Moches et cons à la fois...

Promenade délicieuse dans Paris hier. Agréable parfois de vivre dans une carte postale quand le soleil glacé se couche sur la Seine, que le hall de l'ancienne gare d'Orsay s'allume sous la Tour Eiffel d'un côté et que de l'autre, même Notre-Dame à l'air d'un beau monument.

Remontée par la Madeleine elle aussi savoureuse car toutes ses boutiques de luxe sont fermées. Au loin, des voix nous parviennent sans que nous soyons Jeanne d'Arc. Pourtant, ce sont bien des voix de pucelles et puceaux qui se font entendre. "Le mouvement pour la vie" s'empare de la place de l'Opéra sous l'oeil morne et tranquille de la maréchaussée qui sait qu'elle n'aura pas à forcer son talent pour encadrer les manifestants tout de Barbour vêtus. Ils ont des autocollants "marche pour la vie". Leur combat est singulier de nos jours en France (putain vive la France !) : l'interdiction de l'avortement. Bon. Nous redescendons l'avenue de l'Opéra où tous les cars du mouvement sont stationnés (l'Ain marche pour la vie, le Jura marche pour la vie...). Les quelques centaines d'égosillés aux visages consanguins, fin de race à chevalière se sont donc levés de bonne heure pour venir éructer leur haine des aiguilles à tricoter. Ca me dépasse. Que l'on soit contre l'avortement, déjà, la pilule (ha ha) est dure à avaler, mais que ce soit au point de prendre sa journée pour aller le crier sur les toits... J'imagine les messes du dimanche matin, dans les bus, pour ne pas rompre les habitudes.

Au loin, une voix s'affole, s'emballe. C'est le leader du mouvement "étudiants pour la vie", formé à l'été 2008... Le relais passé à la nouvelle génération. Il est maladroit, bafouille, s'emmêle mais il ne lâche pas le porte-voix et conjure les jeunes d'écouter son message d'abstinence pré-maritale et de joie parturiente (on voit bien que c'est un mec...) aussi souvent que sa sainteté l'aura décidé. Dans cette maladresse vocale, cette ardente impatience, on reconnaît sans mal l'abstinent contraint... Du coup, ma colère contre le mouvement retombe et se mue en compassion: pauvre môme... pas pouvoir tirer un coup par militantisme, ça donne envie de crier sa rage. J'espère sincèrement qu'il va vite se marier, c'est pas humain...

Demain, nous prierons pour le salut de nos âmes. Ca doit pas manger de pain.