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06/02/2016

"Opération Banlieues" : Macron 1 / PS 0

12688319_10205604464290191_158440964018139878_n.jpgC'est tout de même assez fou ce qui s'est passé hier soir, à Bercy. A titre personnel, ce qui est assez fou est que je ne pu être sur scène pour introduire mes copains Saïd Hammouche et Benjamin Blavier aux côtés d'Emmanuel Macron, mais bon, disons que grippe 1 / Castor 0 et ça n'est pas un match très intéressant... 

Plus intéressant, en revanche, l'accueil par le ministère sur toute une demie journée de 1000 jeunes issus de deux associations fabuleuses, Mozaïk RH et Passeport Avenir. Bercy leur a mis à disposition des locaux pour faire des ateliers, rencontrer des dirigeants. Le ministre a décroché son téléphone et les boîtes sont venues en masse... Le soir, réunion courte dans l'amphithéâtre, photos avec le ministre (et El Khomri qui passait par là...), 2/3 pitchs sur le sujet des discriminations et un lancement de trophées de boîtes qui s'engagent sur le sujet. Récup et image ? Sans doute, et alors ? Les faits et surtout les boîtes étaient là... Demandez aux 2 fondateurs hier, ils vous expliqueront que leur problème dans les semaines à venir va être de caser tous les nouveaux rendez-vous dans l'agenda. 

Résumons : une opération pleine de succès, 0 euro engagé pour les assos (beaucoup, beaucoup d'huile de coude, mais le ministère a tout accueilli) et pour Bercy des dépenses réduites aux acquêts (ils ont invité chez eux), voilà le genre de partenariat public privé qu'on aimerait voir plus souvent. Et c'est hallucinant que ce soit Macron qui l'ai fait pour deux raisons. La plus subjective : il est le moins à gauche des ministres ayant eu le dossier en main. La plus objective : Saïd et Benjamin ont dû rencontrer plus de 50 ministres et conseillers depuis 2012... Saïd, surtout. Evidemment, "le bon arabe du PS". Regardez les photos, avec Hollande, Ayrault, Hamon, Lamy... Ad nauseam. Tous lui ont promis monts et merveilles, des "délégations de service public" des ouvertures en grande pompes et autres promesses mirobolantes. Pour quel résultat ? Rien. Un ami, proche conseiller de JM Ayrault me confiait, exaspéré, que Saïd était un des types les plus brillants qu'il n'ait jamais vu, qu'il avait rédigé des notes, passé des coups de fil pour accélérer les choses. En vain. Rage. Poubelle. Saïd et Benjamin n'ont pas la carte. Pas PS, pas maçon, pas énarque, dégagez pour le soutien....

Et Macron en à peine 2 mois emballe l'affaire. Déjà en quinze jours avait-il fait venir quelques PDG pour le lancement de la fondation Mozaïk RH. La critique ne doit pas rendre aveugle : depuis des mois, Macron dans une logique purement libérale, purement anglo-saxonne, mais parfaitement sincère, maintient qu'il est "plus simple de trouver un emploi quand on s'appelle Emmanuel que Fatima ou Rachid" il ne lâche pas avec ça. Le maintien comme un pitbull, explique que la solution démiurgique aux maux de la France est la lutte contre les discriminations et le rétablissement de l'emploi et de l'espérance qui va avec, dans les quartiers. Difficile de parler d'opportunisme...J'y verrai plutôt une habileté remarquable et une constance toute ricaine, son discours est 100% celui de Clinton 1ère campagne, quand il gagne le vote des Latinos, lui le white folk. 

Au-delà de cela, cette opération marque pour moi un signal d'alerte rouge pour le PS : machine obèse à élus locaux, le parti gère des prébendes et traite les associations avec des réflexes paternalistes complètement dépassés. Raison pour laquelle le PS a accompagné la lame de fond de la globalisation, de la "gouvernance associative" prônée depuis une grosse quinzaine d'années, prêchant pour des rassemblements. Le PS sait faire avec les mastodontes (Groupe SOS, Croix Rouge, Secours Catholique, FNARS...) mais ne sait pas détecter et encourager l'innovation sociale. Macron, en libéral avisé a détecté un potentiel et des talents et a su s'adapter. Le PS sait distribuer des chèques, ce que demandent les mastodontes (disons des "crédits" ou "subventions" ça sera plus correct) et comme ça tout le monde a la paix sociale. Mozaïk et Passeport ne demandaient pas cela (je ne dis pas qu'ils cracheraient sur un doublement de leurs moyens, hein...) d'où le bug du PS incapable de s'adapter. Macron, lui, a compris ce qu'ils voulaient : l'onction des pouvoirs publics, la vraie. On accueille à Bercy, on met le paquet, la grande salle, le ministre vient et les PDG des boîtes privées raboulent. Voilà ce que veulent les assos, des accélérateurs de solutions, de l'appui, du soutien, de la mise en relation. Ca me fait mal de le reconnaître, mais vu que c'est pour la bonne cause, je le fais joyeusement : merci Macron. 

 

 

 

03/02/2016

Le business sans fin de la mauvaise conscience

quote-il-est-plus-facile-de-s-arranger-avec-sa-mauvaise-conscience-qu-avec-sa-mauvaise-reputation-friedrich-nietzsche-160042.jpgCe matin, une vilaine crève m'a levé aux aurores. Genre avant ce que chantait Dutronc... Paris n'était pas éveillé, donc, mais la radio, si. Au milieu des faits divers, nouvelles politiques déprimantes et autres scandales économiques, une interview supposée amenée un peu d'optimisme. On y entend une jeune entrepreneure de moins de 30 ans qui a monté, mazette, un cabinet de conseil et un think tank. C'est fou, ça, non ; si jeune... La valeur de l'escroquerie n'attend pas le nombre des années.

On a donc entendu cette "jeune femme de moins de 30 ans" (qui en avait 28 il y a 3 ans, la première fois que je l'ai côtoyé dans un salon où elle débitait, déjà, les mêmes fadaises, reconnaissons lui a minima, la constance, à défaut d'honnêteté) expliquer que "les entreprises sont des coquilles vides" alors que le bond dans l'entreprenariat des jeunes est "une quête de sens". On peut relire ces déclarations autant que l'on veut, elles restent nimbées d'une intelligence plus que discrète, à peine renforcée en goût par cet exhausteur de déclarations qu'est le populisme chic... Car ce qu'elle nous dit en substance c'est que les entreprises sont "des repères de vieux", 'l'ancien monde" où l'on s'ennuie ferme et où les modes de travail ne correspondent pas absolument pas à la nouvelle génération donc il faut changer. Chan-ger, vous entendez les vieux ? Peu importe que nombre de jeunes pousses et autres starts-ups n'est pas une once de sens autre que celui de maximiser le profit à court terme - il n'y a pas, par essence, plus de social dans la nouvelle économie que dans l'ancienne. Il y a des jeunes pousses irréprochables et vertueuses à foison comme Hello Asso et des horreurs comme Critéo, cette machine à liposucer de la publicité. Peu importe aussi que nombre d'entreprises se soient converties à des autres manières de travailler : encouragent le télétravail, la transversalité, permettent aux salariés d'avoir énormément d'autonomie. Les entreprises, c'est mal. Les starts-ups où règne le tracking ne sont pas réellement des modèles de management, mais elle s'en fout.

Surtout, quand on l'écoute, on a l'impression d'entendre une Passionaria de la jeunesse, une révolutionnaire pure et acharnée. Comment finance-t-elle ses deux coquilles vides que sont son think tank (j'ai un très sérieux doute sur le premier terme...) et son cabinet de conseil ? Ha mais oui, avec de généreuses contributions des grosses boîtes. Celles-là mêmes qui méritent de crever... Et encore, la jeune "entrepreneure" ne choisit-elle pas des industries en dur, avec des expertises industrielles, des réalisations et autres produits tangibles. Non, elle préfère aller taper les boîtes qui ont mauvaise conscience de leurs pratiques, sans risquer jamais une seconde de changer. On retrouve donc un bon gros cabinet comme Mazars ou BNP qui financent des études qu'ils n'ont pas lu et pas observé la méthodologie (en même temps, vu leurs pratiques commerciales, ça n'a rien d'effarant)... Cette tendance est lourde pour des boîtes doublées dans la course au talent par les cousins du numérique. Aux US, Goldman Sachs et autres font la tournée des facs pour débaucher et récupérer les meilleurs talents et les empêcher d'aller chez Facebook ou Google en promettant aux juniors qu'ils n'auront plus à travailler le week-end.

Demain, elle finira bien par avoir bien plus de 30 ans (elle est, à sa demande, rentrée dans le who's who l'an passé, un truc de quinquas à minima qui se cooptent) et trouvera un autre filon : dire aux jeunes de devenir responsables ? Ca serait une palinodie remarquable, mais elle est en capable. Si le pétrole finira bien par s'épuiser, la mauvaise conscience est un filon sans fin et elle l'a bien compris...