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28/06/2020

Des verts dans les fruits aux fruits verts ?

Il est des victoires qui vous engagent. La vague verte aurait pu aussi emporter Toulouse et Lille, mais quand même. Au 1er janvier 2020, même bourré comme un coing bio, pas un militant écolo ne pouvait rêver de gagner Lyon, Marseille, Bordeaux, Strasbourg, Besançon...

On peut et on doit s'en réjouir. Quand tous les partis rivalisent d'hypocrisie, repeignent à la hâte leurs devantures moisies en vert, la prime est allée aux originaux. Chouette. Néanmoins, deux hic majeurs. D'abord, avec des niveaux d'abstention stratosphériques, ces victoires ne constituent pas, mais alors pas du tout, un contrepoids pour 2022. Il manque des millions et des millions de voix. Les villes gagnées l'ont été parmi les 30% de non dégoûté.es, donc les plus diplômé.es, les mieux inséré.es... Les catégories les plus populaires, celles qui savent déjà qu'elles vont mettre des années à se remettre de la crise du Covid avaient mieux à faire que d'aller voter aujourd'hui, mais iront voter pour un.e président.e. Or, les verts ont toujours été à des années lumières dans la course à cette élection. Jadot n'a aucune chance d'avoir un score à deux chiffres, Piolle à peine plus. On se contrefout de ce que disent les sondages aujourd'hui, Mélenchon contre un vert en débat présidentiel, c'est un match perdu d'avance. La question n'est pas de parler de dynamique, mais simplement de rappeler qu'un vert et Mélenchon sur la ligne de départ, c'est déjà fini pour que la gauche entrevoit le second tour. Ces victoires ne changent rien de rien au destin des verts au point de vue national. Humilité, humilité. Et quête de l'unité. 

Ensuite, ne pas oublier. Les verts ont gagné grâce aux alliances rouges et roses, 100% à gauche. En mordant tout juste au centre droit pour éviter des LREM répugnants ou du RN. 100% à gauche. Ce qui sera évidemment récupéré par LREM, LR et le RN pour dire 100% gauchistes et caricaturer la seule alternative qui existe, à savoir un mouvement de justice écologique et sociale donc forcément, nécessairement, ontologiquement, obligatoirement à gauche et pas qu'un peu.

Et c'est là le second hic. Hulot, Cohn Bendit, De Rugy, Placé, Canfin, les écolos traîtres sont, hélas, légions. Barbara Pompili, aussi, histoire de souligner qu'une femme peut trahir aussi, mais dans le lot ce furent majoritairement des mecs. Le nombre de verts pourris qui se sont vendus pour une gamelle, ont avalé du glyphosate en bol, de l'usine d'huile de palme et autres trahisons ont terni l'image du mouvement. Lors du remaniement à venir, Macron essayera bien d'en débaucher encore un ou une. Pas un.e ne doit partir, l'écologie de combat ne peut plus se permettre d'être salie par des opportunistes. Les victoires engagent profondément les maires vainqueurs de ce soir, qui doivent se rappeler définitivement où ils habitent politiquement, faute de servir de marchepied à un Macron ce soir groggy, mais pas KO