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10/08/2017

chronique d'une mort de France annoncée

 Le village où je passe mes vacances comptait plus de 1000 âmes il y a deux générations, moins de 150 aujourd'hui. Au coeur du village, le gros bâtiment communal prouve que l'école a accueilli beaucoup de monde, fut un temps. Une taulière de restaurant me montre une photo jaunie ; la rentrée des classes de son grand frère : 54 garçons, autant de filles dans la classe voisine. Aujourd'hui, les 4 enfants toujours en âge d'être scolarisés prennent le bus pour aller au village voisin, là où une école demeure, en sursis. Si, dès le plus jeune âge, on vous explique que les strucures essentielles à la vie ne sont pas chez vous, à quoi bon rester ? Ainsi va la mort annoncée des lieux trop petits pour survivre à l'ère du global. Et encore, ce village se meurt à petits feux grâce à la saisonnalité : épicentre de chemins de randonnées, abritant une rivière délicieuse, il attire assez de touristes l'été pour faire vivre quelques commerces et leurs familles. Donc les commerçants restent, les aînés aussi qui sont nés et veulent mourir là. Les actifs le sont la moitié de l'année, ou agents communaux. Mais ils ne travaillent pas plus loin, faute d'opportunités. Il y a un autre village distant de quelques kilomètresa doté certes d'une école mais guère plus. Si l'on veut trouver le reste, il faut faire 20 kilomètres. Outre l'absence d'école, préjudiciable pour les jeunes et leurs parents, qui voudrait s'installer dans un désert médical d'une telle ampleur ? Je ne parle pas d'hôpital : pas un médecin ou même une pharmacie à moins de 20 kilomètres. Et pas de transports... Repeupler ce village est une chimère, mais ne doit pas éluder les débats inhérents à notre urbanisation galopante. Tout le monde ne pourra, ne voudra, ne devra vivre dans les grandes villes. Si l'on veut se nourrir correctement, entretenir un patrimoine gastronomique, architectural et culturel qui fait notre renommée mondiale, il faut se donner les moyens. Sans doute pas en essayant de sauver cette merveille de paysage où je demeure (ébahi), pour laquelle il est déja trop tard, mais les villes moyennes de quelques milliers d'habitants jusqu'à 30 000. Pour celles là, ne rien lâcher de l'offre de transports en commun, toujours plus d'attractivité scolaire et médicale, des espaces mis à disposition des travailleurs nomades, il faut le faire. On nous dira que ça a un coût, mais doter convenablement la France de transports de proximité coûte infiniment moins que notre folie TGV. Inciter les médecins à s'implanter là, leur faire "un pont d'or" permet une politique de prévention bien moins onéreuse que traiter l'incurie à l'hôpital... On ne peut pas continuer cette hypocrisie consistant à encenser l'hexagone des villages lorsque les caméras du Tour de France le filme et le saigner budgétairement dès que l'écran passe à autre chose. Un peu de cohérence : ça n'est parce qu'on meurt en silence sous nos yeux qu'il faut laisser faire. Ca reste de la non assistance à territoires en danger.