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01/02/2021

Privé de tout, y compris de vie privée

On parle beaucoup des "restrictions" ou des "limitations" sanitaires. Des termes empreints de raison, de rationalité. À table, quand on a la chance de pouvoir la garnir, il est de bon ton de savoir s'imposer des limites, faute de quoi on ne rentre plus dans nos vêtements et on roule sous la table. Aussi, on nous présente les mesures actuelles comme raisonnables, comme un peu moins d'hédonisme, à peine un sacrifice. En réalité, on est privé de tout, y compris de vie privée et ça a de de quoi rendre, littéralement, fou.

Au premier rang des privations, celle de travail. Je pense aux centaines de milliers de personnes, peut être plus littéralement empêchées de faire leur travail et de gagner leur vie avec cela. Dans le lot, il y en a sans doute qui n'aimait pas leur poste, leur chef et autre, même elles et eux, à choisir, préféreraient reprendre, retrouver la sociabilité du quotidien, des repères et une justification sociale dans un monde où notre rapport au monde est surdéterminé par notre profession. Et puis il y a la majorité, celles et ceux qui aiment, qui adorent leur job et qui ne comptent pas leurs heures. Ironie sombre, dans les entrepôts Amazon où la haine du taff est forte et l'emploi souvent subi, on est à 100% de présent.es, chez les ami.es du spectacle ou de la table, métiers choisis, privé de dessert, de plat, et même d'entrée. Et évidemment, à cette déprime profonde, s'ajoute la détresse sociale, chaque mois plus prégnante : même dans un État comme le nôtre où les amortisseurs sociaux sont puissants, le compte n'y est pas. Le maintien de l'intermittence ça ne sont pas les cachets, le chômage partiel ne compte ni les pourboires ni les extras qui représentent des sommes importantes pour toutes ces professions. Misère. 

Du côté de celles et ceux qui travaillent, le premier flic de France a bien rappelé que la priorité c'est le télétravail. Un rapport de 2017 des Nations Unis disaient que 25% des travailleurs sur place éprouvaient du stress au travail contre... 41% pour les travailleurs à distance. Et pour cause... Personnellement, je me sens très libre à distance, mais 1/ Personne n'a de prise hiérarchique sur moi 2/ Je n'ai aucune pression financière 3/ j'ai été formé à ce que je dois faire donc je n'ai pas besoin d'interactions pour rendre mes travaux... C'est le cas de 1% des gens. Le complexe du petit.e chef.fe est évidemment exacerbé par ses situations, où la frontière vie pro vie perso n'existent plus avec des mails à heures délirantes, indues, week-end inclus et les subordonné.es se sentent obligé.es de répondre presta. Pour celles et ceux qui ont encore un travail, la vie se limite à ça. Misère bis, pas financière, mais misère quand même. 

A part les soignant.es, (et encore...) et on les comprend, personne n'a intérêt aux privations que l'on subit. Les vieux veulent pouvoir vivre leurs dernières années en profitant des derniers plaisirs qui leur reste ; emmener des petits enfants goûter dans un café, aller à un spectacle. Les jeunes veulent vivre leur jeunesse à plein poumons et quoi de ne plus normal et nous voulons une vie plus étendue que travail, famille, patrie, puisque la dernière astuce pour limiter le virus, c'est de fermer les frontières. A défaut de Pétain, on pète un câble.

 

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