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10/06/2020

Elle a progressé

Ce matin, à l'antenne de la première matinale de France, Marine le Pen a fait un quasi sans-faute. Entre la gestion du Covid par ces modèles (Trump, Poutine, Bolsonaro), les manifestations contre les violences et le racisme dans la police, des discussions économiques vives, elle jouait pourtant moins sur du velours qu'au lendemain d'un attentat. Pourtant, elle a slalomé entre les embûches et tenu une ligne de force tranquille populiste qui pourrait aisément la mener à l'Elysée dans deux ans.

Sur les violences policières, elle tance les propos de Julien Odoul (son idiot utile qui avait déjà chassé une femme voilée d'un conseil municipal) assimilant Traoré à une "racaille" en disant que c'est un imbécile.... Avant de retourner la charge : les Traoré sont un "gang" de délinquants, les autopsies exonèrent les flics, la police peut pas faire son travail et s'il y a une priorité dans ce pays, c'est de permettre aux flics de se défendre. En l'absence de questions de relances sur les violences policières, aussi improbable que ça soit, elle fait ippon. 

Sur l'ISF, piège classique de l'ultra droite toujours rétive à taxer les riches, elle a très habilement dit qu'elle voulait la fin de l'IFI, permettre aux français de détenir du patrimoine ("ma cassette !", peut être des arrières pensées pour son manoir de Montretout), mais un rétablissement d'un impôt sur le super capital. Une promesse vague, qui ne mange pas de pain, qui permet aimablement de prétendre taper "sur la finance mondialisée". 

De la même manière, sur la gestion économique de la crise : elle martèle PME TPE PME TPE. Poujade mâtinée de small business act, ce que demande le peuple qui n'en peut mais des cadeaux sans contrepartie au CAC. Ippon, bis.

Sur la gestion calamiteuse de Trump et Bolsonaro, elle retourne la question avec son goût historique pour le souverainsme en en faisant un argument démocrate : je respecte le vote des américains et brésiliens, ils sont démocratiquement élus... Hier, elle employait la même famille d'arguments pour qu'on foute la paix à Saddam Hussein ou Bachar El Assad. Grossier, rudimentaire, mais efficace. 

Ce matin, Le Pen a signé la parfaite petite partition populiste et autoritaire, illibérale, qui maquille son racisme endémique en "respect de la souveraineté, son islamophobie en "respect de la laïcité" etc... Toutes ruses, tous artifices parfaitement décrits dans "les droits de l'homme rendent-ils idiots ?", que manifestement ces contradicteur.rice.s n'avaient pas lu, tant ils se sont fait blousés... 

Lors du débat de l'entre deux tours de la présidentielle 2017, Marine le Pen a été laissé pour morte, politiquement. Ca ne fut pas le cas. Et la bête blessée, comme un sanglier furibard contre la voiture qui l'a emplafonnée, est d'autant plus dangereuse. Les électeur.rice.s raffolent des suturés, des grands brûlés. Mitterrand et Chirac ont perdu plusieurs présidentielles avant de l'emporter. Sarkozy  a gagné à la première tentative, mais après avoir été laissé pour mort suite à une campagne européenne et surtout sa trahison de 95 pour Balladur... Hollande, monsieur 3%, a laissé la concurrence derrière lui. Ne l'oublions pas. Et surtout, assaut de modestie, car 2017, indubitablement, était la dernière cartouche du fusil armé d'un "c'est nous ou le chaos". Il reste sans doute des gens que Marine le Pen effraye. Mais ils sont minoritaires. Pour l'emporter, la stratégie de l'épouvantail ne suffira plus...