Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19/04/2011

L'infarctus du Mytho...

ALIRE-Mythocratie-85620.pngDe retour à Paris et dans l'attente impatiente de la sortie du prochain film de Jodie Foster, "le complexe du Castor" (dont j'ai pu voir la bande-annonce, Beauvoir peut dormir tranquille) disons un mot d'un livre qui m'a été conseillé par une lectrice émérite, critique aiguisée des ouvrages de critique, notamment (mais bien plus).

Lire Mythocratie ne met pas nécessairement de bonne humeur. On peut le lire à la suite du Monstre Doux de Rafaele Simone (Gallimard 2010) car le linguiste Yves Citton partage le constat de son homologue italien sur la perte de vitesse du message de gauche dans le monde; mais contrairement à lui, il ne met pas ce déclin sur le dos d'une perte de libido, plutôt sur le compte d'un rapt mythologique, ou plutôt d'une incapacité à se raconter en histoire. Ce qui est plus simple à refonder. 

Pourquoi faut-il lire Mythocratie ? Tout bonnement parce que tout le monde, toute la doxa nous serinait qu'il fallait lire Storytelling de Christian Salmon et qu'il en va de la différence entre les deux livres comme entre la Pro A de Basket et la NBA... Les choses sérieuses commencent avec Citton. Celui de Salmon est très sympa, se lit tout seul et nous montre agréablement comment on nous raconte des histoires politiques, d'entreprises, des mythes d'hommes providentiels... Bon, on le ferme sans savoir si on a appris beaucoup de choses, en tout cas rien compris de plus que la liste d'exemples cités et parfois bien épluchés (comme celui d'Apple).

Là ou Citton boxe dans la catégorie supérieure c'est en oubliant les manichéismes et en montrant comment le pouvoir de l'imaginaire, le fameux soft power repose à la fois sur de la manipulation des masses à la le Bon/ Tchakotine, mais aussi et surtout à de la servitude volontaire à la sauce La Boétie. Nous assumons et devenons acteur de ces mythes qui nous rassurent ou nous inquiètent, c'est selon. Dès lors, on comprend mieux le triomphe des mythes du millionnaire de l'Ile de Ré, des assistés et autres images de droite qui ont gagné le combat médiatique. 

Mais Citton ne baisse pas les bras face à cela, il prend son Spinoza sous le bras et repart la fleur au fusil à l'assaut de la forteresse des mythes pour y insuffler de la gauchine... Il propose des pistes, hésitantes, forcément hésitantes tant on part de loin. Des exemples de scénarisation par le bas, disséminées, pollenisées et redispatchées, reprenant ainsi les théorisation du modèle économique de google décortiquée avec brio par Yann Moulier Boutang et le très regretté Antoine Rebiscoul. Il le transpose à Wikipédia, sorte de pied de nez aux croyances établies dans le tout marchand. Wikipedia, une force citoyenne, croissante et incassable, même si les imperfections demeurent évidentes, elle ne s'arrête jamais de grandir; une allégorie de la gauche ? J'ai envie de croire à cette histoire là... 

Demain, définitivement, on reviendra sur ces 15 "candidats de la diversité" qui ont échoué à l'ENA...

Les commentaires sont fermés.