vérité. "L'ex" comme le "has been" sont caractérisés par le fait qu'ils appartiennent au passé, mais le fossé entre eux est immense. D'un point de vue amoureux, on évoque les "ex", voire "les archives" lorsqu'ils/elles sont peu glorieux(ses) et qu'on préférerait oublier leur existence. Mais la référence à "l'Ex", et 1 million d'oeuvre de fictions sont fondées la dessus (souvent pas les meilleures, soyons honnêtes), c'est la possibilité du retour de flamme. Et sur ce point précis, l'analogie avec le politique se tisse. On le voit bien en ce moment aux Etats-Unis, la figure de l'ex se mythifie d'autant plus quand le suivant est naze. Obama était déjà très encensé, mais quand on le compare à Donald Trump, la canonisation de Saint Barack n'est pas loin... Idem pour Clinton, qui a eu le bon goût d'arriver après Bush Père et de laisser le pays à Bush fils, ce qui fait que les nostalgiques de Bill sont fort nombreux et pas seulement pour ses activités multiples en bureau ovale. 

Et chez nous ? L'Ex de la France par excellence, c'est de Gaulle. Le type que tu gardes dans la peau 12 ans après un flirt abrégé. Il s'est infligé une traversée du désert pendant laquelle tu ne peux l'oublier complètement et où tu ne veux pas l'oublier vu les mecs que tu te tapes (Vincent Auriol et René Coty qui ne manque qu'à OSS 117). Quand il revient, tu sais que c'est lui et ça durera 10 ans joyeusement avant, fatalement, de tourner vinaigre à la fin. Mais comme il a le génie de faire reposer la faute sur toi quand il claque la porte, tu ne l'effaces jamais de ta mémoire. 47 ans après sa mort, une bonne part de toi voudrait encore croire en sa résurrection.

Mitterrand et Chirac ne sont pas vraiment des ex. Plutôt des histoires menées à leur terme. On en pense ce qu'on veut, mais quand on ressort les photos jaunies, on sourit toujours en se disant, que c'était bien. Des hauts et des bas, bien sûr, mais c'était bien. Tu es nostalgique sans amertume : eux, c'est le passé. Les ex majuscules.   

L'ex minuscule, c'est Giscard. Il l'a vraiment joué grand prince pendant 7 ans et n'a jamais digéré de se faire éconduire. Du coup, il est resté dans l'entourage pendant 30 ans, à envoyer des signaux lourds pour dire qu'il était disponible, un peu comme un VRP qui klaxonnerait en bas de chez toi dans une Cadillac rouge de location. Plus le temps passe, plus son insistance fait pâlir son aura. Du coup, on en vient à oublier les beaux moments de ces sept années (principalement dus à Simone Veil) pour ne se souvenir que des moments gênants, comme la fois où il a piqué des bijoux en voyage en Afrique où son "au revoir" où il se voulait Jean Vilar et ne fut que Jacques Ballutin...

L'ex honteux, c'est Sarkozy. Ca fut une histoire plus brève que les autres (seul Pompidou est resté 5 ans, mais lui c'est le drame ; l'ex mort...) et plus passionnée aussi. Il t'as mis la honte dès le début en t'emmenant au Fouquet's, son discours sur "l'homme africain pas rentré dans l'histoire" digne de Michel Leeb, tu t'en serais passé... Lui, il a fait tant de conneries, tant de choses impardonnables que tu savais bien qu'il fallait mettre un terme rapidement. Mais quand même, quand la tempête financière a frappé, il était là. Et puis, pour faire la cour, il était bon. Du coup, bizarrement, étonnamment, tu l'as un peu regretté. Pas au point de le conserver, il y a 5 ans, mais quand même une part de toi trouves que ce beauf à gourmette savait parfois te vendre du rêve. Et autant il fut odieux quand il était en confiance, autant il savait la jouer profil bas lorsque tu lui as tapé sur le museau. Tu as même gardé dans un tiroir ses deux lettres d'au revoir qui sont presque bouleversantes. Et contrairement à Giscard, il est têtu mais pas obstiné, depuis 8 mois il a disparu pour de bon. Un point pour lui. 

Et puis il y a le dernier en date. Quand tu repenses au soir où vous avez conclu, tu te dis que le mec a surtout gagné un concours de circonstances. Tu en bavais pour le financier flambeur de Washington, mais son priapisme maladif fait que vous ne vous êtes même pas rencontrés. Après, à choisir en fin de bal, le beauf à gourmette t'exaspérait tellement que tu as dit oui. Mais assez vite, tu as déchanté. Pour la première fois de ta vie, tu tombais sur un ultra mou. Un phobique de la prise de décision. Lui même étalait ses histoires d'ex devant tout le monde et c'était lourd. Gênant. Ça et sa famille. Il ne parlait que d'elle et pour elle. Le type a passé cinq ans à refaire des plans de table, pour essayer de ne vexer personne. Bref, il t'a délaissé pour essayer de résoudre ses petits problèmes tant et tant que quand tu t'es fait draguer par tout le monde, notamment son jeune neveu qu'il t'avait présenté, il n'a pas répliqué. Il a laissé faire en espérant que, par contraste, tu le regretterais. Lui aussi voulait que ses photos jaunissent, que l'histoire le rattrape et qu'on le regrette. Raté. Il est parti et plus personne ne prononce son nom. Personne n'épie ses faits et gestes, ses décisions ou avis. On s'en fout. Pourquoi tant de haine ? Pourquoi de tous les ex est-il le seul à être has been ?

L'argument du temps ne tient pas. Sitôt parti, le beauf à gourmette était déjà regretté. Pour être regretté, il faut se distancier du reste. Mitterrand n'était pas possible à comparer à Chirac, on aimait ou pas, mais on choisissait son camp. Idem pour Chirac et Sarkozy et Sarkozy et Hollande. Deux histoires. Le problème d'Hollande, c'est d'être Macron en moins bien. En moins jeune, moins photogénique, moins décomplexé dans son libéralisme. Voilà pourquoi dans la carte du Tendre de Marianne il ne sera jamais un ex. Juste un has been...