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17/11/2020

Syndicat de la peur, peur des syndicats

"Désormais, quand y a une grève en France, personne ne s'en aperçoit". Cette fanfaronnade de Sarkozy, en 2010, marque le début de la fin de la peur des exécutifs contre la rue syndicale. Sarkozy ministre de l'intérieur avait vu Villepin plier contre les opposants au CPE, il avait vu Juppé démissionner suite à son incapacité à faire passer sa réforme de la sécu. Lui n'a pas réussi à abolir les régimes spéciaux de retraite, mais cela ne l'empêchait pas de se donner le beau rôle parce qu'il avait réussi à imposer le service minimum dans les transports. Peu à peu, sous son quinquennat, la rue syndicale s'est érodée et n'a pas empêché la réforme Fillon des retraites ; sous Hollande, les syndicats d'abord timorés à l'idée de défiler contre le PS s'énervèrent franchement lors de la loi El Khomri. En vain. 

Sous Macron, les manifs monstres sont revenues, des blocages d'une durée inouïe et qui n'ont, hélas, rien obtenu. La réforme de la SNCF est passée en force malgré deux mois sans train. Celle de l'assurance chômage itou et la seule chose qui a bloqué l'inepte privatisation rampante de notre régime de retraite, c'est le Covid. Un an de collectifs hospitaliers à bout de nerfs n'ont rien obtenu non plus, seul le Covid a commencé à leur donner des moyens. Force est de constater, hélas, que le rapport de force est dramatiquement contre la rue, même quand elle marche longtemps, bloque longtemps et en masse, en millions de personnes. 

Il y a en revanche quelques syndicats dont le pouvoir a très, très peur. Ceux de flics. Des syndicats d'ultra droite (55% des policiers du pays se sentent proches des idées du RN, les baromètres Ipsos sur le sujet montrent une inexorable montée en puissance de ce chiffre) qui gagnent systématiquement tous leurs arbitrages jusqu'à aujourd'hui. N'étant pas devin, je ne sais si la loi de sécurité globale en débat cet après-midi à l'Assemblée va passer, mais je sais que tous les amendements qui font débat, sont des demandes des syndicats d'ultra droite. La surveillance par drones, c'est eux ; l'interdiction de filmer dans les manifs, c'est eux. Leurs revendications poujadistes sont les mêmes que ceux des régimes de l'est, la Hongrie d'Orban, la Pologne du Pis... Fait amusant (tristement amusant) l'ONU critique cette loi, les rédactions des démocraties du monde critiquent cette loi, mais pas le bloc de l'est. Cherchez l'erreur. 

Ces syndicats d'ultra droite effrayent le pouvoir. Une manif de nuit sur les champs, une manif plus inquiétante encore devant Radio France et le pouvoir leur cède tout. Ils cèdent tout à quelques dizaines de nervis. Habiles, ceux-ci ne demandent pas prioritairement des moyens humains et financiers. Ils veulent du matos et l'impunité. Pouvoir frapper, mutiler, tirer, sans emmerdes derrière. C'est ça qu'il demande. Qu'on oublie Adama Traoré, Cédric Chouviat et tant d'autres. Qu'on oublie les estropiés, les mutilés, les amputés des manifs de gilets jaunes. Contrairement aux syndicats de salariés publics, ils s'accommodent très bien du privé : plus on est de fous, plus on rit, pas de souci pour avoir le renforts de milices contre les manifestants...

Ce matin, Salamé a battu des records en reprenant tous les éléments de langage de l'ultra droite face à Patrice Spinosi. Violences faite aux policiers en hausse, procès d'intention contre la loi de sécurité globale, tout y est passé... Evidemment que les violences contre les flics augmentent, nous sommes en état d'urgence permanent, il y a des manifs et des tensions tout le temps. C'est une chose de reprendre les victimes de violences contre les flics, mais où est le chiffre des victimes de la police, en face ? Il baisse peut être ? Et quid des 3 enquêtes de l'IGPN sur 45 qui dont allés au bout ? 94% des enquêtes sur les bavures de la maison poulaga finissent à la poubelle... Circulez, y a rien à voir. Ni à filmer.