12/03/2020
Y a-t-il un pilote pour changer le système ?
"Nous sommes au bon moment pour changer de modèle, mais avec les mauvaises personnes au pouvoir" disait la prospectiviste Virginie Raisson-Victor en août dernier. C'était juste avant les dramatiques incendies en Amazonie et Bolsonaro qui regardait ailleurs. Depuis, ça continue en gore et en gore. Nos dirigeants oscillent, sont comme tétanisés par ce qui arrive, mais ne sont pas programmés pour changer de modèle, donc ils subissent. Par réflexe pavlovien, Bruno le Maire disait avant hier "il y aura un avant et un après coronavirus dans la mondialisation. Nous allons par exemple relocaliser la production de médicaments". Une alouette de relocalisation, donc. Quand on lui parlait du cheval liée au CETA, au nouveau traité de l'Union Européenne avec le Vietnam, Le Maire buggait, il ne savait pas répondre...
Ce matin, à la suite de l'annonce de la suspension de la privatisation d'ADP, deux visions du monde s'affrontent. Ceux qui disent "les conditions de marché ne sont plus réunies" ce qui sous-tend qu'elles le seront bientôt à nouveau. Et ceux qui disent qu'enfin, on va changer, puisque les pertes colossales que vont subir le secteur de l'aérien ne seront cette fois pas compensées : flygskam, pression politiques et donc changement de fiscalité, il est probable que les investisseurs seront moins nombreux. C'est l'occasion par exemple de réanimer la proposition de loi de LFI d'interdire les vols intérieurs et de donner des compensations ou allègements à Air France pour leur permettre de devenir une compagnie faisant exclusivement du moyen ou long courrier. En faire, enfin, beaucoup moins.
Idem pour l'agriculture. Les premières peurs liées au coronavirus concernent la bouffe quand l'Europe produit bien bien plus que nécéssaire pour l'abondance du continent. On peut continuer à exporter les excédents, mais on doit s'interroger sur nos imports massifs et sans doute superfétatoires : le coût écologique des avocats, du quinoa entre en compte bien sûr, mais avant tout l'import de ce que nous avons déjà... La viande argentine, c'est chic, celle du Canada, c'est peu onéreux mais comment expliquer qu'on fasse traverser l'Atlantique à tout ce poids quand il y a encore de la viande chez nous ? On pourrait limiter de façon pharaonique le gaspillage alimentaire, et en l'espèce, épargné des millions d'animaux, ne pas les produire pour les abattre. Mettre, enfin, des limites à notre économie sans frontières pour tous les animaux, et les objets, mais avec de plus en plus de murs voire de herses pour les malheureux qui fuient misère ou guerres...
Ce que je trouve fascinant c'est que le coronavirus impose une réalité bien plus violente en termes de limitations, de contraintes, d'entraves, que ce que les libéraux rejettent politiquement. Les propositions des élu.e.s écologistes de régulation, de quotas, de diminution de l'empreinte écologique sont bien moins violentes que ce à quoi le coronavirus nous contraint avec des blocages complets, des confinements absolus. Comme quoi, décidément, Virginie Raisson avait et a plus jamais, raison.
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