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02/03/2021

La réalité est radicale, pas l'écologie

Les flèches les plus acérées de l'exécutif ne sont pas réservées au RN, puisqu'ils puisent au même carquois, mais bien aux Verts. Le créneau "haro sur l'écologie radicale, les Khmers Verts" risque d'être ouvert en grand jusqu'à l'élection. C'est assez fascinant, comme stratégie, même si elle n'est pas neuve : elle copie l'antienne des socialistes convertis à la politique de l'offre et au libéralisme qui parlaient de leurs camarades restés de gauche comme "des radicaux avec qui on ne peut pas discuter". "Vous vous rendez compte ? Ils veulent une échelle des salaires de 1 à 10 ! Irresponsable dans une économie ouverte !!! L'interdiction des licenciements quand l'entreprise rémunère ses actionnaires ? Un truc de bolchévique. Augmenter tous les bas salaires de 200 euros ? On n'est pas en URSS....". Des réponses empreintes du TINA cher à Margaret Thatcher, on ne peut rien faire contre l'explosion des inégalités, la fragilité des précaires et l'effritement des services publics. 

Non content d'être un tenant du TINA en matière sociale (la réforme du chômage prévoyant une chute des droits pour 40% d'entre eux après une crise Covid qui aura "crée" 1 million de nouveaux demandeurs d'emplois auraient fait rougir la Dame de Fer), Emmanuel Macron est un tenant du TINA en matière écologique. La bio raffinerie de Total, le Grand Paris Express, on passe. L'ambition de réduire les émissions de Co2 de la France à l'horizon 2025 inscrite dans une loi de 2016 ? On repousse à 2035... Le glyphosate ? Encore 3 ans monsieur le bourreau. Les néonicotinoïdes ? On les réintroduit ! Fuck les abeilles. Les seules avancées écologistes de ce quinquennat ne sont pas du fait de l'exécutif : l'abandon de Notre Dame des Landes, de la Montagne d'Or ou d'Europacity résultent tous de mobilisations citoyennes puissantes et de craintes de troubles à l'ordre public.

On a souvent dit que Macron c'était "Sarkozy en plus doué", et effectivement, comme son glorieux prédécesseur et néo prisonnier, Macron est un climatosceptique honteux qui se lance dans le greenwashing à outrance. La différence entre les deux, pas de bol, c'est l'époque. Nous sommes quinze ans plus tard et les effets du dérèglement climatique sont infiniment plus graves et impossibles à nier, d'où le fait que l'inaction se voit. Sarkozy avait réussi à enrôler Hulot le temps de son Grenelle et à ne pas trop le courroucer. Le même Hulot a démissionné avec fracas du gouvernement en disant à Macron "face à l'urgence, les petits pas ne suffisent plus". Hier, la Convention Citoyenne pour le climat a donc donné un piteux 3/10 à Macron pour ses propositions. Ces citoyen.nes tiré.es au sort ont rencontré beaucoup de scientifiques, pris la mesure de l'ampleur des dérèglements à l'oeuvre et, à cette aune, conclu par eux même que Macron menait une politique climato sceptique. Que face à une réalité environnementale radicalement dramatique, les politiques mises en oeuvres étaient bien insuffisantes.

Depuis un an, "la science" décide quand, ou, combien de temps nous pouvons ou ne pouvons pas sortir. Macron justifie l'alpha et l'omega de ses décisions de restrictions de libertés par le précieux sceau de la science. Les scientifiques s'intéressant à l'environnement lui hurlent que sa politique est suicidaire ; ils lui intiment aussi d'entendre que la crise que nous vivons actuellement est précisément une crise liée aux dérèglements du vivant et qu'en continuant la déforestation (tant qu'on importe autant de soja et de viande brésilienne, on est très coupables) on s'expose à d'autres pandémies. Ces scientifiques là, ils ne les entend pas, comme Ulysse ignore le champ des sirènes.

La légende dorée du Président Macron tissée par ses courtisans dit qu'il apprend la médecine là nuit, et qu'il découvre dans des études scientifiques poussées des facteurs de contamination qui avaient échappé à ses conseillers (les Echos narrent cette fable grotesque). Que le Président se repose un peu de la médecine, notre pays compte nombre de praticien.nes. Qu'il lise donc "les limites à la croissance" de Denis et Donella Meadows. Ça date de 1972 et a provoqué l'hilarité des banquiers, à l'époque. Les mêmes dans les années 80 ont concédé qu'il y avait du vrai, encouragé à le lire dans les années 90 ; dans les années 2000 l'évidence était là : les Meadows avaient tout compris. Dans les années 2010, ne pas changer comme ils l'indiquent étaient l'apanage des climato négationnistes triomphants. Nous sommes en 2021... 

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