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10/10/2019

Alice et le maire

image.jpgDepuis que ma fille est née, je ne suis pas allé au cinéma, c'est dire si mon jugement est biaisé. Passé la délicieuse surprise de se sentir voler deux heures de temps en rentrant dans une salle par effraction, en pleine journée (même si le hold up eût lieu à la caisse, 13 euros la place ? Vraiment ? Bon, c'est pas le sujet, mais après plus de quinze années à oublier le prix des places à cause d'un pass, l'idée que ça a plus augmenté que le ticket de métro) et le passage obligé par les bandes annonces évoquant la sécheresse des scénaristes (un nouveau volet d'avant "la vérité si je mens" un énième épisode de Terminator) la sensation d'avoir vu un film dont on garde le goût longtemps après l'avoir vu. Comme un whisky japonais qui ne bluffe pas sur le coup, mais se diffuse lentement par la suite, "Alice et le maire" est un film sur la politique auquel je sais que je repenserai, comme "l'exercice de l'État".

Hier, j'ai longuement interviewé la philosophe Sandra Laugier pour son nouveau livre sur les séries et nous avons longuement disserté des mérites de "The West Wing" et "House of Cards" pour convenir que rien ne remplacerait The West Wing, inégalée en termes de série politique car elle part de l'idéal pour aller vers le réel, quand toutes les autres séries écrites depuis s'enfoncent dans l'invraisemblable de façon plus (House of cards) ou moins (Baron Noir) grotesque....L'aile gauche partait de l'idéal moral du politique, la montrait à l'oeuvre avec ses contradictions, ses envies immédiates et lointaines, ses ambitions petites et grandes. "Alice et le maire" s'inscrit dans cette lignée.

Sans doute certains trouveront ils le film bavard, pas assez nerveux, manquant de rebondissements. Peu être angéliste, aussi.  Je l'ai trouvé remarquable de réalisme. Tous les conseillers, les aspirants, les impétrants, les ex comme les actuels que je côtoie devrait y aller. Si ça ne leur parle pas, c'est qu'ils sont malhonnête. Rapport malade au temps, de la décision comme de la réflexion et rapport malade aux autres, adversaires ou alliés, électeurs hostiles ou sympathisants que nous voyons trop par intérêt. Tout est suggéré, peu est souligné. 

Dans le film, ni l'intello ni le maire ne sont sympathiques ni antipathiques. Ils voudraient faire mieux. Et nous aussi. On voudrait tous, collectivement, faire mieux. On lutte, on s'esbigne, on n'y parvient pas. Alice et le Maire ne donne pas de leçons, ne montre pas de recette magique, ne dramatise pas non plus à outrance. C'est un film qui donne envie de redonner sa chance à la politique. Par les temps qui courent, ça devrait être remboursé par la sécu.