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14/06/2019

Social et en même temps sociétal, l'introuvable équation

Le gimmick présidentiel pour illusionner sur une politique capable d'embrasser à la fois la droite et la gauche fait long feu... Evidemment parce qu'un vague écran de fumée "sociétal" la politique Présidentielle est unanimement (à l'exception de quelques membres du gouvernement honteux) jugée comme "de droite". Et c'est bien là où le bat blesse : le progressisme c'est tout pour le sociétal, rien pour le social. Et certains espèrent malgré tout qu'on les remerciera. S'opposer aux plus réacs vous vaut brevet de courage. François Hollande n'hésitait pas à rappeler la détermination de Taubira face aux nervis homophobes de la Manif pour Tous. Certes. Mais cette loi d'égalité de droit, toute juste qu'elle soit, ne pèse pas lourd face à la plus grosse -et la plus injuste- des niches fiscales de ces 40 dernières années : le CICE.... Macron part sur les mêmes bases, Edouard Philippe s'est fait applaudir à l'Assemblée quand il a pris sa voix de stentor pour dire que son gouvernement ne reculerait pas face aux conservatismes et qu'il accorderait la PMA à toutes les femmes. C'est bien. Mais ça ne nous ramène pas l'ISF, la flat tax, le plafond de l'imposition des banquiers.... 

Dans nombre de grandes entreprises, la même lame de fond est à l'oeuvre. On signe la Charte de l'Autre Cercle pour les LGBT, on s'engage dans He for She pour dire que la parité compte, mais de là à accorder autre chose que des miettes sur les profits, ne rêvons pas. Les bonus et dividendes pour le 1% battent des records et si, sous la pression jaune, ils lâchent des primes exceptionnelles, rien de pérenne. La prime, ça n'est ni du salaire, ni de l'intéressement. 

Un patron de grande banque championne d'Europe de la fraude et en même temps de l'optimisation fiscale a un jour brandi son Blackberry (oui oui...) en AG d'actionnaires pour dire qu'il avait reçu 12 000 mails de clients mécontents parce qu'il avait signé la charte LGBT dans sa boîte. Applaudissements. Mais le défilé des sommes volées au bien commun ne provoqua, en revanche, aucune réaction.

Il y a peu, j'ai animé une conférence avec Najat Vallaud-Belkacem à qui j'exposais cette insoluble équation et elle s'est récriée "je ne supporte pas cette hiérarchie, le social n'est pas au-dessus du sociétal". Plus loin dans la discussion elle s'est inquiétée de l'explosion scandaleuse des inégalités comme si ces dernières montaient par enchantement...

Il faudra bien un jour que le politique se reprenne : sur le sociétal, il court après la société, justement. C'est grâce aux mouvements sociaux, qu'est venu le droit à IVG, la dépénalisation de l'homosexualité, le PACS et le mariage... Et à chaque fois, il cède en retard. Le politique lui, devait avancer sur le social avec les corps constitués. Il n'est pas exclu d'avancer sur les deux fronts...