03/12/2009
Harpagon 1 / Aragon 0
De retour de Marseille, je suis effaré en parcourant les journaux que j'avais un peu délaissé (on survit, en fait) de certains comportements. Comment voulez-vous moralisez le capitalisme après ?
L'or flambe et contrairement aux bananes, ça n'est pas bon. Voir nos concitoyens se ruer sur les Cités d'Or (outre que c'est une ineptie financière), consacre l'éternel recommencement depuis le veau du même métal. C'était bien la peine de décapiter le gros Capet, d'écrire des déclarations, des chartes, de se séparer des soutanes, des kippas et autres nikabs, tout ça pour se ruer vers l'Or comme des vulgaires rednecks. Ainsi, ce week-end, j'ai dîné avec quelqu'un qui me montrait son Blackberry grâce auquel il peut suivre en direct le cours du lingot. Bon...
Ensuite, heureusement, j'ai passé trois jours avec des directeurs d'ESAT, des établissements pour travailleurs handicapés. Je dis directeur car ce sont aux 3/4 des hommes. Ils sont diplômés en diable, bossent comme des ânes, le stress au travail ils me diraient qu'il y a des LOL qui se perdent, mais ils ne parlent pas comme ça. Des responsabilités par dessus la tête et le besoin de lutter au quotidien avec des bureaucrates bornés qui ne voient pas la différence entre un schizophrène et un aveugle... Ils sont payés selon des barèmes de conventions collectives, gagnent correctement leur vie, sans excès (en fin de carrière ils gagnent moins qu'un jeune remplisseur de tableur Excel et powerpoint), n'ont pas de bonus mais font des heures sup'. On a planché sur économie sociale, solidaire, rapport à l'argent et l'espace de 2/3 jours, je commençais à voir poindre l'altercapitalisme.
Ce matin, je suis retombé sur terre, Baudoin Prot, le directeur général de la BNP exposait avec un cynisme inébranlable pourquoi il licenciait 750 personnes quand 300 pékins allaient se partager plus d'un milliard de bonus "pour rester compétitifs", CQFD. D'ailleurs, il paraît que les américains veulent s'implanter chez nous pour ça: la qualité de vie, le système social et maintenant la solidité de nos banques.... Finalement, je me dis qu'il est dans son rôle et qu'avec son compère Pébereau qui dort à Bercy, qu'attendre d'autre?
Mais j'ai lu ensuite une nouvelle VRAIMENT accablante. La fille de Liliane Bettencourt a saisi le juge des tutelles pour foutre sa mère sous bonne garde. Sa mère, grande mécène de la culture a déjà cédé le jus de fruit de l'Oréal a sa fille qui règne donc sans jamais avoir eu à bouger ses fesses sur plusieurs dizaines de milliards de dollars. Mais la fille n'a pas digéré que sa mère donne un milliard sur 25 ans à François Marie Bannier qui l'a sans doute claqué en régalant plein de monde... Evidemment 1 milliard mon bon monsieur ça fait des sous, mais des sous virtuels, moins que ce qu'elle gagne en intérêt chaque année... Ca ne fait rien, virtuellement on veut une plus grosse cassette, on aura pas le temps en 1000 vies d'en dépenser la moitié, mais ça ne fait rien, c'est à moi et pour ça je suis prêt à assigner ma mère à résidence avec un bracelet électronique et lui interdire l'accès à ses comptes. Ca m'a franchement miné, j'en viendrais presque à vouloir ressortir des tables ce fameux "tu respectera ton père et ta mère", surtout à l'heure où ils n'auront plus le droit de nous foutre des fessées...
Demain, je vous dirais si Timsit a réussi à inverser la tendance...
10:10 | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
C'est vraiment piteux d'en arriver là… Au fait, un milliard sur 25 ans, ça fait combien de fraises tagada ou de carambars par jour (pour revenir à des unités de valeur que je comprends)?
Écrit par : Yola | 05/12/2009
25 ans ça fait 8000 jours, donc tu dois pouvoir avaler 10 000 fraises tagadas par jour au moins, pendant 25 ans... A ce régime, au bout d'un an seulement, tu as un physique qui risque d'intéresser des producteurs de real-tv et surtout l'international des chirurgiens dentistes...
Écrit par : castor Junior | 06/12/2009
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