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26/08/2019

Macron, vert dehors, jaune dedans

"Quand je m'estime, je me désole. Quand je me compare, je me console". Cette maxime, attribuée à Talleyrand, Villiers de l'Isle Adam et nombre d'autres, sert de boussole écologique à Emmanuel Macron. Ce qui lui permet, en dépit de tous les faits, d'afficher des convictions écologiques, c'est l'existence de Trump ou de Bolsonaro. Tant que de tels écocidaires perpétueront des atrocités, Macron sera peinard. Comparé aux ravages du gaz de schiste et des nouveaux oléoducs pour le pétrole du type Keystone (auquel, pour une fois, Obama s'était fermement opposé) d'une part et aux ravages volontairement causés à la forêt Amazonienne, le grand gourou de la Start Up Nation ressemble à un militant du WWF. 

Malgré tout, à chaque fois, on parle d'un magistère de la parole. Jamais il ne s'est fâché avec un de ses dirigeants au point de dénoncer un traité, de prendre des mesures économiques ou fiscales pour lutter contre le dumping écologique. Il pourrait. La France et ses agriculteurs pourrait décider de stoper l'import de kiwis de la lointaine Nouvelle-Zélande, puisque nous avons pléthore. Du boeuf d'Argentine et du Canada tant que nous n'aurons pas écoulé nos Aubrac et Limousine. Mais non... Quand il fait semblant de tancer Bolsonaro sur le Mercosur, il le fait au nom de l'Europe, en sachant pertinemment qu'aucune opposition claire ne viendra, Merkel y veillera. Il n'a pas dit "face à ce menteur, la France se retire du Mercosur", il a dit "le texte n'est pas ratifiable en l'État", comprenez "là, il y a le G7, les caméras sont sur moi, lâchez moi la grappe...". Beaucoup d'oscillations, aucune action. Du pur Sarkozy sur la sécurité. 

Mais à l'intérieur, sur tous les dossiers pour lesquels il avait 100% de marge de manoeuvre, quel bilan ? Signé, des deux mains avec toute l'énergie possible, le CETA. Un texte qui favoriser l'inepte importation de boeuf aux hormones et de saumon transgénique canadiens. Youpi... Démantelé, le transport le plus vert, le train avec la réforme de la SNCF qui va entraîner des fermetures de lignes et la hausse du trafic autoroutier contre le ferroutage. Youpi.... Sauvegardé, le glyphosate en dépit de toutes évidences scientifiques. Coupées, les aides au bio quand la demande est là, partout. Soutenu, des projets écocidaires en diable comme Europacity, en Ile de France, ou la Montagne d'or, en Guyane. Refusé, la loi de bon sens interdisant les vols intérieurs quand l'alternative en train existe... Et enfin, évacué, les engagements de la France a diminué ses GES car jugés "non réalistes"/ Conformément aux jugements des ONG en écolo sur la foi des programmes, Macron est bien le président le moins écolo que l'on ait jamais eu. Et de loin. 

Ce matin, dans son édito sur Inter, Thomas Legrand estimait que Macron "jurait avoir changé et faire sa conversion écologique", mais "le drame c'est que ça ne sera jamais assez pour les écolos". En clair, il comparait des postures pour donner tort aux verts. Une simple étude des faits lui aurait pourtant montré qu'il n'a en rien changé avec le candidat de 2017 qui ne se soucie de la planète que le temps d'un #... 

16/08/2019

Mesurer la démesure

On ne sait plus dans quel sens prendre les chiffres pour faire réagir nos élus. Les exemples à suivre sont américains, mais les français étant les milliardaires qui s'enrichissent le plus vite (source Bloomberg, peu taxable de léninisme dur) les courbes ahurissantes seraient les mêmes. Est-ce que les plus indécent est que la fortune des Walton, propriétaire des supermarchés Wall Mart, gagnent 36 milliards $ par, 100 millions par jour, 4 million par heure ou 70 000 par minute ? Peut être ce dernier est le plus insultant car le plus simple à comprendre. 

Dans nombre d'entreprises inhumaines actuelles, on coupe les pauses toilettes au motif que cela nuit à la productivité, voire, dans le cas d'usines avec un linéaire, ça arrête la production ce à quoi la direction réplique en faisant porter des couches aux employés. Voilà à quoi un modèle économique peut nous réduire. Nous humilier pour gagner 5 minutes. 

Les membres de la famille Walton, eux, vont aux toilettes quand bon leur semble. Peu probable qu'un de leurs cadres ne les presse pour sortir. Admettons que les Walton s'autorisent 8 minutes de pause toilettes. Le temps d'aller là pour satisfaire un besoin on ne peut plus incompressible, ils auront gagné 560 000 $; soit 20 ans de salaire d'un de leurs employés. 8 minutes / 20 ans. En deux pauses toilettes, une vie de labeur. Voilà...

Les Walton ont empoché 52 milliards d'exemptions fiscales avec les réformes Trump, notamment en ce qui concerne les successions. Ils payent proportionnellement moins d'impôt que leurs assistants de direction et refusent mordicus d'augmenter leurs salariés du bas de l'échelle, qui restent bloqués à 11$ de l'heure.

La fortune des Walton n'est pas fondé sur un modèle économique tellement supérieur aux autres qu'ils gagnent de l'argent quand tout le monde en gagne. Au contraire. Elle repose sur une complicité honteuse des pouvoirs publics successifs, de ristournes fiscal qu'il faudrait rebaptiser en "gigantesque hold up avec caution légale", ajouté au fait de tirer les conditions sociales de l'écrasante majorité de leurs salariés vers le bas, mais aussi leurs intermédiaires. Une spirale 99,9% négative et 0,1% vertueuse. Et pas qu'un peu.

On peut remplacer "Walton" par Bezos, Arnault, Gates, tous ont fait fortune sur un mix dumping fiscal/dumping social répugnant. Cette petite caste des milliardaires comptaient 400 personnes en 2000, 2137 aujourd'hui. Leurs fortunes cumulées pèsent autant que le PIB du Japon et de l'Allemagne réunis, soit 200 millions d'habitants de pays super riches. 

La prochaine fois que vous entendez un chef d'Etat expliquer qu'il faut "faire des efforts" ou qu'il "n'y a pas d'argent magique", dites vous bien qu'on atteint le summum du "plus c'est gros plus ça passe". On a pris des Bastille pour beaucoup moins que ça... 

12/08/2019

A quand une transformation des retraites ?

La semaine du mitan d'août, les vacances prennent tout leur sens : tout est vide. Les rues des villes, les bureaux, les boîtes mail. Seuls les professionnels du tourisme mettent les bouchées double et les sur réservations. Face à ce temps libre retrouvé, on en vient à aborder plus que sereinement la période qui succèdera à la vie professionnelle. Ca doit être sympa, de pouvoir visiter des sites magnifiques hors périodes de pointe chaque année. Plus calme, plus beau et cerise sur le strudel, moins chère aussi. L'été, on peut profiter des musées vides, des salles de ciné fraîches et des terrasses où il ne faut pas se battre. La vie doit être douce comme Paris au mois d'août, de René Fallet.  

On devrait voir les retraites ainsi, comme un cadeau inespéré que nous offre la vie. En 1945, l'espérance de vie des français correspondait à celui du départ en retraite, 65 ans. Il y a désormais 22 ans de temps libre gagné entre l'arrêt du travail et le trépas. 22 ans, c'est inouï. Michel Serres évoquait souvent le fait que la longévité nouvelle de l'humanité mettait fin à elle seule au débat de savoir "était-ce mieux avant ?" et de répondre par la négative. Le professeur de gérontologie Gilles Berrut aime lui à rappeler que les sexagénaires et les septuagénaires sont les plus heureux de nos concitoyens selon moult enquêtes. Pour une société qui vend la quête du bonheur comme le Graal et, en même temps, la jeunesse comme absolue, voilà qui fait clocher l'équation. 

Je ne dis pas que la sémantique joue pour tout, mais personne ne veut battre en retraite. Personne ne veut capituler devant le triomphe supposé que fut la vie professionnelle... Je jalouse les espagnols qui, lorsqu'ils ne travaillent plus, deviennent des "jubilados". Jubiler est une perspective autrement plus tentante que de battre en retraite. Pourtant, les chenus espagnols sont bien plus pauvres que les Français. Le minimum retraite en France est trop faible, c'est une litote et la dépendance est un fléau humain comme financier. Mais le minimum retraite reste plus sympathique que son homologue jeunesse et moins de 20% des vieux deviennent dépendants. Et souvent la dépendance survient à 80 ans. On pourrait tout de même parler de ces années de 62 à 80, de ces dix huit années passées à découvrir, à apprendre, à donner de ses savoirs, de son temps, à ses enfants, ses petits-enfants, à des associations. Il y a tant de choses à faire pendant ces dix huit années, une vie du commencement au bac, quand même. Ça n'est pas rien. C'est même assez fou.

Depuis trente ans que je suis la politique, on ne m'a jamais parlé de ça pour me vendre une réforme de retraite. Personne n'a jamais vendu de transformation. Tout le monde sort des graphiques d'espérance de vie et devise pour savoir combien de trimestres travaillés il faut rajouter pour obtenir une retraite à taux plein. Personne ne nous parle de retraite vraiment progressive (pas une pseudo pré retraite qui maquille souvent des licenciements honteux) pour tout ceux qui ont peur du vide et qui pourraient décélérer le rythme hebdomadaire dès leur 50 ans, pour finir à 65 ans et tirer le rideau après une dernière année passée à travailler 18 heures par semaine, pour transmettre quelques ultimes savoirs.

Surtout, personne ne vous vend des bilans de compétences personnelles pour permettre aux néo retraités de réussir leur retraite. Ca n'est pas rien, de passer d'un temps plein et socialement encensé à un temps vide et socialement méprisé. Ca n'est pas rien, d'entendre à longueur de journée qu'on "coûte" qu'on est "un fardeau" quand on aussi beaucoup apporté... L'expression "changer de regard" est un lieu commun, j'en conviens, mais elle dit bien l'essentiel. Changer de regard sur la retraite qui est devenu un quart de notre espérance de vie me paraît une priorité autrement plus ardente que ce qui sera débattu à la rentrée avec une réforme de retraite ressemblant comme deux gouttes d'eau, aux précédentes. Caramba, encore raté. Français, encore un effort pour enfin jubiler.