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24/11/2020

Macronistes & Républicains US, même combat

Le parallèle suggéré en titre n'est pas totalement vrai. Il reste pour moi inconcevable d'avoir soutenu Trump en 2016, quand je conçois (malgré moi) qu'on ait pu croire au mirage Macron, en 2017. Mais force est de constater que quelques années après leurs arrivées au pouvoir, le fait que leurs camps les soutiennent aussi fortement à de quoi consterner, voire dégoûter.

Trump a perdu la présidentielle 2020. Ça n'est pas une allégation à discuter, c'est une réalité irréfragable. Pourtant, deux semaines après que la défaite de leur champion a été consignée, achevée, consommée, nombre d'élus Républicains continuent de ne pas reconnaître publiquement la victoire de Joe Biden et soutiennent Donald Trump dans des opérations de recomptage qui virent au grotesque. Ce matin, il accepte d'entamer la transition sans reconnaître l'incontestable, abîmant chaque jour un peu plus les institutions en installant son successeur à contrecoeur... Ces élus sont prêts à toutes les compromissions, à tous les compromis, à tous les reniements, pour un mandat de plus. Et ils savent très bien que l'onction présidentielle est déterminante pour les prochaines échéances. Pour être soutenus, ils restent dans les rangs d'un menteur pathologique ; le Washington Post a comptabilisé l'ensemble de cette oeuvre et l'estime à 13 mensonges ou affirmations trompeuses par jour de mandat, soit un peu plus de 20 000 en 4 ans... Cela va de propos délirants sur les caravanes de migrants qui arrivent aux États-Unis financées par les Démocrates (l'Acmé de la campagne des Midterms de 2018) à l'injection d'eau de javel pour éradiquer le Covid, en passant par le retour au goulag fiscal si Biden passe... Malgré tout cela, ils sont restés, au lieu de quitter le bateau et de laisser Trump se noyer seul, ils ont fait pencher (irrémédiablement ?) le parti Républicain de plus en plus à droite. 

Macron n'est pas Trump, la France pas les États-Unis, mais la logique de consécration de l'inacceptable est la même. Surtout, Trump 2016 et Trump 2020 sont les mêmes quand Macron 2020 aux accents autocratiques et aux relents identitaires n'a plus grand chose à voir avec le progressiste à l'américaine de 2017. Pourtant, ses troupes le soutiennent toujours... 

On peut penser ce qu'on veut de Nicolas Hulot, mais lui au moins est parti sur un désaccord de fond. C'était en 2018 et ça semble si loin... Sous le quinquennat précédent, Montebourg, Hamon, Duflot ou encore Taubira sont partis sur des désaccords de fond, ont exprimé leur ras le bol quand l'inacceptable (le CICE, l'encadrement des loyers, les roms ou la proposition de loi de déchéance de nationalité) était prononcé. On a beaucoup moqué les frondeurs quand ils étaient au contraire le signe que la démocratie parlementaire vivait encore. Des dizaines de députés qui rappelaient Hollande et Valls à leurs engagements. Sans succès, en raison de la mécanique institutionnel, mais au moins ont ils tenté. 

Macron s'est construit en anti Hollande, il veut à tout prix éviter d'avoir ce genre d'oppositions. Et alors qu'il trahi de manière démentielle ses engagements de campagne 2017, il arrive à cadenasser, à maîtriser. Bien sûr, il y a de la perte en ligne, Villani et Fortezza ont emmené quelques députés dans leurs campagne, Orphelin et consorts, mais à peine de quoi faire un groupe, à peine 15 francs tireurs quand ils devraient être cent. 

On nous a vendu Blanquer comme un technocrate moderne et anti politique. En réalité, il magouille comme Pasqua et montre son ultra idéologie avec une scolarisation à 3 ans comme un abandon des REP qui sont du pain béni pour les établissements catholiques privés des communes rurales qui récupèrent des subsides comme jamais. On nous a vendu Schiappa comme "la société civile pro communautariste à l'américaine" et la voilà en nouvelle égérie du Printemps Républicain ne mouftant pas au propos de Darmanin. Virage à 180° parfaitement analysé par Médiapart la semaine dernière. Combien de départs face à ces reniements ? Aucun. 

Nous sommes piégés par les étiquettes. Macron est techniquement issu du PS, a des alliés au MODEM et quelques transfuges de LR. Cela pousse nombre de commentateurs a en faire une force centrale, et à dire que plus à droite, il y a LR et le RN. C'est une folie... Les actes de ce gouvernement, en 2020, sont infiniment plus à droite que tout ce que proposait le programme de Fillon, en 2017 et il y a match avec le Pen...

Dans les mots, d'ailleurs, les masques sont tombés et le champ lexical de la macronie est d'ultra-droite : "islamo-gauchistes", employés à foison par Blanquer, Schiappa, Darmanin et consorts est un terme de la fachosphère. Ajoutez "l'ultra gauche" (pour parler de Libération, hein, pas d'un nouveau Tarnac), ajoutez "la déferlante migratoire", et vous avez un lexique fascisant recyclé, propret, dans les bouches de notre exécutif. Le minimum de décence, face à ce reniement inouï, serait de démissionner... Ils ne le font pas, les ministres comme les députés s'accrochent comme des berniques au rocher et comme aux US, cette obstination sidérante fait pencher le débat à droite toute.