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23/08/2014

Le gouvernement de la gauche incantatoire

galerie-magie-incantation-big.jpgOn a beaucoup critiqué le gouvernement précédent pour ne proposer "que de la com". Trop de poudre aux yeux, de réformes survendues, de fausses promesses. Le MEDEF l'accuse de ne pas avoir vraiment libéralisé l'économie française et la gauche l'accuse d'avoir euphémisé des réformes lepénistes. Bon. Les historiens politiques jugeront ces gouvernants là. Mais les commentateurs pourraient apporter un autre éclairage sur l'actuel, celui de la gauche incantatoire. Celui qui n'a plus que les formules creuses pour sauver sa morale, de gauche.

La démarche de Cécile Duflot manque d'élégance, assurément. Quand on assume de travailler dans un gouvernement pendant aussi longtemps, on ne crache pas dans la soupe par la suite. Ca n'est pas poli. Pas très cohérent non plus. Elle est assurément une sale gosse. Pour autant, on ne peut lui nier d'avoir commencé ses critiques alors qu'elle était encore en poste, contrairement à un Hamon qui avale couleuvre sur couleuvre avec le sourire... Par ailleurs, dans sa charge contre le gouvernement Valls, elle déclare quelque chose d'assez irréfutable : "quand on insulte les grévistes, qu'on stigmatise les Roms et les immigrés, quand on dénigre l'impôt, qu'on reprend les propos du MEDEF sur les entreprises, qu'est ce qu'on a encore de gauche ? Manuel Valls qu'est ce qui le sépare de Sarakozy sur le fond ? S'il était si sûr de ses valeurs, il n'aurait pas besoin de répéter toutes les 3 phrases, "je suis de gauche". Effectivement quand on a honte, on crie le contraire. Les homos honteux s'époumonent pour faire croire à leur hétérosexualité... Camarades socialistes, ce n'est pas une honte d'être de droite, mais sortez du placard !

D'un point de vue rhétorique, ce qui est embêtant, c'est que nos amis reprennent la martingale de Thatcher : there is no alternative. Vous êtes avec nous, ou contre nous. Notre programme, notre politique est la SEULE. De Sapin à Valls, de Cazeneuve à Hollande, le pire n'est pas leur politique (c'est dire) mais la véhémence avec laquelle il essaye de faire croire qu'il n'y en a pas d'autres possible. J'imagine bien que c'est pour réduire l'espace à droite pour 2017, mais d'un point de vue idéologique, c'est déplorable. Pour éviter la sinistrose de rentrée, m'en vais à Amiens aux journées d'été de Nouvelle Donne où je suis sûr d'entendre des tas d'alternatives.

 

13/08/2014

Le temps, vrai marqueur de dérégulation

Horloge_Saint-Nicolas.jpgLe travail moderne repousse sans cesse les frontières entre vie privée et vie professionnelle. Les digues érigées à la hâte pour lutter contre l'invasion des nouvelles technologies tombent les unes après les autres. Et pour cause : nous les faisons tomber. Car la dérégulation du travail par le numérique n'a pas que des effets néfastes avec call le week-end ou recherches nocturnes sur Internet. Les mêmes outils qui peuvent esclavagiser les travailleurs peuvent nous libérer nos journées. Quand on travaille bien et vite au petit matin, on peut prendre du temps pour soi en journée. J'en ai beaucoup fait l'expérience cette année. Pour lire et aller au ciné, mais surtout pour aider et accompagner des proches qui ont besoin de temps pendant les heures de bureau.

Il est notoire qu'une conception du temps de travail plus souple sera nécessaire dans le futur : l'allongement de l'espérance de vie de tous et notamment des personnes handicapées accroit considérablement le nombre d'aidants familiaux. Ceci pourrait concerner jusqu'à 9 millions de Français qui, à des degrés divers, doivent ou veulent pallier ce qui ne peut être pris en place par des structures ou des services de soins. Dans ce cadre là, la dérégulation fait du bien. On peut l'étendre à l'éducation de nos enfants. En réussissant à comprimer nos activités professionnelles, en rusant avec le sommeil, on peut faire le choix de sacrifier des soirées au boulot pour avoir plus de temps à passer avec ses enfants les mercredis ou après l'école.

Enfin, il est évident qu'à côté des travailleurs de bureaux, nous avons de plus en plus besoin de travail 24/24, 7 jours sur 7. Pas de consommation et autres galeries ouvertes le dimanche pour satisfaire le Moloch de la consommation. Non, juste de plus en plus de soins et de services, de SAV et autres auxquelles nos vies éclatées sont accrocs. Comme le démontrait fort justement Camille Peugny "plutôt que de moquer le Care, les gros revenus devraient se dire qu'il faut des baby sitters pour garder leurs enfants, des assistantes pour leurs parents, qu'ils sont contents de trouver des transports (collectifs ou privés) travaillant tard le soir et des restos ouvert à pas d'heure". En clair, pour qu'une société soit bienveillante pour tous, il faut qu'un certain nombre oeuvrent en décalé. Reste à voir s'ils le font par choix ou par contrainte, auquel cas il faut que cette peine soit rémunérée à sa juste valeur. C'est un autre débat...

Pour ceux qui ne sont pas en décalé, mais qui sentent l'invasion horaire venir, on pourrait trouver une formule comme "le décalage contraint". Vous ne travaillez pas le week-end en principe, mais survient un mail vendredi vous demandant une réponse pour lundi. Ou des questions le week end, sans urgence, mais auxquelles il faudrait donner une réponse avant lundi....

Souvent ça n'est rien. Mais il faut quand même y répondre. Je suis frappé par la dilution de l'esprit de responsabilité qui pousse un grand nombre de personnes à écrire des mails en mettant beaucoup de monde en copie, comme témoin et lancer une question anodine mais exigeant une réponse. Ainsi, ils croient montrer leur capacité de travail. En réalité, ils font chier tout le monde et montrent leur incapacité à décider et trancher comme ils devraient le faire. Cette année, j'ai souvent voulu couper avec des week-ends prolongés. Or, le soir du troisième jour du séjour, donc le seul vrai jour chipé au travail, je voyais une pile, non seulement de mails, mais aussi d'injonctions à répondre. Entre dix et vingt par jour. Regardés froidement, un ou deux d'entre eux seulement appelaient vraiment une réponse de MA part. Les autres voulaient des précisions, des confirmations... Cette augmentation folle vous pourrit la vie. Or, là, depuis 15 jours, la France entière a déconnecté. Quand je rentre de ma journée de vacances et me connecte, j'ouvre ma boîte sans crainte. Je sais qu'elle sera vide ou avec un mail traitable en dix secondes. Et cette quiétude là vous apaise mille fois plus que tout le reste.

Avant de partir en vacances, j'ai vu beaucoup de monde pour le boulot ; tous, dans la dernière ligne droite avant leurs vacances, m'ont confié leur "besoin" de couper. Alors que nous n'allons pas à la mine ou n'avons pas des horaires de fous. Juste, nous sommes en état de sollicitation permanente qui nous use. Depuis 15 jours tout le monde a levé le pied et tout le monde va mieux. Cela ne mériterait-il pas une plus large réflexion sur les moyens à mettre en place, formation, discussion, management, pour faire baisser l'état d'urgence permanente qui nous pourrit le reste de l'année ?

11/08/2014

Carte postale d'Istanbul

P1030265.JPGCe matin, je me suis réveillé dans une Turquie avec Erdogan comme Président. Hier, il était encore premier ministre, nuance. On peut se gausser de cette démocratie de pacotille, comme on le fait pour Poutine, mais les faits sont là, il est réélu et le sera sans doute encore, égalant la longévité de Mustafa Kemal avec 22 ans de règne. Son régime ne brille pas par la liberté politique, par la place accordée aux opinions divergentes dans les médias ou encore par la place de la femme ou des minorités sexuelles...

Personnellement, cela n'a eu un impact que modéré sur mon séjour dans la capitale : des marchands de bières qui me les vendaient quand même mais en me disant ne me pas connaître et que je n'étais pas venu (l'interdiction est pour après 22H dans le quartier de Beyoglu, on a la même à Châtelet) et mon ordinateur qui ne pouvait accéder à des sites de streaming pour regarder Tsonga/Federer en finale. Des désagréments mineurs, donc. En compensation, on a loué un appartement au cœur du quartier très vivant de Beyoglu avec une vue de rêve (photo) donc que demande le peuple ?

Après un peu moins d'une semaine ici, je suis songeur. Je ne dis pas que la priorité est de faire rentrer la Turquie dans l'Union Européenne, je ne dis pas que c'est un modèle politique, mais je me demande pourquoi tant de haine non productive de nos dirigeants ? On peut en penser ce que l'on veut, mais cela reste la puissance arabe la plus ouverte sur les valeurs et le mode de vie occidentaux. OK, Erdogan est allé célébrer sa victoire à la rigoriste mosquée d'Eyup (nous y étions le matin même et j'ai senti que mon short passait moyen) et OK on croise des femmes voilées en nombre, mais sont-elles toutes turcs ? J'ai aussi vu beaucoup surtout des touristes du golfe. On les voit dans les musées et au restaurant, on sent bien qu'elles ne parlent pas turc. A côté de cela, on a croisé des milliers de femmes libérées, dans leurs tenue, leur démarche, leur rire (oui oui) et qui dansaient dans la rue une bière à la main. Je veux pas être taquin, mais ça n'arrive pas en Syrie. Alors oui, bien sûr, le régime est corrompu et les élections truquées, mais au lieu de hurler avec les loups, il faut les aider. 52/39 hier, les choses se précisent, une opposition est envisageable. Et souhaitée par ceux qui vont vraiment voter.

Depuis que nous sommes arrivés, à part un ou deux taxis mauvais joueurs quand ils voulaient nous escroquer, nous n'avons croisé que des personnes d'une gentillesse incroyable. Des restaurateurs qui vous offrent le dessert, des passants qui vous accompagnent dans la rue quand vous êtes perdus, des commerçants sympas. Plus encore que les ruelles défoncées, les merveilles architecturales qui surgissent quand on ne s'y attend pas et les bouquets de senteurs plus agréables les unes que les autres, je retiendrais cette gentillesse stambouliote généralisée. Comme nous disait le barman chez qui nous allons prendre notre petit déjeuner tous les matins : "Election day, it's important. Erdogan will surely win. I don't want, but this is Turkey you know. It's complicated". Ouais, complicated and lovely, et maintenant cap sur le sud du pays.