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01/03/2020

Fin du débat

Concédons une évidence à la macronie : il y avait bien depuis quelques jours de l'obstruction parlementaire. Proposer un amendement visant à remplacer "annuellement" par "chaque année" c'est évidemment une perte de temps et dévoyer le travail règlementaire. Bien sûr. Mais la seule double question qui vaille est "comment en sommes nous arrivés là ? Comment les députés LFI en ont-ils été réduit à cette seule possibilité pour se faire entendre?". De cela, on cause peu, ce matin.

Le gouvernement passe en force alors qu'il a une majorité fidèle, voire au pied comme on dit des meilleurs labradors. Les comparaisons avec le passé ne tiennent pas. Valls le fit par menace des frondeurs, Rocard voulait s'éviter des crispations avec les courants socialistes, la chose ne tient pas en Macronie, modèle descendant au possible où les députés votent ce que dit leur Dieu, y compris sur les jours de congés en cas de décès d'un enfant, c'est dire. Non, ils passent en force car ils veulent s'éviter une déroute encore plus grande lors des municipales. Stratégiquement, ça s'entend. Démocratiquement, c'est un non sens.

Parler n'est pas débattre. A l'issue des révoltes des gilets jaunes il y eu un "Grand débat" organisé par une officine complice (Bluenove) dont il n'est rien ressorti en lien des revendications. La première d'entre elle était de renforcer le système public de santé et c'est un euphémisme de dire que ça ne fut pas entendu. Forcément, ça énerve. Ce gouvernement méprise tout le monde, syndicats, corps intermédiaires, oppositions politiques et ne retient pas une virgule des propositions qui ne sont pas les siennes. Forcément, ça rend fou.

Prenons un texte emblématique de réforme comme les 35h de Jospin. Opposition vent debout, le tout passe sans 49-3 et 20 ans après personne n'est revenu dessus. Par miracle ? Non, parce que le texte était très discuté, amendé, partagé. Beaucoup d'allègements de cotisations pour les grands groupes, des dérogations par branches, des exceptions, de la concertation quoi. Résultat, le texte passe largement modifié par rapport à la version initiale.

Là, on a un texte qui, dès qu'il est débattu, crispe tout le monde. On passe en trois mois de deux tiers à moins d'un tiers de soutien. On l'oublie tant tout passe vite, mais on fait face à des conflits d'intérêts qui, dans n'importe quelle démocratie mature, invalide le projet et propose un report d'un an. Le départ de Delevoye, le maintien de Jacques Maire malgré des centaines de milliers d'euros de rémunérations des principaux acteurs privés de retraites est d'un manquement éthique inouï. Par ailleurs, il y a un amateurisme fou dans le texte, les nouvelles retraites des fonctionnaires, des profs notamment, changeant chaque jour. Enfin, l'indicateur futur des retraites n'existe pas, selon l'INSEE. Avec des failles aussi gigantesques, le fait qu'un texte pareil soit soumis au parlement est pure folie. On ne peut pas débattre avec des forcenés pareils, tant mieux, ils ne veulent pas débattre. 

En termes de rapport de force, le pragmatisme à ce niveau rappel l'armée israélienne qui justifie le recours aux missiles face à des lanceurs de pierre. Pareille humiliation ne s'oublie pas et ne peux bien finir...