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22/03/2020

Nous sommes adultes

Au fond, le plus insupportable dans la situation actuelle, c’est l’infantilisation que nous impose le gouvernement. Ils mentent « pour notre bien » comme les parents avec la petite souris ou le père noël. Et le plus inouï, c’est qu’à chaque fois que nous leur disons « mais on vous voit. On sait ! Arrêtez vos conneries, dites la vérité ! ». Ils en remettent une louche.  

Depuis jeudi 12, lors de la première prise de parole présidentielle, la posture fut là. Papa Macron expliqua aux enfants de la nation, qu’il fallait se confiner mais en même temps, aller voter. La polémique enfla, tout devint intenable et Macron s’en sortit par une pirouette lors de sa deuxième (j’aurais aimé écrire « seconde » mais je crains que l’on ne s’en cogne encore quelques unes) prise de parole : « merci d’être allé voter, les enfants, on fera pas de second tour. Sinon, le vrai problème c’est que vous êtes trop dissipés, donc maintenant je vous envoie au coin chez vous ».  Ne pas s’excuser d’avoir envoyé 47 millions de personnes aux urnes et engueuler les quelques milliers d’incivils… Je ne disculpe pas ceux qui se sont entassés en parc ou jardin, je n’en faisais pas partie, mais quand on veut qu’on vous suive, il faut montrer l’exemple…

 

Sur cette histoire de municipales, le contre-argument était que l’opposition aurait hurlé au déni de démocratie si l’on avait annulé les élections par peur panique des mauvais scores pour LREM. Mais cet argument ne tient que si l’on soupçonne quelque carabistouille, quelque astuce, quelque mensonge. Si Macron avait été transparent, avait donné la parole aux scientifiques, personne n’aurait moufté. Là, il a honteusement instrumentalisé un « conseil scientifique » où personne ne parle vraiment, qui auraient dit que c’était possible. Mais impossible le dimanche d’après… TOUS les médecins interrogés à visage découvert ont dit qu’il ne fallait pas tenir ces élections. Forcément, ça agace, ça suscite de la suspicion.

 

Laquelle suspicion est décuplée par le fait que tous les membres du gouvernement se contredisent tous les matins. Blanquer qui dit que les écoles ne fermeront pas le 12, et acte qu’elles fermeront, le 13. Macron qui encourage tout le monde à aller au spectacle, le 8 et ferme les grosses salles le 10 et toutes les salles le 13. Sibeth N Dyaye, Catsaner, tous se contredisent, tout le temps en permanence. Quand Castaner dit qu’on peut aller sur les plages en respectant les distances de sécurité, Pénicaud exige des ouvriers qu’ils retournent sur les chantiers au péril de leur vie. Dramatique, irresponsable, criminel.

 

Cerise sur le strüdel du mensonge : les masques. Hier, Laurent Nunez refusait de reconnaître la pénurie de masque qui crève les yeux, enfonçant les bornes de la décence la plus élémentaire… Véran dit qu’il n’y a pas de problème, Salomon dit que ça passe, que ça n’est pas prioritaire pour la population, masquant par de la propagande l’incurie passée. Ils sont médecins et savent très bien qu’en Asie, en Corée du Sud notamment (je prends le régime démocrate pour pas qu’on me fasse le coup de la dictature) on a passé le cap sans fermer les écoles mais avec des masques pour toutes et tous. Nous avions 1,4 milliards de masques il y a 9 ans, Véran en a trouvé 140 millions en prenant ses fonctions il y a un mois… Ça se voit, ça se sait, il faut dire la vérité pour passer les épreuves ensemble. Mais non, on nous punit et on nous gronde en disant que si les urgences sont sur engorgées, c’est parce que nous ne sommes pas civils…

 

Le plus souvent (toujours ?) dans les crises économiques, on collectivise les pertes après avoir privatisé les profits. La gigantesque crise de 2008 ne fait pas exception. Les États se sont endettés, ont fait exploser les comptes sociaux pour rattraper les conneries des banques et des fonds qui, eux, n’ont rien payé (à peine du pourboire). Dans cette crise, le gouvernement s’arroge des mérites qui ne sont pas les siens, mais ceux des soignant.e.s et travailleur.euse.s qui se démènent au quotidien pour que le pays tourne. Et ils reportent sur d’autres ses propres errances, imprévoyances, manquement.

 

Hier, une action en justice a été intenté contre Buzyn et Philippe pour leur gestion de la crise. On l’a insuffisamment souligné, mais cette action est soutenue par 600 médecins. 600. Nous ne sommes plus dans une opposition personnelle, politicienne, à nos gouvernants. C’est un vrai soulèvement de toutes celles et ceux qui subissent et vont espérer fortement ne perdre personne dans ce drame, contre quelques gouvernants calfeutrés dans leurs châteaux. Le confinement empêche de facto la révolution dans les faits, mais elle est mûre dans les esprits.

 

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