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15/06/2018

Pognon de dingue : le contretemps

Plus le quinquennat avance, plus Macron me fait penser à ces soviétiques qui pensaient en 1991 que l'URSS avait raté car on était pas allés assez loin dans l'expérience communiste. Les propos librement volés de notre Président sur le "pognon de dingue" que nous coûtent nos aides sociales auraient, éventuellement, pu être été audibles il y a 40 ans, quand on ne savait pas. Aujourd'hui ça relève au mieux de l'aveuglement, au pire du délire de persécution des plus fragiles. 

Effectivement, le modèle de protection sociale français représente une part très importante de nos dépenses publiques, de la redistribution de nos richesses. Et cette part augmente avec le temps, mais on oublie de dire pourquoi ce qui changerait tout. Ca n'est pas de la gabegie, de la mauvaise gestion ou de l'idéologie socialiste. Mécaniquement, le fait que nous vieillissons augmente ses dépenses sociales, on paye pour nos aînés, nos plus fragiles, les personnes en situation de handicap ne meurent plus à 30 ans comme après guerre. On arrive à soigner davantage de cancers... C'est ça, les dépenses sociales. Et quand on voit la situation dans les EHPAD, le montant de l'AAH (allocation adulte handicapés) ou encore les prestations versées comme le RSA (dont la moitié des bénéficiaires potentiels ne le réclament même pas) ou les allocations familiales, difficile de dire aux personnes concernées qu'elles touchent "un pognon de dingue". Alors oui, les personnes en question restent pauvres. Ca s'appelle la fragilité, ça s'appellent les inégalités qui se sont tant amoncelées qu'elles forment des discriminations systémiques et que pour ceux qui ont sombré, qui ont perdu confiance, qui n'ont pas de formation initiale ou qui ont subi un accident, le volontarisme et le wishfull thinking comme on dit dans la start up nation, ne peuvent suffire. 

Ce que Macron refuse d'admettre et qui, en 2018, relève pour le social de l'équivalent du climato sceptissisme, c'est que le "quand on veut on peut aller vers le plein emploi" ne marche pas. Tous les pays qui baissent les dépenses sociales voient les plus riches être encore plus riche, le chômage baisser MAIS la pauvreté exploser. L'Allemagne et sa loi Hartz IV est à la fois le pays d'Europe où la pauvreté a le plus augmenté ses 15 dernières années (hors Grèce, hein) mais aussi les travailleurs pauvres. Idem pour le Royaume-Uni sans parler, évidemment, des Etats-Unis, où 25% des travailleurs sont sous le seuil de pauvreté. Des chiffres effarants de violence et qui ne cessent d'augmenter. Dans ces trois pays, de plus en plus de personnes à la rue, de plus en plus de refus de soins, de plus en plus de bagarres de SDF pour récupérer l'argent des consignes, des queues qui s'allongent devant les banques alimentaires. C'est ça, le prix à payer pour ne pas vouloir dépenser un "pognon de dingue" et le redonner de l'autre main, à ceux qui ont déjà tout...