Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

28/09/2019

Les commentateurs ne s'arrêtent que dans le cercueil

Chirac est mort et il n'a pas fallu chercher bien loin des commentateurs l'ayant connu : ils sont toujours à l'antenne. Duhamel, Elkabbach, Chabot, Guillaume Durand, FOG, Ockrent, Barbier, Pujadas, Apathie (et j'en oublie sans doute) tous ces gens qui pourraient prétendre à une retraite bien méritée, sont toujours au micro et ont donc pu livrer leurs analyses sur celui qu'ils ont connu maire de Paris, ministre, premier ministre, Président du RPR, au fond du trou, président de la République, condamné en justice, condamné par la maladie... C'est un mal terrible que cette permanence absolue pour le débat public. 

Évidemment, les journalistes ne sont pas des élus, ils ne briguent pas de suffrages et n'ont donc aucune raison de se retirer puisqu'ils ne peuvent être battus (et encore) que par audiences catastrophiques... Mais dans un monde changeant, ce fixisme a quelque chose de navrant. Ca ne sont pourtant pas les émissions qui manquent, personne ne leur demande de devenir pâtissier ou ébéniste, mais de passer à la rubrique social, culture, faire du documentaire, de l'enquête, ou partir en retraite, m'enfin changer quoi... 

L'âge ne fait rien à l'affaire, la permanence au pouvoir, si. Comme les directeurs d'administration condescendants face aux ministres à qui ils disent "j'en ai vu passer d'autres avant vous, et moi je suis inamovible", il y a beaucoup de morgue chez les commentateurs. Beaucoup de démonstration de méchanceté gratuite avec les perdants et de flagornerie avec les nouveaux vainqueurs selon le triptyque connu "on lèche, on lâche, on lynche". Au-delà de cette lecture très turfiste qui biaise singulièrement leur grille de lecture, ils se remettent peu en cause sur leur vision des grands enjeux.

Sur la question écologique, ils continuent tous à opposer économie et écologie selon une dialectique ancienne et c'en est gênant... Encore une fois, l'âge n'est pas en cause, Edgar Morin était précurseur sur ces sujets et la majorité des jeunes ne descend pas dans la rue pour le climat, mais même ceux qui n'en ont cure comprennent bien après le lycée que "ressources finies, croissance infinie = impossible" et évitent donc de nous boursouffler avec la croissance verte ; les commentateurs, si. 

Sur la question sociale, ceux qui ont connu le plein emploi stigmatisent systématiquement les chercheurs d'emplois avec une stupidité sans nom, comme s'il suffisait de traverser la rue pour trouver un boulot (oups). 

Sur les institutions, vous ne pouvez pas demander à ceux qui n'ont connu que les logiques de partis, d'appeler à un dépassement vraiment démocratique, quelque chose de continu, de comprendre les enjeux de l'abstention militante...

Au baromètre dans la confiance, les médias connaissent une chute beaucoup plus rapide que d'autres corporations. Je doute que les journalistes d'investigations, d'enquête, les passionné(e)s, les diffuseurs de podcasts de longues interviews, y soit pour quelque chose. Le quelque chose de pourri est assez mal caché, il faudrait se décider à lui donner des vacances...