16/09/2017
L'assourdissant silence autour des soutiens FN aux ordonnances travail
Est-ce par méconnaissance, par oubli, par relativisme, par cynisme ou par pur calcul ? Toujours est-il que l'on parle fort peu des soutiens sans réserve d'élus FN de premier plan comme Robert Ménard ou Louis Aliot, aux ordonnances sur la la loi travail. Invité chez l'ineffable Bourdin, Robert Ménard expliquait que les ordonnances "vont dans le bon sens car elles permettent aux petits patrons une tranquillité d'esprit pour licencier". Ces soutiens sont légions, Gilbert Collard rejoindra les rangs, Marion Maréchal le Pen fait fuiter qu'elle aussi pense du bien de ce texte...
Ca n'est tout bonnement pas conforme avec le grand récit des commentateurs progressistes qui aiment à renvoyer dos à dos "les extrêmes". Ha ! Les vilains canards "extrêmes". Les fous, les cataclysmiques, ceux qui ne veulent pas gouverner, ne veulent pas accepter la modernité économique... A force de le répéter en boucle, nombre d'électeurs ont fini par le croire et accepter benoîtement ce signe "=" entre le Front National et la France Insoumise.
Pourtant, ce soutien d'une grande partie du FN à la régression sociale n'a rien de surprenant. Jean Marie le Pen était plus que proche de Poujade, il fut son fils en politique et a embrassé tous ses combats : la défense des petits patrons, le refus de la fiscalité, le suspicion généralisée sur les feignants, le fait qu'on nous foute la paix avec les normes pour laisser vivre les bouilleurs de cru. Que fait Macron depuis qu'il est arrivé à l'Elysée ? Il prend la défense des patrons pour licencier, explique que la fiscalité est toujours un fardeau, critique les feignants et, lors de la présentation de son plan d'envergure pour le logement, a expliqué doctement qu'il fallait "baisser les normes sociales et environnementales qui pèsent sur le bâtiment, notamment les normes concernant les personnes en situation de handicap". Au fond, Macron c'est le Poujade des élites, la culture de la finance en plus et le racisme primaire en moins (eu égard à sa politique d'accueil des migrants, gardons nous de faire de Macron l'humaniste qu'il prétend être).
Dire cela, même documenté, même preuves à l'appui, c'est s'exposer à une inquisition sans nom. "Comment osez vous ? Ca n'a rien à voir !". Evitons les points Godwin, mais l'histoire sombre regorge de cas où le patronat et le bloc bourgeois ont, sans sourciller, accueilli les fascistes à bras ouverts pour éviter les communistes.
Philippot, c'était l'idiot utile des progressistes. Son discours de défense des services publics servait les éditorialistes qui aimaient à montrer les ressemblances programmatiques avec la France Insoumise. Quiquonque est déjà allé à un meeting FN sait que les références aux services publics font bailler les spectateurs qui n'attendent qu'une harangue anti immigrés, anti banquiers, anti normes, anti média, anti tout. Maintenant que sa ligne s'éclipse, la recomposition se clarifie et la mauvaise foi ne pourra durer éternellement : non, gauche radicale et extrême droite n'ont rien à voir. Oui, l'extrême droite est parfaitement soluble dans le bloc bourgeois, Laurent Wauquiez s'en frotte les mains par avance. Avis à tous les désespérés sociaux, ceux qui veulent retrouver des Communs et du Partage, si vous continuez à lorgner vers le FN, vous avez autant de chances de trouver ce que vous voulez qu'un gnou d'échapper à un troupeau de hyènes.
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