Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

03/05/2020

Nous méritons les conspirationnistes

La France semble plus perméable que d'autres démocraties aux infox et autres thèses alternatives. Pas au niveau des États-Unis, où le locataire du bureau ovale encourage à boire de l'eau de javel pour se protéger, mais bien plus qu'en Allemagne, en Italie ou en Espagne... Nous croyons plus facilement aux fariboles sur la face cachée du Covid, faite de gigantesques profits pour big pharma, qui d'ailleurs seraient peut être à l'origine du virus... Triste, mais hélas grandement explicable par un mauvais exemple venant d'en haut. 

Le site du gouvernement propose depuis le 1er mai "une liste des sources d'informations sûres et vérifiées pour lutter contre la propagation des fake news". Vont-ils se condamner sévèrement eux-mêmes ? Selon eux, selon notamment le ministre de la santé et celui de l'intérieur, les masques "ne servaient à rien" il y a quelques semaines. Ils seront demain obligatoires et quiconque pénétrerait dans une gare SNCF sans masque après le 11 mai prendra 135 euros d'amende. Les mêmes arguaient "qu'il ne servait à rien de tester tout le monde" en omettant de dire qu'ils avaient cafouillé leurs achats de tests. Par bonté d'âme, nous éviterons de citer les propos de Jean-Michel Blanquer, démenti une vingtaine de fois en deux mois, qui passe son temps à diffuser, malgré lui, de fausses infos aux rectorats... Quid d'Elisabeth Borne qui assurait naguère que les professionnels de la propreté "n'ont pas besoin de se protéger pour leur métier", suite au décès de plusieurs éboueurs ? Pénicaud, Castaner, ad lib. Sans parler du pauvre Cédric O et ses pathétiques sorties sur "Stop Covid" qui respectera la vie privée et dont toutes les données seront non consultables par les pouvoirs publics. L'oubli des données et internet, c'est antithétique. Rappelons que Benjamin Griveaux a envoyé des vidéos destinées à être effacées pour justement qu'on ne puisse les ressortir. Rideau... 

Comment expliquer le gigantesque silence de l'immense majorité des médias autour des enquêtes de Médiapart ?  Les paroles s'envolent, les écrits restent. Dans les enquêtes de Mediapart sur les masques et des tests, pas de "source proche de pouvoir", ou encore de "témoin qui souhaite rester anonymes", pas d'insinuations mais des faits irréfragables. Des mails accablants montrant l'impéritie du binôme Véran-Salomon. Des pieds nickelés criminels qui ont refusé les mains tendues proposant d'aider à acheminer des millions de masques quand il était encore largement temps, avant que ce marché ne soit le far west... Ce genre d'enquêtes devraient évidemment faire la Une de l'ensemble des grandes rédactions, à commencer par les médias publics. Rien. Un entrefilet. Mise à part une longue interview de Plenel par Brut, rien.  

Nous ne sommes pas dans une dictature, nous n'avons pas de médias officiels, nous ne pouvons pas bloquer l'info et c'est heureux. Mais la concentration des titres français dans les mains de 7 oligarques et la nomination de l'exécutif à la tête de l'audiovisuel public comme la consanguinité (au sens propre) entre politiques et grandes voix médiatiques remettent sévèrement en cause notre indépendance d'esprit. D'où notre piteux classement par RSF, en termes de liberté de la presse...

Ne pas reprendre les mensonges d'état, mais au contraire axer les journaux, les reportages, les sujets, sur la tonalité de l'exécutif faite d'infantilisation permanente "respectez bien le confinement, sinon pas de chocolat, pas de déconfinement le 11 mai" c'est ouvrir la porte à d'autres récits. Dans un monde ouvert, il n'est pas compliqué de s'informer hors grands canaux, pas compliqué de se rendre compte qu'il n'y a pas d'équation magique entre confinement et nombre de mort, au contraire. Les ultra confinés ont des chiffres de morts catastrophiques. Ceux qui testent, isolent et se protègent, s'en tirent cent fois mieux. On continue à nier cette vérité grosse comme l'éléphant dans la pièce. On pousse littéralement toutes celles et ceux qui sont perdus dans les bras de ceux qui vous jurent que la vérité est ailleurs, que Bilderberg a inventé ce virus pour faire pleuvoir des dollars sur big pharma, mater les révoltes et obliger les pauvres à accepter des jobs de misère... 

L'interview de Chapoutot où il explique que Merkel parle aux allemands comme des adultes et Macron comme des enfants a tout résumé des drames actuels. Parfois, on ment aux enfants pour leur bien, pour les protéger. Jamais aux adultes. Quand les enfants découvrent les mensonges, ils sont vexés, blessés et il faut du temps pour renouer la confiance. Les adultes vont chercher d'autres référents, d'autres récits, d'autres sources. On ne peut les blâmer... En employant les méthodes des régimes autoritaires (le ministère de l'information qui trie celle qui est autorisée, sans penser à mal, ça inspire plus Goebbels qu'Albert Londres), on suscite un dégoût évident et on mithridatise les électeurs aux dangers des régimes autoritaires authentiques. Vivement 2022...