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18/01/2020

Y a-t-il une violence casher ?

Le télescopage des violences de la semaine offre un contraste saisissant. D'un côté, une dénonciation présidentielle forte "une honte pour notre démocratie", pour une intrusion sans mort ni blessé au siège de la CFDT. De l'autre, une concession à demi-mots d'une possible erreur par le ministre de l'intérieur pour la mort d'un homme non armé, à la suite d'un contrôle de police d'une brutalité inouïe.

A propos de cet acte, la décence minimale pousserait à qualifier d'assassinat involontaire, tant les pandores ont furieusement molesté Cédric Chouviat au point de ne pas se rendre compte qu'ils lui enfonçaient le larynx. À voir la barbarie de l'assaut, on se demande s'ils immobilisent un terroriste, un homme armé d'une kalach prêt à défourailler, d'un couteau prêt à trancher dans le vif de la foule, mais non, il n'est muni que d'un téléphone portable.
En dépit de l'évidence du meurtre, de Marine le Pen à Sibeth NDiaye, on récuse le terme de "violence policière" car "les policiers sont dépositaires de la violence légitime". Je ne sais pas s'il y a quelque chose de pourri, mais je sais que le fruit France est mur pour basculer dans un régime autoritaire. A la mort de Malek Oussekine, toute la France, tous les responsables politiques avaient hurlé, mis Pasqua en minorité et demandé à la maison poulaga de ranger ses éléments déviants. 34 ans après, c'est l'inverse. Solidarité, bloc autour d'assassins. La mort de Rémi Fraisse a récemment abouti à un non lieu et ceux qui ont poussé Steve Maia Caniço à se noyer sont toujours en service.

Les violences policières ne sont pas un sujet anecdotique, une petite succession de défaillances, de ratages dans le maintien de l'ordre, mais la manifestation la plus visible de notre indifférence aux abus de pouvoir. Quand je dis "notre", je veux dire par là que l'opposition à ces immondices rassemblent peu de monde. Nous sommes à genoux face à ces actes orduriers, éprouvant un lâche soulagement à ce que ça ne fut pas nous, car aucun des trois morts cités plus haut ne menaçaient l'ordre public. Ils étaient au mauvais endroit, au mauvais moment, nous pourrions être les prochains...

De l'autre, les mots sont de plus en plus rudes, pour les casseurs d'abribus, ceux qui foutent le bordel, dérangent la marche triomphante de la consommation en bloquant des entrepôts ou saccageant des boutiques. On les traite d'hérétiques, on les enferme dans des GAV prolongées, on les menace de prison ferme pour trois fois rien.

Des criminels protégés par le pouvoir, contre des agitateurs traités comme des criminels : sans doute l'expression la plus vive du dérèglement démocratique actuel..