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22/11/2020

Résignation corruptrice ?

En janvier 2017, Emmanuel Macron qui peinait à décoller dans une campagne présidentielle terne dut son envol au classique des classiques en politique : la lutte contre la corruption. Fillon englué dans l'emploi fictif de sa femme, Le Pen gênée par ses assistants parlementaires européens et son financement russe, Macron enfilait les habits du chevalier blanc. Lui Président, il mettrait en place une République irréprochable, foin de népotisme, de cumuls indus, de renvoi d'ascenseurs et autres pratiques vérolées. 

Nous sortions d'un quinquennat Hollande riche en abus (Cahuzac, Thevenoud, Benguigui, Arif, Bruno le Roux, j'en oublie forcément des dizaines...) incitant le PS au profil bas, même après cinq ans de Sarkozy riches en crapuleries (Guéant, Joyandet, Dati, Woerth, Tron, Blanc et surtout Sarko lui même, une douzaine de fois), Macron eut le beau rôle... Trois semaines.

Dès le début de son quinquennat, Macron donna le signe qu'il allait laisser Sarkozy et Hollande des années lumières derrière lui en nommant au sein de son gouvernement des membres du MODEM empêtrés dans des histoires de financement troubles de leurs assistants parlementaires. Exit Bayrou, Sarnez et Goulard. Il maintenait, en revanche sa confiance, à Ferrand à la tête de l'Assemblée Nationale alors qu'il avait sur le dos une affaire lourde comme une armoire bretonne...

3 ans après, il ne s'est pas passé un mois sans qu'un scandale de corruption n'éclate. Certains ont abouti à des démissions, comme Rugy et ses homards, Laura Flessel et sa fraude fisclae, ou encore Jean-Paul Delevoye et ses 12 mandats non déclarés à la HATVP dont des conflits d'intérêts gigantesques avec la réforme des retraites qu'il devait mener. Ceux là sont graves, mais au moins, il y a démission, on est dans un fonctionnement normal. Ce qui n'est pas sain est sanctionné

Ceux qui m'intéressent plus sont les cas qui montrent le mépris forcené que Macron entretient avec ces délits. Pour l'ancien banquier d'affaires, où le trafic d'influence se rencontre au quotidien (rappelons que son fait d'armes, chez Rothschild, est une fusion entre Pfizer et Nestlé... yummy), les histoires de gros sous relèvent de la compétence, donc pas de problème. Le cas le plus emblématique fut, l'an dernier, son choix de commissaire européen. Il a poussé la candidature de Sylvie Goulard. Celle là même qui fut évincée à cause des assistants parlementaires. Sortie par la porte, elle revenait par la fenêtre et Macron la défendait vaille que vaille, avant de devoir céder car sa candidature était retoquée (notamment car elle avait perçu 10 000 euros mensuels de l'Institut Berggruen, pro américain). Macron fut furax et ne trouva mieux pour la remplacer que Thierry Breton, patron d'Atos, à la manoeuvre pour la privatisation des autoroutes et président de la Fondation LVMH. On s'étrangle. Pour ne pas désavouer deux fois la France, les membres de la commission laissèrent passer mais chez Anticor, on se pince. 

Il y a pire, il y a le recyclage. Bayrou out en 2017 pour les assistants, revient au Commissariat au Plan en 2020. Astuce "il n'est pas à l'organigramme du gouvernement et ne rapporte qu'au Président". Navrant. Ça tombe bien, à l'Elysée, il peut désormais causer avec le nouveau conseiller politique de Macron, Thierry Solère, mis en examen dans plusieurs affaires pour, excusez du peu, "fraude fiscale, trafic d'influence passif et détournement de fonds publics"... En novembre 2020, là, maintenant, son choix pour le conseiller politiquement se porte sur un type plus faisandé que 99,9% des élus du pays. On a échappé à Balkany. Son plus proche collaborateur à l'Elysée, Alexis Kholer a lui aussi une épée de Damoclès judiciaire sur la tête avec des conflits d'intérêts gigantesques. Et puis récemment, l'Élysée à fait pression sur le Drian pour obtenir une lettre mouillant le Quai d'Orsay tout ça pour que Bernard Arnault puisse racheter Tiffany 500 millions d'euros moins cher. Et pourtant, ça passe.

Comme sont passées, cet été, les excuses d'Olivier Dussopt, ministre de la fonction publique chez qui les pandores ont retrouvés deux lithographies de Garrouste valant plusieurs milliers d'euros, offertes par la SAUR (un concurrent de Veolia) après que Dusspot, alors maire, leur avait filé le marché de l'eau locale et augmenté la douloureuse pour les habitants de 77%. Dussopt avait reconnu, il a plaidé l'ignorance et s'en est tiré. C'est toujours notre ministre. 

Cette semaine, Transparency International note que deux pays s'opposent à un projet de loi européen pour l'encadrement des lobbys : la Hongrie et... la France bien sûr ! Nous sommes complètement anesthésiés, complètement habitués à ces pratiques qui ne révulsent pas nos dirigeants actuels, au contraire, ils se demandent pourquoi on les emmerde avec ça. 

Nous n'avons pas encore touché le fond, ça, ça sera fait si Blanquer reste en place. Dans n'importe quelle démocratie digne de ce nom, il serait parti de lui même avant qu'on lui demande. Des méthodes de barbouze RPR des années 80 : noyauter un syndicat étudiant fantoche pour faire écran de fumée à des réformes moisies... On remplace juste les happenings en AG et les mallettes de billets par des tweets et un virement du ministère de l'éducation nationale, mais tout est là. 60 000 euros versés avec l'intention de nuire, des preuves en pagaille qu'ils ont noyauté, qu'ils connaissaient les dérives financières de ces petits cons... Et Blanquer est toujours là. J'imagine qu'il compte sur la haine suscitée par Darmanin pour échapper à l'infamie. Pour le pays, pour le débat, pour les enfants et les parents, il faudrait évidemment qu'il démissionne, qu'il s'excuse et qu'il disparaisse. Je doute qu'il le fasse et ça ne peut que renforcer le camp du Tous Pourris, qui va de Marine le Pen au Général de Villiers, le Baron Noir qui monte qui monte qui monte...