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24/05/2010

Molledarité

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Comment peut on encore affirmer que les liens qui nous unissent les uns aux autres sont "solides" ? A l'occasion de la Pentecôte, on entend pour qui sait écouter entre les lignes toute la tartufferie du discours sur la solidarité...

Ce matin dans Le Parisien (insomnie + jour férié, faut bien s'occuper) l'ancien ministre Philippe Bas explique sans rire que pour financer le handicap et la dépendance en France, il faudra en passer par une seconde journée de solidarité. Comme pour les retraites, tu touches au dogme et tu déplaces le curseur où bon te semble. Instituée après la canicule de 2003, si on en rajoute une tous les 7 ans, c'est bien, dans 50 piges ça en fera 7, et cette fois plus question de toucher aux jours fériés, les lobbys religieux de tous poils crieront, on taillera simplement dans les jours ouvrés... Pour faire passer ce genre de pilule, on prend une des meilleures vaselines qui soit: la solidarité. Ce mot fourre-tout importé en France par Léon Bourgeois, député progressiste à cheval sur les XIXème et XXème siècle sert les politiques de tout bord quand ils sont en délicatesse avec leur éthique... Objectivement, qui voudrait prendre le risque de ne pas être solidaire, un sacrilège passible de court martiale, c'est comme ne pas être humain, ouvert ou généreux.

Côté calculette, pourtant, cette solidarité à géométrie variable à de quoi nous faire gondoler: 2,2 milliards. Voilà ce que rapporte à la France une journée de solidarité, ratio recettes fiscales vs tourisme, je suppose. 2,2 milliards, rapporté au budget de la FAO c'est beaucoup, mais mis en perspective avec les caprices arithmétique de nos dirigeants, pas tant que ça: outre le fameux paquet fiscal qui coûte 7 fois plus pour des retours pas toujours évidents, l'abaissement de la TVA dans la restauration, priorité de tout premier plan a coûté 2,5 milliards et rapporté à peu près bernique...Rien que là, on tenait par exemple notre journée de solidarité financée, mais non, mieux vaut demander aux salariés.

On pourrait également se dire que tous ces vieux, ils ont contribué à la vie économique du pays et que l'on pourrait peut être, à l'heure où le débat sur l'exil fiscal fait dire plus de conneries encore que d'habitude à Dominique Paillé, le porte-parole de l'UMP, demander à nos amis de chez Total de ne pas passer seulement par hasard par la case impôt: eux qui doivent s'acquitter de 33% d'impôts sur les bénéfices, ont trouvé suffisamment de moyen de gruger le fisc pour n'en payer que 11%. Leurs bénéfices sont tellement mirifiques que le seul écart et donc, l'application de la loi, suffirait à payer la dite journée de solidarité. Et il reste 39 membres au CAC 40...

Troisième piste, plus logique encore, pour financer ce manque de trésorerie: prôner le recours à l'économie réparatrice. Depuis quinze ans, mis à part le CAC 40 et les grandes familles, la France a vu deux nouvelles familles de milliardaires arriver: les pionniers de l'Internet et les magnats de l'or blanc. Si les premiers sont régulièrement mis à contribution, car jeunes, malins et autres, les seconds, ont leur fout la paix. Les patrons de start-up créent leur fondation, s'acquittent, installent du wi-fi gratuit dans les quartiers, créent une BAC populaire en banlieue, BAC étant l'acronyme de business angel des cités. Pour les autres, en revanche, que pouic. Pourtant, messieurs d'ORPEA, de DOMUS VI et autres Korian, les grands groupes spécialistes des maisons de retraite, sont riches à millions, voir dizaines de millions d'euros en fortune personnelle. Et ils préfèrent souvent le climat, fiscal, de Bruxelles... Leur groupe, à la marge ahurissante alors qu'ils imposent un reste à charge conséquent aux anciens, ne choque pas les pouvoirs publics qui continuent de leur acorder tranquillement des ouvertures d'établissements, creusant le déficit de la sécu allègrement, on s'en fout, c'est pas les mêmes poches... Ces nouveaux ploutocrates qui se fichent comme d'une guigne de toute éthique, devrait avoir une sur-cote fiscale importante pour compenser les torts qu'ils causent et financer ainsi cette dépendance sur laquelle ils se repaissent avec l'impunité de l'oiseau pique-boeuf tranquillement avachie sur le dos de l'hippopotame...

Demain, nous envisagerons d'autres pans sinistrés de la société française qui pourrait être sauvés par l'équivalent de la troisième piste: les fameux pionniers des paris en ligne financeront les associations d'aide aux surendettés, l'armée du Salut, le Samu Social et autres offices puisqu'ils contribueront dès la coupe du Monde, à piquer le peu qui reste à nos pauvres hères lumpenisés par la surconsommation de foot...

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