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18/02/2019

Pourquoi faire compliqué ?

Une des choses les plus troublantes dans les commentaires qui ont suivis l'agression de Finkielkraut, c'est le manque de simplicité. La capacité à biaiser, à diverger, à finasser pour des raisons tactiques ou électoralistes, pour ne pas appeler un chat un chat et des antisémites des antisémites. En face, la surenchère inutile de quelques zélotes apeurés fait peine à voir. Le son, les images, tout est là, ça ne prête guère à interprétation. Quand on voit la scène, quand on entend ce qui se dit, on condamne ardemment sans ajouter de "mais". 

Griveaux, comme les cons, ne déçoit jamais. Sur une vidéo où l'on entend distinctement des horreurs comme "rentre à Tel Aviv", "barre toi de France, c'est nous la France" et autres appel à une punition divine, il invente un "sale juif" parce que ça l'arrange. Evidemment, le camp d'en face dit que ça n'est pas vrai, ce en quoi ils n'ont pas tort... Sauf que le reste a bien existé et c'était tout aussi glaçant. Griveaux 0 / en face 0.

Sylvain Maillard, l'imbécile qui pensait que nous avions 50 SDF en Ile de France, explique qu'après ça l'urgence est de faire une loi condamnant l'antisionisme. Une loi de circonstance inutile, les haineux agressant Finkielkraut pouvant déjà être poursuivis pour antisémitisme tant le mobile est accablant. Le jour où Israël coupe 138 millions de $ d'aides à l'autorité palestinienne pour forcer l'Etat arabe a accepter encore plus une colonialisation des territoires infâme, l'antisionisme peut s'entendre sans une once d'antisémitisme. Critiquer Nethanyahou est un devoir humanitaire. Maillard 0.

Mais de l'autre côté, pourquoi dire qu'il y a une instrumentalisation de l'antisémtisme en réponse à une agression ? On peut dire dans l'absolu, dans un grand débat où l'on évoque la fiscalité et que cette question arriverait comme un cheveu sur la soupe que c'est une diversion. On peut. Mais là, en l'espèce ? On condamne fermement, on soutient ou pas, on va manifester ou pas, mais on dit bien que les mecs qui ont proféré ces horreurs doivent être jugés. Ca n'engage rien d'autre, ça n'embarque pas tout le mouvement, mais c'est dit fermement. Dans un même week-end où Ingrid Levavasseur fut expulsée du cortège par des gilets jaunes lui faisant des doigts d'honneur et la traitant de "salope" et de "collabo" une condamnation des éléments fascistes du cortège est le minimum à attendre.

Et puis le "il répand la haine depuis des années", qu'est-ce que c'est que cet argument ? Je ne dis pas que c'est faux, mais c'est hors propos. Quand "Répliques" ne parle pas de littérature, je coupe souvent la radio tant les vues politiques de Finkielkraut sur l'école, la civilité ou le vivre ensemble, toutes choses menacées par l'islamisation de la France, me navrent et me débectent au plus haut point. Bien sûr il a une parole blessante pour des millions de gens. Mais il n'appelle pas au meurtre. Il n'appelle pas à la violence, il ne la propose pas. Et puis surtout, prolongeons la logique de Thomas Guénolé : Eric Zemmour, il appelle à la violence depuis des années. On le caillasse ? Philippe De Villiers ? Les gens de la Manif pour Tous aussi, qui insultent les homos ? Et moi d'ailleurs, moi qui me moque des religieux, ne devrais-je pas être légitimement conspué pour cela ? Ou s'arrête cette logique ou on justifie les violences hors temps de guerre ?

Finkielkraut a 75 ans, les sbires qui lui hurlent dessus l'auraient tabassé sans les flics et d'autres gilets jaunes protégeant le philosophe réac, est-ce acceptable ? Evidemment non. Parfois, il n'y a pas de "mais". Finkielkraut a été agressé par des nervis antisémites qui n'ont rien à faire, 1/ dans un cortège de contestation sociale 2/ dans une République laïque qui protège le droit de croire ou de ne pas croire. Ca n'est pas plus compliqué et n'appelle pas d'alambics.