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05/05/2010

Le philosophe de service commandé

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Hier, avec le Monde, supplément difficile à qualifier, mélange de pub grand luxe façon Nouvel Obs et notules sur la Culture avec une majuscule car dans le Monde la culture est toujours majuscule. En fait, à part une interview de Russel Banks qui flingue Elmore Leonard, peu de choses à lire. J'allais le bazarder à la poubelle avant de tomber sur un savoureux morceau de bravoure de la part de Raphäel Enthoven.

Le texte s'intitule sobrement "philosophe de service". Le brun ténébreux avec tous ces Labels Rouge de sérieux intellectuel (France Culture et Arte) vibrionne avec aisance sur le thème de la nouvelle figure du philosophe qui nie l'essence du philosophe. On lui demande d'avoir réponse à tout, tout de suite, sans vulgarité ni hermétisme quand la figure du philosophe veut justement que ce dernier ne soit pas contraint par le temps de répondre puisqu'il se pose, seul, les questions.

Enthoven souffle habilement sur les deux revers de la médaille, tactique vieille comme mes robes (soyez pas sectaires, on est plus à l'aise qu'en jean) pour faire croire que l'on est pas ce que l'on est : s'il a du succès, il est "médiatique", s'il n'en a pas, il est has been. Et ainsi de suite, insidieusement, en ringardisant les deux clichés, il légitime ce qu'il est lui même: un philosophe médiatique omniprésent, ancien mari de la fille de BHL et père de l'enfant de Carla Bruni... La conclusion est plus tordante encore: Enthoven raconte comment, avec quelques camardes ils avaient posé autour d'une colonne grecque, grimé en jeunes beaux antiques pour les besoins d'un dossier sur les nouveaux philosophes... Et cette chute mémorable "la prochaine fois, on nous mettra une toge"...

Notons l'usage du "on", qui est un con, c'est bien connu, mais là, désigne "le système médiatique tout puissant contre lequel je ne peux rien, humble philosophe que je suis... Je ne sais pas si c'est sternant, mais consternant, assurément; et la toge bien sûr ON t'obligerait à l'enfiler ? Comme on t'oblige à venir sur les plateaux expliquer l'amour, le SIDA, la folie des hommes, la supériorité des femmes et autres... Quand je lis ça, j'en viens presque à aimer Alexandre Adler, un fou qui a le mérite de reconnaître qu'il aime l'argent et les caméras, plutôt que de tartuffer sur la beauté du geste...

Demain 6 mai, 3 ans d'arrivée au pouvoir de nabot Léon, anniversaire de la naissance de Freud dans une ambiance bizarre, heureusement que mon grand frère a eu la bonne idée de naître le même jour, je saurais comment m'occuper...

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