Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05/10/2020

La vie suspendue

Dans les cafés napolitains, on peut acheter un café suspendu : on en boit un et en paye deux, le second étant à disposition de quelqu'un en ayant besoin et ne pouvant se l'offrir. On ne voit pas cette personne, on ne sait même pas si elle viendra, mais on se conforte avec ce geste qui nous fait dire qu'on est utile. Notre gestion actuel du Covid est à peu près aussi aveugle, avec un altruisme beaucoup plus incertain... Le problème est que face à un ennemi invisible, nous devrions tous nous souder et c'est l'inverse qui se produit.

Exemple magistral, hier, la passe d'armes sur Paris. Anne Hidalgo a dit que les bars et restos ne posaient pas problème, mais qu'il faudrait fermer les bars... Une fois n'est pas coutume, je suis d'accord avec Frédérique Vidal. La ministre des Universités a rappelé hier que si les facs étaient des clusters en nombre, ça n'était pas à cause du protocole sanitaire là-bas, mais à cause du fait que nombre de jeunes ayant fait la fête et s'embrassant, viennent en cours ensuite et se contaminent. C'est un peu une évidence. Le problème n'est pas le nombre, mais les conditions.

Hidalgo a perdu une occasion de se taire. Pour les non initiés, mettons les sous-titres : les bars et restos, sont supposés être de son ressort et elle se fait imposer une décision qui lui déplaît, donc, en retour elle tacle l'État qui gère l'enseignement supérieur. Sodomie de diptère 1 / intérêt général 0. 

Il y a nombre de pays où l'on s'on sort sans autant de mesures contraignantes que chez nous. Où l'on ne dégaine pas des menaces sur tout, mais où les attitudes prophylactiques justes sont intégrées par davantage de monde. Où chacune et chacun se rappelle que d'autres vies sont suspendues à la nôtre. Nos responsabilités individuelles doivent nous permettre de tout maintenir ouvert, d'éviter les a-coups permanents et épuisants. Les marronniers des suspensions, risques de reconfinement et autres possibles fermetures sont psychiquement plus qu'épuisants, intenables. Les vacances de la Toussaint auront-elles lieu ? Les partiels pourront-ils se tenir en présentiel ? Est-ce que ça sent le sapin pour les fêtes de Noël ? La seule et unique solution c'est de donner le primat, quoi qu'il en coûte, à une logique d'ouverture ; continuer d'agiter en permanence le chiffon de l'inéluctable clôture, c'est mortifère. Fontanet rappelle ce matin que le nombre de malades double toutes les trois semaines aujourd'hui quand il doublait tous les trois jours en mars. La diffusion est beaucoup plus lente et donc, la maîtrise de la diffusion beaucoup plus jouable avec un peu de responsabilité bien partagée. On voit bien, à Marseille, dans d'autres zones, qu'ils inversent les courbes de malades en quelques jours. Ça ne tient qu'à nous, mais faut qu'on nous fasse un peu confiance, là haut...